mardi 26 mai 2015

"Free jew is cheap at twice the price" : Steven Cohen à Strasbourg, une "étoile" est née !


Sur les traces du souvenir, de la mémoire de Strasbourg, c'est à la station "Ancienne synagogue, les Halles" que Steven Cohen a élu son territoire d'investigation, son domicile , sa maison, ce samedi 23 Mai 2015....
Jour de chabbat, ce n'est pas un hasard, lieu de mémoire comme dans beaucoup de villes où est commémoré ainsi un passé peu "glorieux" mais à la mémoire vive d'événements au delà de l'entendement, au delà des capacités d'imagination de l'être humain.
Le voici qui apparaît à l'autre bout de l'"Allée des Justes parmi les Nations", perché sur des chaussures à talons, hauts talons rehaussés sur deux crânes humains, oscillant comme à l'aveugle sur le chemin tout tracé au sol, d'une allée des lamentations.Une étoile à cinq branches comme "casque" de guerre pacifique, non violente.Le chef étoilé par David, son roi, son étoile.
Il marche, intranquille, en déséquilibre permanent, quasi nu, le corps à peine masqué et dissimulé par un enchevêtrement de squelette, d'os comme un "tutu", comme la ceinture de bananes de Joséphine Baker: tout un symbole de camarde, de souffrances et de vanité. Un ossuaire vivant, en marche, fébrile, fragile comme cette matière osseuse, ici de papier sépia. Un "costume" hautement chargé de souvenirs, d'images insupportables, insoutenables.
Il se transporte ainsi, ce Saint Christophe de la Shoah, si sensible, si beau et juste que le temps s'arrête, se suspend, s'immobilise
Steven Cohen continue sa lente montée, entrecoupée de petits cris, de murmures susurrés comme jaillis du dernier souffle.
Il chemine, le visage maquillé avec extrême sophistication, un papillon sur l'arcade nasale, des couleurs, des lèvres en cœur, grimé, dissimulé par des traits de véritable portrait, tableau éphémère sur la peau.
Il vacille, s'écroule puis s'allonge sur la stèle commémorative, se pose ou se repose, épuisé
Encore la force d'allumer deux flambeaux d'artifice qui le magnifieront, éclairant chaleureusement, ce corps blanc gainé d'une guêpière, d'un corset ajusté.Puis il le quitte, s'en libère, se détache de ses derniers atours repérables, pose son étoile et nu, se lève, tend sa nuque, se prosterne, prie peut-être
Il se dépouille, ôte sa chrysalide, l'abandonne aux vautours.
Il essuie les cendres sur son "tombeau", hommage sans mot à l'humain.Phoenix, guéri,
Pas de pathos dans cette émouvante performance jamais provocante, toujours juste à fleur de peau, nue et crus comme ses gestes sobres Pas de sacrifié ni d'immolé mais une résurrection païenne de l'être soi!
Il disparaît, humble et recueilli dans cet hommage intime et fort à la mémoire de la communauté juive, celle de Strasbourg sur les vestiges de sa synagogue détruite par les nazis.
Les spectateurs on aussi le "loisir" de lire et découvrir ce lieu que l'on traverse d'habitude sans le souci de son sens et des inscriptions qui nous rappelle l'horreur et l'existence des massacres et autre faits ignobles de la "civilisation"
Steven Cohen , sous une "bonne étoile" star discrète œuvrant contre toute forme de discrimination, d'homophobie, d'exclusion, de génocide,
On reste sans mot, muet ou au contraire avide d'échanges avec son voisin: sur le drame ou sur la vie de tous les jours.
Difficile après une telle "apparition" d'éviter le sujet!


A l'initiative de Pôle Sud, de la HEAR et du FRAC Alsace, cette performance est inscrite dans le cadre d'une résidence de l'artiste à Strasbourg
A suivre, une exposition de ses objets à la Chaufferie dès le 29 Mai, suivie de performances, les 29 et 31Mai, Les 27 et 28 Juin à la HEAR

vendredi 22 mai 2015

"Hector,l'homme extraordinairement fort" de Magali Le Huche: costaud !


On savait que le cirque peut être un lieu magique mais celui-là dépasse la légende : tout y est extraordinaire ! Et surtout Hector, l’homme "extraordinairement fort." Cet hercule a des dons encore plus étonnants, qu’il ne veut révéler. Vous allez comprendre : Une fois rentré chez lui, dans le secret de son antre,
Amoureux d'une danseuse, artiste gracile et joyeuse!

 Hector devient le roi de la maille. Eh oui, il tricote ! Les jaloux se disent que le secret divulgué ridiculisera définitivement leur rival. Effectivement, Hector est très atteint et se croit perdu aux yeux de sa belle, Léopoldine. Que pensez-vous qu’il arrivât ?

Teintes roses et pourpres pour une histoire qui porte un coup aux stéréotypes machistes. Magali Le Huche nous campe un Hector viril, gracieux et touchant, avec les détails dans l’illustration qui font sa touche.


jeudi 21 mai 2015

"Joséphine": osez la BD !

"Joséphine
Joséphine Baker, la danse, la Résistance et les enfants" de Patricia Hruby Powell et Christian Robinson
édition "rue du monde"

C'est au cœur de la double vie d'artiste et d'humaniste de Joséphine Baker que nous plonge cet album tonique et bien documenté. Entre les pas de danse se dessine le portrait d'une femme engagée, contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, puis dans la Résistance. en France. Car l'Amérique n'était pas prête à accueillir le volcan Joséphine, tout à la fois femme, noire et artiste sans entrave. La France, terre de liberté, devint son pays. C'est là qu'elle constituera sa « tribu arc-en-ciel », douze enfants du monde entier qu'elle adoptera. Depuis les taudis du Missouri en 1906 jusqu'à l'hommage de la France en 1975 qui célèbre comme une reine l'artiste qui vient de mourir, cet album raconte une histoire puissante, faite de luttes et de triomphes, d'art et d'authentiques choix humanistes.