Avec les deux pièces des artistes d'origine africaine "Unwanted" et le triptyque "Tichelbé", "sans repères" et "figninto, l'oeil troué", le festival donne corps à la position politique des artistes chorégraphes engagés sur le plateau à dénoncer le pire dans la plus audacieuse démarche: danser le pire pire pour faire jaillir le meilleur.
"Unwanted" de Dorothée Munyaneza
Le corps en miettes
C'est un manifeste de toute beauté que cette terrible évocation des viols et atteintes à la personne au Rwanda que nous soumet la chorégraphe, imprégnée, façonnée elle aussi par cette histoire; récits de femmes pour base de travail, tout ici rencontre l'humain, l'horreur, l'inimaginable Les blessures évoquées y sont déchirures et marquage à vie dans les âmes dans les corps meurtris des victimes de la barbarie.Et que deviennent ces enfants de la honte, ces mères porteuses de créatures engendrées par des tueurs....?Une femme raconte, danse dans un décor sobre, une immense image tendue à détruire pour la faire disparaître: celle d'une femme comme une icône sacrée à vénérer pour mémoire. "Faire entendre les silences et voir les cicatrices de l'Histoire" son credo est ici au cœur du sujet qui touche dans une scénographie et dramaturgie tendue, une atmosphère d'attente, de suspens tant l'horreur est proche, menaçante, hélas réalité. On sort bouleversé, sans mot ni commentaire déplacé....
Spectacle triptyque" Danse Afrique Subsaharienne"
"Tichèlbè" de Kettly Noel
Soulèvement.
Dans un décor de tôles ondulées cuivrée, elle apparaît, femme, solide, robuste, belle. Esquisse une danse lovée, fluide, extrêmement virtuose. Enfile des soutient-gorges par gageure, symbole d'un certain asservissement et ornement du corps de la femme, se fait femme objet, tentant.Femme qui rapidement se confronte à la présence d'un homme, celui avec qui commence un combat vigoureux
Elle résiste à ses avances, ne cède pas, ne plie pas: il persiste, insiste frappe les taules, rageur, atteint dans son machisme. Dans des portés très lyriques et fougueux, elle gagne, harcèle, le mène par le bout du corps.Il la crucifie la malmène, la femme jamais soumise, libre au final, ôte ses soutiens gorge, vit, sourit. Ibrahima Camar en rebelle de barricade, campée dans son personnage, sur une musique inventive, tonique comme la danse. Victoire du féminin sur le masculin , elle lui arrache le t-shirt, le frappe, se soulève et gagne en crédibilité et reconnaissance. Elle le porte comme un trophée de chasse et le message est clair!
"Sans repères" de Béatrice Kombé
Chimères
Reprise d'une oeuvre de la chorégraphe disparue, par Nadia Beugré et Nina Kipré, la pièce met en scène quatre étranges personnages, sorcières de carnaval, créatures maléfiques, chapeaux "pointus" et longues chasubles noires.
A l'unisson commence la danse,dans une rage malicieuse, elles dissimulent une férocité grandissante qui se révèle en se dénudant, laissant apparaître des tenues plutôt sport et jambières protectrices!
Sauvagerie, violence négritude au poing, dans la révolte, elles font corpus, corps massifs sculpturaux, puissants, impressionnants de vitalité La rigueur de l'écriture chorégraphique, danse africaine parfois, danse massive, de poids sur une musique active et pertinente. Ce récit de corps féminin s'inscrit dans le cadre d'une défense avérée revendiquée pour une communauté féminine, noire, libre, libérée de assujettissement et du joug masculin.
"Finito-L’œil troué" de Salia Sanou et Seidou Boro
Retour aux sources
Reprise d'un trio emblématique, toute envergure extatique offerte aux corps canoniques de trois danseurs: cet opus ravive les mémoires et la passation des rôles opère: Aux prises avec l'espace, la chaleur, ce trio basé, inspiré par la terre, le sol, le sable, la fraternité fonctionne à plein.
Aguéris à des performances virtuoses, torses nus, les hommes, matériau brut de la danse se donnent dans des mouvements limpides et fluides. En image finale, une jatte déverse sur le danseur en bord de scène, du sable, éclairé par un faisceau lumineux, bravant l'obscurantisme, l'aveuglement, le noir.
C'est magnifique et apaisant, comme un sablier qui distillerait le temps qui passe sur les corps, les caressant doucement de leurs pépites minérales.
mercredi 19 juillet 2017
La danse au festival d'Avignon IN 2017 :Ambra Senatore et Israel Galvan: des tempéraments bien 'trempés"
Rien ne les réunit en apparence, sinon le défit à la scène, l'extrême précision de l'écriture, la rigueur musicale de leurs partitions chorégraphiques. Et le hasard du calendrier du festival!
"Scena Madre" de Ambra Senatore
En mode absurde
Une "scène mère", entre théâtre et danse, un creuset de gestes, d'attitudes, de revirements pour cette réflexion percutante sur le vivre ensemble, le groupe dans l'agora politique et poétique de la vie Iles sont en perpétuel mouvements, les interprètes chez Ambra Sebnatore, agiles, versatiles, interrogeant directions, regards, espaces où se glisser, interstices où se nicher un court instant. Pas d'histoire ici pour cette joyeuse tribu: des subtils jeux de regards, des expressions furtives, des placements, des arrêts sur images incongrus: un savant découpage scénaristique, très cinématographique
Rompus à l'exactitude de leur moment d'intervention où tout s’enchaîne sinon se rompt, les danseurs tiennent le plateau, haut et fort, lieu de dramaturgie intense. Là où cependant la parole ne serait jamais nécessaire, la chorégraphe introduit du verbe, du texte, des bribes de phrases qui reviennent en leitmotiv C'est inutile et brise le rythme, scotche les gestes là où évoquent déjà tout un univers indicible....Elle règne en interprète subtile, maligne, cocasse et très attractive; les autres la secondent, l'entourent, prennent le relais. Ces cadavres exquis mis au placard et ces jeux d'enfants, ces histoires absurdes ou insolites de corps magnifiées, serait opération salvatrice de la pièce. Des unissons très fluides, des corps dynamiques, expressifs campant des personnages identifiables au delà des mots, ferait l'affaire à eux seuls. Comme dans un rébus ou jeu de piste, chacun s'y passe le flambeau, témoin de cette course folle , relais de tonicité, de comique: une énigme à découvrir Au début était le geste et non le verbe !
"La Fiesta"
La Sagrada Familia fait sa chasse à la Cour: hallali, curée ou trophée?
Israel Galvan n'en est pas à son premier défi: la danse in situ, c'est son rayon, aussi: à Montpellier Danse dans la Cour des Ursulines, seul sur un sable résonnant, à la Carrière Boulbon, tout droit sorti d'un cercueil....Ils vont habiter le lieu, ces compères de toujours, chanteurs, danseurs pour y faire la traditionnelle "Fiesta", rituel social et familial de grande importance.
Mais que faire de cet immense espace sinon s'y perdre et tenter d'y faire résonner les claquettes infernales du flamenco iconoclaste du maestro? Il partage généreusement l'espace avec ses pairs, attend beaucoup trop souvent, retranché aux abords que chacun s'y retrouve. Lui, démarrant une belle démonstration, rampant dos au sol de résonances sonnantes et trébuchantes: invention du flamenco couché, à l'horizontale: il fallait oser.Il l'a fait, à son accoutumée Mais le temps passe et s'étire en longueur sans véritable rythme. Des estrades comme podium de résonance, des instruments singuliers, des voix magnifiques ne suffisent pas à tenir un propos; même la fête en semble absente; pas assez de délire pour emplir la grosse caisse de la Cour d'Honneur. Tout s'enlise vite dans la routine, les séquences égrenées au fur et à mesure. Et naît l'ennui, à peine relevé par un solo virtuose en finale, du maestro de frappé, du profil et des bras inouïs ! Un chant choral final aux accents médiévaux ne suffit pas pour reprendre le flambeau.
La Cour ne fait pas écho et ne renvoie rien à ses appels ou sollicitations multiples.La furie, la fougue tant attendues y sont absentes et toute tentative retombe comme un soufflé
On n'est pas à la "fête" et c'est bien regrettable. A la chasse à la Cour, on revient bredouilles, sans trophée ni paillettes.
"Scena Madre" de Ambra Senatore
En mode absurde
Une "scène mère", entre théâtre et danse, un creuset de gestes, d'attitudes, de revirements pour cette réflexion percutante sur le vivre ensemble, le groupe dans l'agora politique et poétique de la vie Iles sont en perpétuel mouvements, les interprètes chez Ambra Sebnatore, agiles, versatiles, interrogeant directions, regards, espaces où se glisser, interstices où se nicher un court instant. Pas d'histoire ici pour cette joyeuse tribu: des subtils jeux de regards, des expressions furtives, des placements, des arrêts sur images incongrus: un savant découpage scénaristique, très cinématographique
Rompus à l'exactitude de leur moment d'intervention où tout s’enchaîne sinon se rompt, les danseurs tiennent le plateau, haut et fort, lieu de dramaturgie intense. Là où cependant la parole ne serait jamais nécessaire, la chorégraphe introduit du verbe, du texte, des bribes de phrases qui reviennent en leitmotiv C'est inutile et brise le rythme, scotche les gestes là où évoquent déjà tout un univers indicible....Elle règne en interprète subtile, maligne, cocasse et très attractive; les autres la secondent, l'entourent, prennent le relais. Ces cadavres exquis mis au placard et ces jeux d'enfants, ces histoires absurdes ou insolites de corps magnifiées, serait opération salvatrice de la pièce. Des unissons très fluides, des corps dynamiques, expressifs campant des personnages identifiables au delà des mots, ferait l'affaire à eux seuls. Comme dans un rébus ou jeu de piste, chacun s'y passe le flambeau, témoin de cette course folle , relais de tonicité, de comique: une énigme à découvrir Au début était le geste et non le verbe !
"La Fiesta"
La Sagrada Familia fait sa chasse à la Cour: hallali, curée ou trophée?
Israel Galvan n'en est pas à son premier défi: la danse in situ, c'est son rayon, aussi: à Montpellier Danse dans la Cour des Ursulines, seul sur un sable résonnant, à la Carrière Boulbon, tout droit sorti d'un cercueil....Ils vont habiter le lieu, ces compères de toujours, chanteurs, danseurs pour y faire la traditionnelle "Fiesta", rituel social et familial de grande importance.
Mais que faire de cet immense espace sinon s'y perdre et tenter d'y faire résonner les claquettes infernales du flamenco iconoclaste du maestro? Il partage généreusement l'espace avec ses pairs, attend beaucoup trop souvent, retranché aux abords que chacun s'y retrouve. Lui, démarrant une belle démonstration, rampant dos au sol de résonances sonnantes et trébuchantes: invention du flamenco couché, à l'horizontale: il fallait oser.Il l'a fait, à son accoutumée Mais le temps passe et s'étire en longueur sans véritable rythme. Des estrades comme podium de résonance, des instruments singuliers, des voix magnifiques ne suffisent pas à tenir un propos; même la fête en semble absente; pas assez de délire pour emplir la grosse caisse de la Cour d'Honneur. Tout s'enlise vite dans la routine, les séquences égrenées au fur et à mesure. Et naît l'ennui, à peine relevé par un solo virtuose en finale, du maestro de frappé, du profil et des bras inouïs ! Un chant choral final aux accents médiévaux ne suffit pas pour reprendre le flambeau.
La Cour ne fait pas écho et ne renvoie rien à ses appels ou sollicitations multiples.La furie, la fougue tant attendues y sont absentes et toute tentative retombe comme un soufflé
On n'est pas à la "fête" et c'est bien regrettable. A la chasse à la Cour, on revient bredouilles, sans trophée ni paillettes.
Avignon festial IN : la Danse e-motion. Les sujets à vif. En plein dans le mille!
Que se soit dans "le sujet à vif" où à l'occasion des spectacles venus d'Afrique ou d'autres contrées, la danse est pour cette édition sacrément politique, réactive, intuitive aussi
Voici quelques unes des pièces vues et choisies durant cette période riche d'échanges et de partages
"Le Sujet à vif" A et B
LE A
A potron minet toujours dans le "jardin de la vierge" voici une matinée "à vif" !
"Ezéchiel et les bruits de l'ombre" de Koffi Kwahulé et Michel Risse
Tel père, tel fils !
Il entre harmonica aux lèvres, de blanc vêtu, quasi dandy,au loin une voix lointaine résonne au son de "Ezéchiel", il fait résonner l'espace de tout un petit tas d'accessoires dont il se sert autant pour créer du son que pour se détruire. L'autre aparait faisant craquer de ses doigts l'emballage plastique à bulles qu'il détient. Les deux compères se révèlent vite, l'un fil indigne de son père, l'autre père de ce trublion de fils, Ezéchiel: un amour filial plein de saveurs, de remontrances, de reproches mais de tendresse aussi. Ils échangent sur l'air d'une petite cuisine musicale de fortune. L'air de rien, on se pardonne ou l'on joue à l'offensive ouverte?Enfant gâté, chéri, puéril, boite à musique et gâteries sucrées en résonance, Ezéchiel fait tourner les serviettes, fait la girouette, le lance-pierre ou fait simplement du vent. Son père voudrait bien le menacer de sa matraque, de son archet ou fouet, le mettre au four à micro-ondes! Amour filial au poing, les deux protagonistes sont cruels et tendres à la fois, jouent et gagnent pour une ode à la filiation; c'est drôle et bien mené par Michel Risse, savoureux et futil dandy, Koffi Kwahulé naif et pardonnant à sa créature les pires marques d’irrespect!
"Incidence 1327" de Gaelles Bourges et Gwendoline Robin
Chuter sans s'autodétruire
Le Mont Ventoux, personnage principal de cet opus est tout d'abord décrit en voix off où sont révélées de bien curieuses informations passionnantes sur le mistral noir, le blanc, sur le Mont, sur le voyage de Françoise Pétrarque qui écrivit "L'ascension du Mont Ventoux"
Deux femmes prennent le plateau et commencent un rituel aquatique: de l'eau, de la vapeur sous toutes ses formes: issue de bouilloires bouillonnantes, d'un long bâton troué: le chant de tous ces objets réunis évoque le cliquetis de l'eau, sa présence persistante dans ce désert minéral qu'est la montage magique tant redoutée.Plastiquement, la mise en scène évolutive où sans cesse Françoise et Laure évoluent d'une échelle du ciel, d'une installation de verre à l'autre. C'est magnifique, poétique et inouï, tant brouillard, fumerolles dissimulent les actions, les auréolent pour en faire un dispositif onirique étonnant.Les références à la région, Avignon, Fontaines de Vaucluse rendent le texte proche et familier, le récit haletant : elles aiment l'eau, la chérisse, la transforme dans ce laboratoire buanderie de poésie, floutée, évanescente.Dans un rituel majestueux, l'eau est versée du haut de l'échelle, symbolisant la montagne: son ascension, anorak rouge oblige est superbe!
L'eau brûle sur la glace en nuages de vapeur, inonde la scène: nuages d'un amour impossible entre les deux femmes enlacées qui se bercent, souffrances d'un amour qui se consume dans les feux de la glace. "On est bien, enfin ensemble" dans l'au delà dans kl'eau de la fontaine..Retour en boucle du texte en off, brumes, neige, vent , tout se recouvre, se dissimule , disparaît. Immobilité des deux corps éperdus.
LE B
Au crépuscule du soir....
"La même chose" de Joachim Latarjet et Nikolaus
Un tandem précaire
Deux faux soldats déboulent armés de poteaux bizarres: bazooka ou mats chinois Ils émergent d'un camp de fortune, arborant une poussette vieillotte et déglinguée, fauteuil roulant ,empli d'un singulier bric à brac de fortune.Tout va chavirer, osciller dans cet univers déséquilibré, rencontre entre un clown à bascule et un être plus stable, cet opus est un petit bijou, un exercice de style à la Nikolaus, ce géant jongleur, équilibriste. Radieux portraits et scènes haletantes de cirque alternent, l'absurdité des situations pour trame et chaîne narratives Une lampe, une table, des chaises défoncées seront le socle bancale de cette histoire burlesque et tragique à la fois. Joachim Latarjet en partenaire musical, épaule et soutient notre croquignol de service avec moultes instruments résonnants, soufflants!
Le monde est en ruines, fait de malheurs et de mensonges comme chez Robert Waltzer, cité en référence.Dans sa chambre défoncée tout chavire, se renverse, lui tient par magie dans des positions en plongées fort décalées. Equilibriste de la précarité, fragile et agile trublion des codes circassiens Nikolaus enchante et touche droit au but: l'effondrement du monde, de ses acquis bancals, de ses assises flottantes: planche de salut pour chaussure esseulée, tout concourt à une certaine vision d'un monde lâche, en ruines Alors on hisse ensemble le mats chinois de la solidarité et tout peut recommencer, pas vraiment pareil, pas vraiment "la même chose": on s'est transformé en Ubu roi entre temps!Un joli chantier pour fin de spectacle, casse gueule où tout fou le camp !
"Le rire par-balles" de Julien Mabiala Bissila et Adèle Nodé Langlois
A votre bon cœur ! Salut !
Deux doux et tendres fous pour cet opus, une clown, femme coquette et coquine, musicienne, lui musicien du Congo démocratique épris de l'image de son grand père au village! Interactif et participatif, chacun milite pour de bonnes actions, sauver un centre de formation, sauver l'Afrique!
Ce sera rock et pédale wah wah,concert charismatique, ambiance endiablée pour insuffler du souffle, du vent à une société aigrie, égoïste, essoufflée. Eux, ils ont la pêche, lunettes noires, perruque et autres atours mode pour aguicher les foules, convaincre que rien n'est perdu du sort des leurs amis voisins africains C'est politiquement incorrect, plein de sous-entendus et de saveurs exotiques.
Un bon fil conducteur qui déraille dérape en rap, de la danse africaine en pastiche, du faux cul et des masques pour démasqué les supercheries du colonialisme.De Gaulle en mire pour cette parade comique, désopilante, irrespectueuse en diable!
Et Adell Nodé Langlois en clownesque héroïne de pacotille, l’œil mutin, adorable clown de dieu en quête de bonheur utopique. C'est gai, c'est vif, ça pirouette et ça rime avec girouette.
En prime cette année 2017 pour les 20 ans du "Sujet à vif" un contrepoint tous les soirs au jardin
"Le Sujet des Sujets" animé par Frédéric Ferrer et ce soir là partagé par Phia Ménard
Un sujet gonflé à bloc
Le défi: conter en 45 minutes l'histoire rocambolesque de "sujets à vif"depuis leur initiation à l'initiative d'un petit comité très sérieux de doux dingues, convoquant des artistes qui ne se connaissent pas, sur un sujet de leur choix: d'abord un danseur convoque un chorégraphe pour lui tailler une pièce sur mesure, puis le projet s'élargit aux autres domaines pour enrichir encore propos, esthétiques et expériences inédites.
C'est l'affaire de Frédéric Ferrer de lancer cette machine infernale, marathon des images et des références, Léon Zitrone de l'occasion commentant le plus beau match du monde Un conférencier jamais à bout de souffle, train d'enfer mené tambour battant, truffé d'anecdotes -celle du lion et la gazelle_ métaphore du chorégraphe et de l'interprète restant en mémorable vérité!
Sur la sellette, il conte , course contre la montre, plein de ressort pour remonter les pendules à l'heure du souvenir: pourquoi le "vif", pourquoi le jardin de la vierge, alors qu'elle n'y séjourne que par intermittence: un vrai thriller que cette histoire d’apparition-disparition de Marie, du jardin; et les plantes qui disparaissent du lieu au fur et à mesure...Alors intervient en fin de parcours de ce one man show un jésuite encapuchonné (Phia Ménard) qui aura le dernier mot: ensevelir la cour de matelas pneumatiques jetés des portes-fenêtres au renfort de grand bruit. Tous deux pour sauver le monde sur un radeau de fortune dont ils émergent, bouées autour du ventre, accouchant de petits matelas verts: c'est extrêmement beau et touchant, cinglé, visionnaire et en hommage à tous les "vifs" une ode à ce lieu de création ,terreau de recherche, de joie et de rêves: l'instabilité d'une désormais "institution" dans le IN, les vifs sont le lieu d'avenir, le creuset à ne jamais supprimer: c'est ici, là et nulle part ailleurs que se concoctent les plus vives propositions, vif argent toujours au vif du sujet.
Et ce n'est pas fini, loin de là: longue vie aux "vifs".Phia Ménard et son génie de la situation démontrant une fois de plus qu'une performance, c'est unique, inspiré et à ne pas rater!
Je vous salue, Marie, pleine de naufrages et de résurrections!
Voici quelques unes des pièces vues et choisies durant cette période riche d'échanges et de partages
"Le Sujet à vif" A et B
LE A
A potron minet toujours dans le "jardin de la vierge" voici une matinée "à vif" !
"Ezéchiel et les bruits de l'ombre" de Koffi Kwahulé et Michel Risse
Tel père, tel fils !
"Incidence 1327" de Gaelles Bourges et Gwendoline Robin
Chuter sans s'autodétruire
Le Mont Ventoux, personnage principal de cet opus est tout d'abord décrit en voix off où sont révélées de bien curieuses informations passionnantes sur le mistral noir, le blanc, sur le Mont, sur le voyage de Françoise Pétrarque qui écrivit "L'ascension du Mont Ventoux"
Deux femmes prennent le plateau et commencent un rituel aquatique: de l'eau, de la vapeur sous toutes ses formes: issue de bouilloires bouillonnantes, d'un long bâton troué: le chant de tous ces objets réunis évoque le cliquetis de l'eau, sa présence persistante dans ce désert minéral qu'est la montage magique tant redoutée.Plastiquement, la mise en scène évolutive où sans cesse Françoise et Laure évoluent d'une échelle du ciel, d'une installation de verre à l'autre. C'est magnifique, poétique et inouï, tant brouillard, fumerolles dissimulent les actions, les auréolent pour en faire un dispositif onirique étonnant.Les références à la région, Avignon, Fontaines de Vaucluse rendent le texte proche et familier, le récit haletant : elles aiment l'eau, la chérisse, la transforme dans ce laboratoire buanderie de poésie, floutée, évanescente.Dans un rituel majestueux, l'eau est versée du haut de l'échelle, symbolisant la montagne: son ascension, anorak rouge oblige est superbe!
L'eau brûle sur la glace en nuages de vapeur, inonde la scène: nuages d'un amour impossible entre les deux femmes enlacées qui se bercent, souffrances d'un amour qui se consume dans les feux de la glace. "On est bien, enfin ensemble" dans l'au delà dans kl'eau de la fontaine..Retour en boucle du texte en off, brumes, neige, vent , tout se recouvre, se dissimule , disparaît. Immobilité des deux corps éperdus.
LE B
Au crépuscule du soir....
"La même chose" de Joachim Latarjet et Nikolaus
Un tandem précaire
Deux faux soldats déboulent armés de poteaux bizarres: bazooka ou mats chinois Ils émergent d'un camp de fortune, arborant une poussette vieillotte et déglinguée, fauteuil roulant ,empli d'un singulier bric à brac de fortune.Tout va chavirer, osciller dans cet univers déséquilibré, rencontre entre un clown à bascule et un être plus stable, cet opus est un petit bijou, un exercice de style à la Nikolaus, ce géant jongleur, équilibriste. Radieux portraits et scènes haletantes de cirque alternent, l'absurdité des situations pour trame et chaîne narratives Une lampe, une table, des chaises défoncées seront le socle bancale de cette histoire burlesque et tragique à la fois. Joachim Latarjet en partenaire musical, épaule et soutient notre croquignol de service avec moultes instruments résonnants, soufflants!
Le monde est en ruines, fait de malheurs et de mensonges comme chez Robert Waltzer, cité en référence.Dans sa chambre défoncée tout chavire, se renverse, lui tient par magie dans des positions en plongées fort décalées. Equilibriste de la précarité, fragile et agile trublion des codes circassiens Nikolaus enchante et touche droit au but: l'effondrement du monde, de ses acquis bancals, de ses assises flottantes: planche de salut pour chaussure esseulée, tout concourt à une certaine vision d'un monde lâche, en ruines Alors on hisse ensemble le mats chinois de la solidarité et tout peut recommencer, pas vraiment pareil, pas vraiment "la même chose": on s'est transformé en Ubu roi entre temps!Un joli chantier pour fin de spectacle, casse gueule où tout fou le camp !
"Le rire par-balles" de Julien Mabiala Bissila et Adèle Nodé Langlois
A votre bon cœur ! Salut !
Deux doux et tendres fous pour cet opus, une clown, femme coquette et coquine, musicienne, lui musicien du Congo démocratique épris de l'image de son grand père au village! Interactif et participatif, chacun milite pour de bonnes actions, sauver un centre de formation, sauver l'Afrique!
Ce sera rock et pédale wah wah,concert charismatique, ambiance endiablée pour insuffler du souffle, du vent à une société aigrie, égoïste, essoufflée. Eux, ils ont la pêche, lunettes noires, perruque et autres atours mode pour aguicher les foules, convaincre que rien n'est perdu du sort des leurs amis voisins africains C'est politiquement incorrect, plein de sous-entendus et de saveurs exotiques.
Un bon fil conducteur qui déraille dérape en rap, de la danse africaine en pastiche, du faux cul et des masques pour démasqué les supercheries du colonialisme.De Gaulle en mire pour cette parade comique, désopilante, irrespectueuse en diable!
Et Adell Nodé Langlois en clownesque héroïne de pacotille, l’œil mutin, adorable clown de dieu en quête de bonheur utopique. C'est gai, c'est vif, ça pirouette et ça rime avec girouette.
En prime cette année 2017 pour les 20 ans du "Sujet à vif" un contrepoint tous les soirs au jardin
"Le Sujet des Sujets" animé par Frédéric Ferrer et ce soir là partagé par Phia Ménard
Un sujet gonflé à bloc
Le défi: conter en 45 minutes l'histoire rocambolesque de "sujets à vif"depuis leur initiation à l'initiative d'un petit comité très sérieux de doux dingues, convoquant des artistes qui ne se connaissent pas, sur un sujet de leur choix: d'abord un danseur convoque un chorégraphe pour lui tailler une pièce sur mesure, puis le projet s'élargit aux autres domaines pour enrichir encore propos, esthétiques et expériences inédites.
C'est l'affaire de Frédéric Ferrer de lancer cette machine infernale, marathon des images et des références, Léon Zitrone de l'occasion commentant le plus beau match du monde Un conférencier jamais à bout de souffle, train d'enfer mené tambour battant, truffé d'anecdotes -celle du lion et la gazelle_ métaphore du chorégraphe et de l'interprète restant en mémorable vérité!
Sur la sellette, il conte , course contre la montre, plein de ressort pour remonter les pendules à l'heure du souvenir: pourquoi le "vif", pourquoi le jardin de la vierge, alors qu'elle n'y séjourne que par intermittence: un vrai thriller que cette histoire d’apparition-disparition de Marie, du jardin; et les plantes qui disparaissent du lieu au fur et à mesure...Alors intervient en fin de parcours de ce one man show un jésuite encapuchonné (Phia Ménard) qui aura le dernier mot: ensevelir la cour de matelas pneumatiques jetés des portes-fenêtres au renfort de grand bruit. Tous deux pour sauver le monde sur un radeau de fortune dont ils émergent, bouées autour du ventre, accouchant de petits matelas verts: c'est extrêmement beau et touchant, cinglé, visionnaire et en hommage à tous les "vifs" une ode à ce lieu de création ,terreau de recherche, de joie et de rêves: l'instabilité d'une désormais "institution" dans le IN, les vifs sont le lieu d'avenir, le creuset à ne jamais supprimer: c'est ici, là et nulle part ailleurs que se concoctent les plus vives propositions, vif argent toujours au vif du sujet.
Et ce n'est pas fini, loin de là: longue vie aux "vifs".Phia Ménard et son génie de la situation démontrant une fois de plus qu'une performance, c'est unique, inspiré et à ne pas rater!
Je vous salue, Marie, pleine de naufrages et de résurrections!
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