mardi 26 septembre 2017

"Barbara et l'homme en habit rouge": la longue Dame Brune ressuscitée!


Cet hommage à Barbara, à la fois parlé et chanté, humoristique aussi, présente la particularité d'avoir été écrit par celui qui fut longtemps son accordéoniste et directeur artistique, Roland Romanelli. On le retrouve sur scène accompagné du violoncelliste Jean-Philippe Audin aux côtés de Rebecca Mai, qui interprète une vingtaine de chansons dans une mise en scène théâtrale signée Eric-Emmanuel Schmitt.
Evocation très sensible de la chanteuse mythique, ce spectacle décline à l'envie la représentation incarnée de tous les fantasmes et fantasmagories de cette artiste si "vivante" attachante, exigeante et sans concession: dans son travail, son écritures, ses amours, ses aventures, sa vie recluse aussi, monacale pour écrire et valider une chanson en "deux années" Spontanée aussi quand elle écrit une chanson en hommage au fils caché de son amant, à ses insomnies; Vienne l'heure, sonne le chant pour ses escapades ratées en Autriche, et bien sûr, Nantes, et d'autres "tubes" de cette longue dame brune, jouée par une danseuse, chanteuse et comédienne très convaincante. Sans pour autant "être" ce monstre sacré du show,Rébecca Mai est cette silhouette fugace ou bien incarnée qui se joue de la vie en la consumant à pleine voix: des extraits des ses paroles enregistrées de l'époque forment une corbeille d'aveux délicieux sur le fameux personnage!
Au final, c'est "L'Aigle Noir" un peu surjoué, hélas, pour clore ce portrait musical émouvant et solide. On en sort chantonnant encore d'autres mélodies, se souvenant de Jeanne Balibar, récemment évoquant Barbara dans le film de son ex-amant Amalric: décidément les hommes aiment les femmes au delà de la vie, de la mort pour leur engagement, solitude assumée, talent révélé et bien relevé
Le Festival Musica joue et gagne un public bigarré, multiple et enchanté: oui, la musique d'aujourd'hui, c'est aussi la complexité des chansons deBarbara pourtant si "populaire".
Alors, "français, encore un effort" pour se familiariser avec nos contemporains et balayer nos idées reçues!

lundi 25 septembre 2017

"La Parade": Cloclo, Claudine danse sa vie de majorette !


La Parade, est une fable bien réelle. C’est l’histoire de Cloclo n°18, majorette, de Jonathan, adepte de tuning, de Freddy, éleveur de coqs de combats et de Gros Bleu, le pigeon voyageur, qui au rythme de l’harmonie de Oignies et sous le regard bienveillant des géants, vivent leurs passions héritées des traditions ouvrières du Nord. Loin de l’image sociale réductrice et des préjugés, Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff voient dans cette survivance, une génération portée par l’espoir.

"La Parade" est un conte post-industriel, une fable documentaire. C’est l’histoire de Cloclo la majorette, de Jonathan, l'homme Vectra, adepte de tuning, de Gros Bleu, éleveur de pigeons voyageurs... Des hommes et des femmes qui vivent pour leurs passions héritées des traditions ouvrières du Nord. Loin de l’image sociale réductrice et des préjugés, Mehdi Ahoudig et Samuel Bollendorff voient dans cette survivance une génération portée par l’espoir.
On apprend que Claudine a vécu un drame. Séquence bouleversante. Car l’image montre la majorette en train de danser seule, dehors, sur une route déserte : sourire immense, tête haute, Claudine est fière et rayonnante, face à la caméra. Mais le son, c’est sa voix à elle en train de nous raconter ce drame, avec une grande pudeur. On comprend alors qu’elle danse pour faire quelque chose de beau de tout ce chagrin. Elle cherche une parade contre l'oubli.

La Parade. Film de Samuel Bollendorf et Mehdi Ahoudig.

dimanche 24 septembre 2017

"Die Puppe" :l'animation musicale : un pile ou Phace réussi !


Depuis plusieurs années Musica propose des séances de ciné-concert. Engagé de longue date dans la production de projets pluridisciplinaires, l’ensemble autrichien PHACE propose cette année de redécouvrir Die Puppe (1919), chef-d’œuvre d’Ernst Lubitsch pour lequel le tchèque Martin Smolka composa en 2010 son Puppenkavalier. Le musicien, auteur de plusieurs partitions pour le cinéma, y témoigne de l’émerveillement suscité par ce film, dont la magie burlesque doit beaucoup au talent d’Ossi Oswalda, comédienne star du muet (elle ne tourna que deux films parlants), en charge ici d’un rôle virtuose.



Alors à la projection de ce petit bijou délicieux, burlesque et plein de verve, on ne peut que s’enthousiasmer. La musique sert à merveille l'ingéniosité de l'action, le magnétisme du jeu des acteurs, la narration qui sourd des corps en mouvement, et bien sûr les instants consacrés à la danse: envolées corporelles, expressions pertinentes des émotions, exagérations comiques de la mobilité du jeu des regards, des yeux....Un langage cinématographique très kinestésique, une musique épinglée au rythme de la succession des plans fixes, des trucages, appuyant certains effets avec bonheur, renforçant l' impact de l'image.Animé toujours par la figure de la "poupée" mécanique ou organique, ce personnage raidi plein de charme et de malice.Les moines, rayonnants de cupidité maline, Hilarius, en savant allumé, cheveux hirsutes et magnétiquement animés
Un bel ouvrage musical, inspiré, joué avec verve et conviction par l'ensemble Phace, pile dans le mille !