jeudi 28 septembre 2017

"Demain et tous les autres jours": un duo troublant!


La folie de Noémie Lvovsky, réalisatrice et actrice principale de son film, génère une scène magnifique de la mère et la fille adolescente Anais Demoustier qui dansent sous la pluie dans le parc de l'hopital psychiatrique, une étreinte digne d'une danse expressionniste où d'un solo de la Sorcière de Mary Wigman: un film où les oiseaux parlent, les personnages érrent comme des fantômes, des squelettes joyeux d'être enterrés vivants!
Mathilde a 9 ans. Ses parents sont séparés. Elle vit seule avec sa mère, une personne fragile à la frontière de la folie. C'est l'histoire d'un amour unique entre une fille et sa mère que le film nous raconte.

Concert à Cappella de l' Ensemble de Caelis: Hildegard et Zad, si loin, si proches!


Sous la direction musicale de Laurence Brisset, voici venir la proximité heureuse et joyeuse des textes de Hildegard von Bingen, de la musique de Zad Moultaka, qui se rejoignent ici dans une mystique vocale, entre Orient et Occident. L'une engendre l'autre, interprétés par les cinq voix féminines de l'Ensemble, à cappella:mystère œcuménique païen à souhait!
Le temple Saint Aurélie comme écrin: on ne pouvait mieux pour accueillir un récital entre sacré et profane, répertoire, mixité des sources et inspirations œcuméniques.
L'ensemble tant attendu fait salle comble et De Caelis va faire vibrer une heure durant les entrelacs de musique grégorienne, médiévale de Hildegard von Bingen avec les touches très contemporaines de Zad Moultaka. L'un inspiré par l'autre sans jamais faillir à une écriture prolongeant les sources de l'autre.Dans "Gemme" qui tisse ces relations étroites, le "Ubi es" révèle la langueur et l'intensité lassive des pièces qui suivront jusqu'à L'Ave Maria de Hildegard: sobres litanies envoûtantes et hypnotisantes. Au final, Zad Moultaka mêle aux voix a cappella bien présentes, un écho très étiré sur une bande son pré-enregistrée: de quoi étirer l'espace et le temps pour ce voyage de quelques siècles musicaux où tout semble aller de soi.Les cinq longues dames noires, à la chevelure d'anges pour instrument de la vibration vocale, pure et cristalline!
La complexité musicale dirigée par Laurence Brisset est de la virtuosité à l'état pur, enchantement des âmes profanes, laïques ou croyances de ce moment de partage d'exception!


"Les aventures de Pinocchio" à Musica: du nez pas toujours bien né !

Les aventures de Pinocchio

Une note d'intention fort édifiante dans le livret-fiche de salle, que le festival Musica propose au public à chaque concert: un Pinocchio inédit,un conte musical destiné au jeune public, une proposition artistique dans laquelle cinq instrumentistes solistes accompagnent Pinocchio – incarné par la soprano Juliette Allen – dans l’étonnant voyage qui va le faire passer du monde des pantins à celui des humains. Cette pièce est conçue dans sa forme la plus épurée, ne nécessitant ni scène, ni décor.L'auditorium de France 3 Alsace, ne semble pas l'écrin de prédilection pour cet opus léger qui nécessiterait une proximité du public plus accessible. Les aventures du héro bien connu semblent se délayer dans l'abstraction, les personnages pourtant cherchant à se singulariser en "habitant" et transportant leurs instruments.
Pensée pour un public d’enfant, la partition s’inspire directement du texte du conte de Pinocchio. Les cinq instruments solistes incarnent les différents personnages présents dans le conte de Carlo Collodi, avec lesquels Pinocchio se voudrait en dialogue perpétuel.Mais il manquerait un rythme plus soutenu pour garder l'attention qui se délaye d'un public bigarré, pas toujours très attentif!À travers des interactions spontanées initiées par les musiciens, le public pourtant ne se  trouve pas au plus proche des personnages et tisse entre eux une relation directe, qui fera naître une belle ressource musicale.
Quelques références joyeuses à des mélodies standard ravivent la donne, et ce conte au "pif" qui ne s'allonge pas, qui n'a de nez que quelques fragrances incertaines n'enchante que ceux qui tentent d'incarner une musique et un propos quelque peu creux et sans magie.
Lucia Ronchetti, servie par l'Ensemble Intercontemporain est dans l'impasse: seuls quelques costumes ou accessoires feraient accéder à du fantastique qui bien absent ne retient pas l'attention de ceux, jeunes enfants découvrant une autre écriture musicale, ne pardonnent rien!