jeudi 16 novembre 2017

"La salle de bal" de Anna Hope


Lors de l’hiver 1911, l’asile d’aliénés de Sharston, dans le Yorkshire, accueille une nouvelle pensionnaire : Ella, qui a brisé une vitre de la filature dans laquelle elle travaillait depuis l’enfance. Si elle espère d’abord être rapidement libérée, elle finit par s’habituer à la routine de l'institution. Hommes et femmes travaillent et vivent chacun de leur côté : les hommes cultivent la terre tandis que les femmes accomplissent leurs tâches à l’intérieur. Ils sont néanmoins réunis chaque vendredi dans une somptueuse salle de bal. Ella y retrouvera John, un «mélancolique irlandais». Tous deux danseront, toujours plus fébriles et plus épris. À la tête de l’orchestre, le docteur Fuller observe ses patients valser. Séduit par l’eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des faibles d’esprit, Fuller a de grands projets pour guérir les malades. Projets qui pourraient avoir des conséquences désastreuses pour Ella et John. Après Le chagrin des vivants, Anna Hope parvient de nouveau à transformer une réalité historique méconnue en un roman subtil et puissant, entraînant le lecteur dans une ronde passionnée et dangereuse

"Cold Blood": le livret ! Par Thomas Gunzig

Les lumières dans la salle s’éteignent. La caméra tourne. Action ! Les doigts cabriolent dans un merveilleux décor miniature, les caméras voltigent et dansent, une voix raconte. Jaco Van Dormael et Michèle Anne De Mey réalisent un film, en direct, sous les yeux des spectateurs.
Après Kiss & Cry qui remporta un succès planétaire, le cinéaste et la chorégraphe ont créé en décembre 2015 Cold Blood avec la même curiosité, la même équipe venant du cinéma, de la danse ou du théâtre, et la même méthode de travail. Mais ils ont réussi à aller encore plus loin, emmenés par le texte de Thomas Gunzig empreint d’une grande sensualité et d’humour noir. Partant de la mort pour raconter la vie, le romancier fait l’inventaire de morts stupides en y associant les derniers instants de lumière et les souvenirs qui ont précédé la disparition.
Précédé de trois notes liminaires sur le lancement d’un Kiss & Cry 2, le livre met en valeur le texte poétique de la voix off en l’accompagnant de nombreuses photos de Julien Lambert du spectacle et du making of.

"Corps" collection de l'Art Brut


Corps (version française), Gustavo Giacosa, David Le Breton et Sarah Lombardi, Lausanne/ Milan, Collection de l’Art Brut/ 5 Continents Editions, 2017, « Art Brut, la collection », sous la direction de Sarah Lombardi, 20.5 x 25.5 cm, 168 pages, plus de 100 illustrations.
Le n° 3 de la série éditoriale « Art Brut, la collection », intitulé Corps, accompagne l’exposition et apporte différents éclairages sur la thématique du corps dans l’Art Brut. Deux éditions séparées (français et anglais).

Consacrée au Corps, la troisième édition des biennales de l'Art Brut(après Véhicules et Architectures) propose exclusivement des œuvres issues des collections du musée lausannois. L’exposition, confiée au commissaire invité Gustavo Giacosa, également comédien et metteur en scène, vise à mettre en lumière, à travers ce nouveau thème, toute la richesse du fonds de la Collection de l’Art Brut.
Cette présentation réunira un grand nombre d’œuvres – dessins, photographies, sculptures et créations textiles – reflet des multiples représentations du corps dans les productions d’Art Brut, sans perdre de vue la dimension du dialogue intime que les auteurs entretiennent avec leurs créations.
Ces œuvres relèvent d’un corps à corps ; elles constituent des « batailles » sans médiation ni concession que le créateur mène avec sa propre image et son vécu singulier. Pour certains d’entre eux, le corps est le refuge d’une intimité complexe ; pour d’autres, une prison à fuir, ou encore le centre d’énergies à libérer et à transformer.
Les tatouages de prisonniers, rarement exposés, attestent de l’intérêt de Jean Dubuffet, fondateur du concept d’Art Brut, et à l’origine du musée lausannois, pour des créations se situant en marge du milieu de l’art. On y trouvera bien sûr aussi les grands « classiques » de l’Art Brut, telle Aloïse Corbaz, qui côtoieront des découvertes plus récentes, comme les corps-visages d’Eric Derkenne, ou la toute puissante « transsexualité nucléaire » de Giovanni Galli. Dédoublement de soi et jeux de miroir témoignent d’une quête identitaire instinctive, comme chez Josef Hofer et Robert Gie. Morcelé et fragmenté, avec Giovanni Bosco, ou rassemblé dans une unité cosmique, avec Guo Fengyi, le corps matérialise un flux perpétuel dont l’art peut s’emparer pour en faire un témoignage existentiel.
Commissariat : Gustavo Giacosa, commissaire indépendant et metteur en scène