samedi 22 décembre 2018

"Le retour de Mary Poppins" de Rob Marshall : comédie musicale de rêve !


Une comédie musicale très bien chorégraphiée et pleine de verve et d'humour !
Michael Banks travaille à la banque où son père était employé, et il vit toujours au 17 allée des Cerisiers avec ses trois enfants, Annabel, Georgie et John, et leur gouvernante Ellen. Comme sa mère avant elle, Jane Banks se bat pour les droits des ouvriers et apporte son aide à la famille de Michael. Lorsque la famille subit une perte tragique, Mary Poppins réapparaît magiquement dans la vie de la famille. Avec l’aide de Jack, l’allumeur de réverbères toujours optimiste, Mary va tout faire pour que la joie et l’émerveillement reviennent dans leur existence… Elle leur fera aussi découvrir de tout nouveaux personnages plein de fantaisie, dont sa cousine, l’excentrique Topsy.


mercredi 19 décembre 2018

"Arrangement provisoire" de Jordi Gali : on fait ce qu'on pneu !


Avec son assemblage d’objets récupérés ça et là, Jordi Galí explore la relation entre son corps et la matière. Danseur en équilibre, il assemble avec minutie poutres, échelles et pneus de voiture. Une improbable construction surgit alors de tous ces objets mis en jeu avec son corps. Le spectateur joue à deviner les lignes de tensions. Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien l’amour de la précision du geste maintes fois répété, à la manière d’un artisan, qui meut le chorégraphe.
Le dispositif est sur scène, sorte de machinerie à la Tinguely ou François Klein, vélo en carcasse, fil et poulie, poids et contrepoids, toute une mécanique qui va s'animer grâce à l'impulsion et les solicitations d'un homme-danseur, accordeur, horloger, artisan-créateur de cette "créature" inédite.
Avec une poutre sur le cou, savamment inclinée puis réajustée, il bâtit son monde, architecture stabile, mobile dont il est lui-même un des rouages, comme une poutre ou un colombage de charpente.
Charpentier, couvreur agile qui se joue des centres de gravité et se meut comme dans un mikado géant, fait de bouts de bois, d'échelles, de supports multiples, de contreforts.
Un jeu d'adresse et de précision pour adapter, ajuster les matériaux et surtout pas au hasard!
Il en vient à faire partie de cette exosquelette même, rouage pour équilibrer le tout, ne plus bouger au risque de tout déconstruire ou que tout s'effondre.
Un funambule aussi qui se joue de l'étroitesse de son tremplin! Et porte sa croix, comme un "monte en l'air" inoffensif. Un tout à Lego de bois se forme et se transforme dans un fond de bruitage de chaîne de vélo.Des images de foreuse à pétrole à bascule s'imposent, balancier plaintif qui mugit et emplit l'espace de sa plainte. Ca grince, oscille, frappe l'espace comme le bec d'un pic vert. Belles images pour ce creuset d'horlogerie fantastique où l'homme se niche et déniche les secrets de la pesanteur, de la gravité et du poids de la vie!
Jordi Gali étonne et surprend, fait tout ce qu'il "pneu" pour enchaîner des éléments plastiques de matières différentes: ainsi ces pneumatiques, véritables ligatures organiques de ce grand corps mécanique, pantin ou marionnette géante abstraite.
Une sculpture vivante à regarder, écouter et laisser vivre dans la lenteur et le temps suspendu.

Au TJP  jusqu'au 20 Décembre.
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mardi 18 décembre 2018

"El pueblo unido jamas sera vencido": Wooshing Machine ne manque pas de souffle! Le grand essorage à grande vitesse!


Alessandro Bernardeschi & Mauro Paccagnella / Wooshing Machine
On se souvient du succès de leur premier duo, Happy Hour, accueilli à POLE-SUD, il y a deux ans. Le tandem artistique de Wooshing Machine revient avec une nouvelle pièce, en trio. Maniant avec jubilation les références populaires, le propos de leur danse s’attache mine de rien à la mémoire collective. Ses valeurs, ses usages, ses enchantements et déceptions aiguillonnent les corps et contaminent les échanges savoureux de ces remarquables interprètes et complices de création.



Et pour cette nouvelle pièce, une troisième complice Lisa Gunstone se glisse dans les interstices de la danse, les failles et les brèches d'un espace partagé pour un trio inédit, déconcertant, plein d'impacts forts sur la révolte, la mort, la chute d'un régime politique autoritaire, de l'ère Berlusconi...
Un spectacle incorrectement politique, sur l'agora du plateau dépouillé de Pôle Sud, ce soir là habité par la grâce d'un art tout droit touchant et perméable à l'actualité sur la violence faite à autrui.Un trio de noir vêtu, tout dans la précision illusoire d'une feinte décontraction, les gestes nonchalants, indolents d'une complicité de proximité intuitive.
Un combat de coq, un tête à tête entre deux hommes dans les échancrures s'y glisse une femme qui trouble l'ordre des choses et bouscule le quotidien. Sur fond d'émeute, de soulèvements populaires, révolutionnaires bruissants, ils évoluent, semant le trouble et le soulèvements des corps dans de beaux portés.



 On fait bloc, on se jette dans la bataille, on se soulève aussi sur fond de carnaval ondulant.
Fondus au noir et c'est la panique, la course, la dispersion d'une manifestation ouverte sur les barricades. Un chiffon rouge sang en poche ou en étendard... Un petit discours en toge de feutre laineux, en péplum pour descendre le pouvoir et illustrer son effondrement... Les chemises brunes s'écroulent et volent vers le dressing où sont suspendus costumes et accessoires: des perruques grises pour incarner une comédie musicale humaine chancelante. Ca souffle et ça peine devant les obstacles des corps, tendus les uns devant les autres. On s'y tue à bout portant à son corps défendant.Chutes et relevés en boucles, courses et envolées physiques au poing. 



En pulls colorés et perruques, en "crétins" déguisés, camouflés, voilà nos révolutionnaires en proie à l'anarchie, au désordre .Le Duche en prend un coup...Le tout sur la version pianistique de "Bella Cio", hymne révolutionnaire fétiche.Trio évoluant de profil, en frise, en fresque très picturale. Un beau duo qui s'attrape, se transforme en piéta, un trio où le christ en croix se cloue avec un talon aiguille, s'épingle sur un écran allongé 16/ 9 en perspective et y retrouve sa "Véronique" imprimée sur tissu ! Le tout environné de musique disco!


C'est burlesque et dramatique à la fois, les corps chutant sous la menace des armes pour mieux se relever, fiers et fluides. Quelques ouvriers de chantiers pour semer le trouble avec casques et on démolit pour mieux reconstruire. On se repend aussi, on se soulève, on se glisse dans la peau de chacun, en bandit, en trublion, en condamnés ou fugitifs. Selon notre point de vue, notre point de mire.
Les salves ne toucheront pas les danseurs, toujours debout et généreux, fantasques et désopilants
Puis on remballe, fait place nette et le show est fini..L'écran s'est rétréci, le vide se fait: il ne reste plus rien après ce grand bal, déballage intempestif du chaos du monde

A Pôle Sud le 18 Décembre