mardi 30 avril 2019

"Trait d'union" -"Pas seulement" : Arabesques et cour de récréation.


Coproduction POLE-SUD 
Ce spectacle bénéficie du soutien de l'ONDA
Tournée territoriale présentée avec la Maison des Arts de Lingolsheim et la MAC, relais culturel de Bischwiller :
- Mercredi 24 + Jeudi 25 avril à la Maison des Arts de Lingolsheim
- Vendredi 03 Mai à la MAC, relais culturel de Bischwiller
Trait d’union
"Un fascinant travail de courbes et d’éclairs se déploie sur scène. Il réfléchit, au fil de ses mystérieux tracés, toute une poétique du mouvement et de l’écriture saisie entre apparition et disparition. Tel se dévoile Trait d’union, surprenant duo entre la danse de Sarah Cerneaux, tonique, intense et ciselée, et la spontanéité des gestes précis et incisifs de Julien Breton, le designer lumière composant sur scène ses calligraphies lumineuses. Une rencontre explosive selon Amala Dianor. "
Des arabesques tracées sur une toile transparente, une silhouette dissimulée derrière ce rideau transparent tendu en bord de scène, pour préambule . Comme un coup de pinceau magique, en direct ou faux semblant, la danse se transmet à une femme, de noir et blanc vêtue, lui tout en noir: il retranscrit ses gestes, la seconde, la copie ou la guide. Elle "traduit" son écriture graphique, retranscrit en d'autres formes, l'énergie de cette "plume" virtuelle, surdimensionnée pour la rendre de chair et de sensibilité.

En miroir parfois ils se répondent , elle dans de belles cambrures arrières, travaillant son corps dans le bas,elle, sa muse, lui son Pygmalion qui l'observe, la traque, la conduit Intrusif dans l'espace de cette femme indépendante, modèle d'un peintre abstrait, calligraphe de l'énergie. Elle s’émancipe au sol, le fuit, se dérobe à son profit pour échapper à cette dictature graphique et spatiale. Le pinceau électronique et lumineux fait leurre: on se prend à l'illusion du live, alors que les images tracées préexistantes surgissent sur l'écran et impactent le temps de la danse. Poursuite et traque entre les deux protagonistes qui s'évitent ou se rejoignent . Telle une luciole en rémanence, le geste du peintre ou photographe, traduit l'énergie du mouvement, lle magnifie, l'immortalise, lui fait une trace, des signes. Signature, de la griffe du manipulateur de cette matraque lumineuse en empreinte. Elle, dans un beau solo, laisse sa trace, charpentée, sensuelle, fugitive et très structurée. Page blanche, la toile translucide laisse s'échapper arabesques et alphabet , le temps de la danse: magie ou illusion, leurre d'une vision synchrone entre le vrai et le faux.
Pas seulement 
"Le temps du corps et le mouvement en partage sont les éléments fondateurs de Pas seulement. Une pièce spécialement imaginée pour un quatuor de danseurs que le chorégraphe a rencontré dans la région Grand Est. S’écarter des techniques reconnues du hip-hop, amener chacun sur un terrain inconnu tel était l’objectif d’Amala Dianor. Abstraite et enlevée, cette partition fait la part belle au mouvement dansé, à la singularité comme aux savoirs de chacun, éléments que le chorégraphe a d’emblée intégré à l’écriture de cette autre façon de danser. "
Quatre danseurs sillonnent le plateau dans le silence, cherche sa place, dans la mêlée, la meute. De beaux déhanchements les unissent, chaloupes et mouvements d'ensemble au diapason. Parfois un corps entravé, empêché, contrarié fait contraste et diversion. A chacun son solo virtuose, des mouvements électriques et saccadés tenus au corps, torsions tétaniques pour l'un, solo étrange, joyeux et séducteur pour l'autre. Chacun joue de son corps et l'expose aux autres , quatuor, trèfle où chaque feuille est indissociable, unique mais fait chorus; on se laisse gentillement séduire dans cette cour de récréation où vibre aisance et réjouissance de cette "compagnie" où le hip-hop refait sa place allègrement
Amala Dianor signe ici deux pièces aux accents très différents, objets d'une soirée agréable passée en bonne "compagnie"!
A Pole Sud les 29 et 30 Avril

samedi 27 avril 2019

"Révolut!on" François Corneloup Quintet à Jazzdor : avec un point d'exclamation !

FRANCE - François Corneloup, saxophone baryton & compositions | Simon Girard, trombone | Sophia Domancich, piano & Fender Rhodes | Joachim Florent, basse électrique | Vincent Tortiller, batterie
"Axée autour des musiques improvisées, la formation Révolut!on entend confronter les styles et les genres en rassemblant une équipe de talents instrumentaux entre jazz, rock et pop music.
Dirigé par le saxophoniste et compositeur François Corneloup, le quintet surprend par sa fusion des genres oscillant entre sons électrifiés et la douce chaleur des cuivres. Par sa modernité et son ouverture, Revolut!on s’inscrit définitivement dans la lignée d’un jazz outre-atlantique populaire et foncièrement contemporain.
“Mon souhait fondateur est que l’approche des artistes de la nouvelle génération que sont Simon Girard et Vincent Tortiller, par les ressources de leur déjà grand talent, puisse interpeller avec vivacité une histoire, un parcours musical, les miens, tel qu’ils se tracent depuis plusieurs décennies au travers de mon travail de compositeur et de chef d’orchestre“.
F.C"

"Révolut!on" de palais!
Ca démarre avec un beau solo de saxophone en introduction, prologue, suivi par l'irruption à ses côtés du trombone: un duo de charme qui opère au quart de tour.Une ouverture très tonique pour ce premier morceau de taille où le quintet donne le ton d'une pièce tectonique et turbulente; le temps d'une fusion entre les musiciens galvanisés par la tension et la solidité du rythme, de la composition, compacte et affirmée.
Suit une seconde pièce démarrant sur une entrée de la guitare, bordée bientôt par de beaux effets de batterie qui perdure tout le long comme un état de grâce entre les cinq musiciens complices, compères et beaux joueurs, joyeux et bondissants.
Suit en ouverture un solo de clavier, bientôt rejoint par le velouté des sonorités des vents: sensualité, lenteur et douceur, calme et volupté après les deux premiers temps de tempête.
 En contraste, moment de respiration pendant le déroulement du concert devant une salle bien remplie, à l'écoute.Langoureux instants qui se meurent lentement au final
"Avant la danse" composition "maison" succède, tonique et mouvante, balançant quelques bribes sonores garantissant des envies de bouger, d'accompagner de gestes mimétiques, les rythmes et fulgurantes itinérances de  cette musique tectonique
Au final, inspiré de Flaubert, un morceau où tout commence en sourdine, saxophone et guitare basse, balayage de la batterie légère, pour un univers serein, calme, rêve amoureux, balade, aubade, sérénade qui pourtant deviendra vite le terrain de turbulences et mouvements ascendants abruptes et solides.
Un petit "faux " bis, inspiré des Beatles, en avant première, en épilogue prospectif, augurant d'un bel et proche avenir discographique ! Cadeau maison de ce concert généreux, et résonnant des notes caractéristiques de cet ensemble soudé , fratrie musicale confirmée!

Au Fossé des Treize ce samedi 27 Avril

Ca dada ! C'est l'heure de faire dada ! Quand la machinerie, les déchets trient ! De bon l'Aloi !

"Né en 1916, le mouvement Dada fut une réponse au profond malaise ressenti face à la guerre. Et quelle réponse ! Une révolution artistique, une libération des mœurs et une lutte par la créativité – politique, certes, mais poétique d’abord. Comme à l’époque, Alice Laloy et ses acolytes s’attèlent à un nouveau monde, ni plus ni moins.
Armés de pinceaux et de marteaux, de musiques et de mots, ils tracent, chantent, tourbillonnent. Leur joyeux bazar, porté par une énergie enfantine contagieuse, fait souffler le vent d’une exaltante révolte jusque dans la salle."
Présenté par le Maillon avec LE TJP CD au Théâtre de Hautepierre jusqu'au 27 Avril.

C'est un mur d'affiches qui a la parole alors qu'une pseudo administrative tape du tampon et fait des diableries, fonctionnaire imaginaire! Oui, elle s'en tamponne cette bureaucrate de pacotille, qui s'entiche de grimaces et autres facéties. Ces compères de scène, de plateau , un monsieur Loyal déjanté et une autre créature, deux percussionnistes en partance pour ce voyage dans "la machinerie du hasard" !
Tous s'affairent inutilement, à gauche, à droite, avec arc et flèches peinturlurées pour accéder à des cibles fantoches. Tel Guillaume qui porterait sur lui son chignon-pomme pour se tirer dessus. Une pas belle danse tribale, non conforme aux codes et normes, et c'est "dada africa" et ses sources ancestrales non avouées.
 En costard cravate, absurde, oblige!
 Ca crève les parois fragiles du décor, ça crève l'écran en passe-murailles pour mieux tout casser dans un gigantesque raz de marée, tremblement de terre où tout s'écroule, vaste chantier fumant devant nos yeux. C'est ça "dada" Un cheval emballé passe, un être muni de quatre jambes s'assoie et fait des percussions corporelles, langage engagé du corps, témoin de cette petite révolution de palais.
Des silhouettes se découpent dans les fumigènes, comme des fantômes articulés fantastiques. Errance dans ces débris de cataclysme qui jonchent le sol, grand bazar organisé .Un chirurgien de fortune pour soigner et panser les plaies, "penser" le monde: on aspire à tord avec aspirateur, on ventile à tord, avec vilebrequin et chignole: la médecine a bon dos!
 Un immense rideau de plastique sera toile tendue recevant les salves de peinture d'un engin magique: douze pinceaux accrochés à une barre, comme des fusils à peinture à la Niki de Saint Phalle, ou peinture gestuelle de Mathieu!


Le résultat est probant: c'est de l'art comptant pour "rien"!
Ces riens à gagner à un jeu de hasard avec le public enrôlé dans l'aventure, quelques "barons" en salle pour faire monter les enchères. Et c'est la poésie musicale à trois en un micro méduse, à trois têtes, hydre folle pour gesticulations verbales et sonores. De bon aloi! Laloy chorégraphe de l'espace et de la mise en scène, scénographe iconoclaste très inspirée dans ce ça ira à dada, sur le bidet quand il trotte, il fait des pets!
De bons "tuyaux", des pompes à vélos, des cadres des objets hétéroclites pour cette cabane à la Ben....valise à la Duchamp .Pétarades, machine à peindre comme une série de balais pré-enduits, douze apôtres de l'art...Les comédiens-clowns, se bombent à l'aérosol, se maculent de peinture avec délectation et sensualité. On baigne dans la jouvence!


Entrée subite au musée des beaux arts avec huit toiles de natures mortes aux nappes blanches: on s'amuse à contempler ces chefs d'oeuvres désuets qui passeront vite à la trappe par les portes battantes, en revenant toujours envahir les personnages et les importuner de force!
La tradition mordante du passé agit et fait mal: les toiles de maitres, en caoutchouc, valsant irrespectueusement à la déchets trie !
Un cheval passe, grosse caisse à queue...de cheval, blaue Reiter fantôme, muséal qui hennit, caracole  et fait place à un joli carnaval dada rocambolesque pas piqué des vers.
C'est "dada Africa" en lambeaux, oripeaux et autres costumes de fortune colorés, Une soufflerie géante avec papiers mâchés, découpés colle les joyaux de bébris sur le mur et c'est oeuvre d'art tout craché!
Quand la machine rit, les déchets trient!
Bravo à cette équipe folle, empathique cirque de bravoure, de fracas et de drôlerie burlesque et fantasque!
A dada sur le cheval à bascule du trompe l'oeil, du rire noir ou jaune, de la batterie d'inventions percutante de cette bande de foutracs joyeux et performants!
Ca bouscule, ça caracole et carambole à l'envi !