samedi 27 avril 2019

Ca dada ! C'est l'heure de faire dada ! Quand la machinerie, les déchets trient ! De bon l'Aloi !

"Né en 1916, le mouvement Dada fut une réponse au profond malaise ressenti face à la guerre. Et quelle réponse ! Une révolution artistique, une libération des mœurs et une lutte par la créativité – politique, certes, mais poétique d’abord. Comme à l’époque, Alice Laloy et ses acolytes s’attèlent à un nouveau monde, ni plus ni moins.
Armés de pinceaux et de marteaux, de musiques et de mots, ils tracent, chantent, tourbillonnent. Leur joyeux bazar, porté par une énergie enfantine contagieuse, fait souffler le vent d’une exaltante révolte jusque dans la salle."
Présenté par le Maillon avec LE TJP CD au Théâtre de Hautepierre jusqu'au 27 Avril.

C'est un mur d'affiches qui a la parole alors qu'une pseudo administrative tape du tampon et fait des diableries, fonctionnaire imaginaire! Oui, elle s'en tamponne cette bureaucrate de pacotille, qui s'entiche de grimaces et autres facéties. Ces compères de scène, de plateau , un monsieur Loyal déjanté et une autre créature, deux percussionnistes en partance pour ce voyage dans "la machinerie du hasard" !
Tous s'affairent inutilement, à gauche, à droite, avec arc et flèches peinturlurées pour accéder à des cibles fantoches. Tel Guillaume qui porterait sur lui son chignon-pomme pour se tirer dessus. Une pas belle danse tribale, non conforme aux codes et normes, et c'est "dada africa" et ses sources ancestrales non avouées.
 En costard cravate, absurde, oblige!
 Ca crève les parois fragiles du décor, ça crève l'écran en passe-murailles pour mieux tout casser dans un gigantesque raz de marée, tremblement de terre où tout s'écroule, vaste chantier fumant devant nos yeux. C'est ça "dada" Un cheval emballé passe, un être muni de quatre jambes s'assoie et fait des percussions corporelles, langage engagé du corps, témoin de cette petite révolution de palais.
Des silhouettes se découpent dans les fumigènes, comme des fantômes articulés fantastiques. Errance dans ces débris de cataclysme qui jonchent le sol, grand bazar organisé .Un chirurgien de fortune pour soigner et panser les plaies, "penser" le monde: on aspire à tord avec aspirateur, on ventile à tord, avec vilebrequin et chignole: la médecine a bon dos!
 Un immense rideau de plastique sera toile tendue recevant les salves de peinture d'un engin magique: douze pinceaux accrochés à une barre, comme des fusils à peinture à la Niki de Saint Phalle, ou peinture gestuelle de Mathieu!


Le résultat est probant: c'est de l'art comptant pour "rien"!
Ces riens à gagner à un jeu de hasard avec le public enrôlé dans l'aventure, quelques "barons" en salle pour faire monter les enchères. Et c'est la poésie musicale à trois en un micro méduse, à trois têtes, hydre folle pour gesticulations verbales et sonores. De bon aloi! Laloy chorégraphe de l'espace et de la mise en scène, scénographe iconoclaste très inspirée dans ce ça ira à dada, sur le bidet quand il trotte, il fait des pets!
De bons "tuyaux", des pompes à vélos, des cadres des objets hétéroclites pour cette cabane à la Ben....valise à la Duchamp .Pétarades, machine à peindre comme une série de balais pré-enduits, douze apôtres de l'art...Les comédiens-clowns, se bombent à l'aérosol, se maculent de peinture avec délectation et sensualité. On baigne dans la jouvence!


Entrée subite au musée des beaux arts avec huit toiles de natures mortes aux nappes blanches: on s'amuse à contempler ces chefs d'oeuvres désuets qui passeront vite à la trappe par les portes battantes, en revenant toujours envahir les personnages et les importuner de force!
La tradition mordante du passé agit et fait mal: les toiles de maitres, en caoutchouc, valsant irrespectueusement à la déchets trie !
Un cheval passe, grosse caisse à queue...de cheval, blaue Reiter fantôme, muséal qui hennit, caracole  et fait place à un joli carnaval dada rocambolesque pas piqué des vers.
C'est "dada Africa" en lambeaux, oripeaux et autres costumes de fortune colorés, Une soufflerie géante avec papiers mâchés, découpés colle les joyaux de bébris sur le mur et c'est oeuvre d'art tout craché!
Quand la machine rit, les déchets trient!
Bravo à cette équipe folle, empathique cirque de bravoure, de fracas et de drôlerie burlesque et fantasque!
A dada sur le cheval à bascule du trompe l'oeil, du rire noir ou jaune, de la batterie d'inventions percutante de cette bande de foutracs joyeux et performants!
Ca bouscule, ça caracole et carambole à l'envi !



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