mardi 2 avril 2019

"Forecasting" Giuseppe Chico et Barbara Matijevic : corps-raccords.


"Tels deux ethnologues de la toile, à partir d’un recueil de vidéos amateurs puisées sur YouTube, Barbara Matijevic et Giuseppe Chico ont conçu Forecasting. Avec ses troublantes jonctions entre le monde bidimensionnel de l’image et le corps de l’interprète, cette performance ouvre une nouvelle surface de jeu. Le jeune tandem artistique y glisse les récits un brin surréalistes qu’ils ont imaginés et qu’ils déploient sur scène en une mosaïque de fictions intimes." I.F.
Un ordinateur, seul sur scène, télécommandé..
Une voix en sort qui nous cause bricolage; une jeune femme apparaît, animatrice de la soirée.
Surprise, cet ordinateur sera le terrain de jeu, le décor unique, objet de ses fantasmes et inventions corporelles à tout bout de champ.
Les images qui y défilent correspondent exactement à la mesure de son corps qui en prolonge les formes: un pêle-mêle, méli-mélo fait de fausse perspectives, de trompe l’œil, à foison.Raccords-corps-images millimétrés, précis quasi "magiques" qui fonctionnent sur le leurre , entre charnel et virtuel, la frontière de l'écran s’efface et l'on plonge avec délice dans ce bain , immergé ; par thématique, les concordances s’effectuent à l'emporte pièce: un pénis devient douille de pâtissier, une séance de rasage succède à des œufs montés en neige..
L'illusion est bluffante, tout s'ajuste, se cadre, les échelles de grandeur varient, l'image se déforme et l'humour surgit, à l'aise dans ce petit format d'écran étriqué.Boxe, zombie, organes factices, tout est passé en revue dans cet inventaire de recettes internet.
Elle peut .même changer de sexe, d'axe à l'envi!
Son corps pour s'adapter aux images ne cesse de revêtir toutes sortes de poses, attitudes, postures.
Les animaux y sont tout un chapitre, comique décalé à souhait; un revolver est prétexte à des collages surréalistes, pertinents et opérationnels. Corps-décor qui la traque, qui l'inféode au rythme, synchrone en diable avec les images et le timing de leur défilement
Au final, un peu de relaxation avec le bruit de son foehn virtuel, histoire de ne pas oublier ce gadget ...Et l'origine du monde est orifice des cordes vocales, ou tête de bébé sorti de l'argile boueux: on façonne le monde dans cette pièce où les deux partenaires, femme et écran, vivent conjointement des aventures picturales et sensorielles, entre artifice et réalité.Son chef d'oeuvre sera cette vanité, crâne défiant la vie, et on se quittera à la lueur d'un feu de cheminée...sur écran!
Belle performance, jouée, articulée par un corps en symbiose rythmique hallucinante avec la dynamique du montage-images.

Au TJP petite scène le 2 Avril
dans le cadre du festival extradanse, initié par Pole Sud


0 commentaires:

Enregistrer un commentaire