vendredi 7 juin 2019

"Le livre de danse classique le plus facile du monde"



De la première position aux pirouettes, du pas de deux aux arabesques, du maquillage au mime, découvre l’univers magique de la danse classique. Les principaux pas de danse à apprendre  facilement grâce à des mouvements expliqués en images, des  consignes claires et des exercices pour s’entraîner en musique !

jeudi 6 juin 2019

"Pièce d'actualité :désobéir" : elles ont du "clito" !


Un spectacle de Julie Berès | Texte et dramaturgie Alice Zeniter et Kevin Keiss 
Avec Lou-Adriana Bouziouane, Charmine Fariborzi, Hatice Ozer
 

"Entre fidélité et refus du poids de l’héritage, entre désirs immenses et sentiments d’impasse de l’époque, Julie Berès et son équipe entreprennent de sonder les rêves et les révoltes de jeunes femmes. Comment s’inventer soi-même, par-delà les assignations familiales et sociales ? Quel rapport à l’idéal, à l’amour, à la croyance, à la justice et à la violence se construit pour chacune d’elles ? S’engager. Se sentir engagée. C’est quoi ? Ça s’exprime comment ? Quelle radicalité faut-il pour affirmer sa liberté, ses choix de jeune femme à Aubervilliers et dans les villes alentour ? Une enquête sur les coordonnées de la confiance – ou pas – des jeunes femmes d’aujourd’hui."

D'emblée elles se présentent sur le plateau, en marche solidaire, arpentent leur territoire, fières et volontaires: le ton est donné sur la scène dépouillée, noire, vierge.
Elles taguent le mur de fond en inversant les lettres pour former "désobéir" et en faire leur leitmotiv, gravé sur le selfie !
Pour la vie ! L'une d'entre elles démarre le récit d'une vie, la sienne, auscultée au peigne fin, elle y conte la cartographie de ses cours d'histoire géo où l'on colorie volontairement les pays qui "chagrinent" les esprits colons et se met en état de colère: elle est voilée et tout de noir évoque sa lente adhésion au fanatisme de la religion musulmane "forcée" par les réseaux d'éducation djihadiste où elle rencontre Hassan, son virtuel amant formaté. Se "parler" sur whatsApp, se livrer sur son mur facebook et enfin un jour entendre une voix! Pour se faire dire qu'il faut porter le voile! La comédienne, au visage rond et chaleureux livre ses pensées, se dévoile peu à peu et très subtilement explique son tracé religieux.Convertie, mais déçue, elle rêve de devenir femme immane comme à l'étranger: une belle résolution pleine d'espoir et d'ouverture. Son visage filmé en direct en raconte long sur son côté naif et ingénu, très bien campé par la jeunesse offerte de l'actrice,Hatice Ozer .
Après avoir arraché le tapis de scène, elle passe le relais à un curieux personnage rebelle, "bagarreuse" à ses dires: c'est une danseuse iranienne, Charmine Fariborzi. danseuse de vie, robotisée à fond dans sa gestuelle hip-hop, à la garçonne. Elle vocifère contre la gente masculine, contre sa famille qui la frappe, la bat pour faire taire cette danse "endiablée" qui la libère du joug des traditions.Emprisonnée, incarcérée, femme battue, sa danse libératoire est contagieuse et se passe de l'une à l'autre: ces quatre filles-femmes audacieuses, rebelles, qui se "soulèvent" en duo, trio dansant puis quatuor à quatre feuilles toniques, dynamiques, énergiques comme ce qui les "émeut": le mouvement de révolte et surtout la désobéissance. La vraie, celle qui sème le trouble et la panique chez l'adversaire, l'homme sur-puissant. Une autre se profile, prend le relais à bras le corps; c'est Séphora Pondi qui se livre avec la rage au corps. Elle est noire, tellurique, en révolte et sa diction va bon train, affolée, surjouée à merveille avec un débit étonnant frisant l'hystérie de la rage.Un numéro de bravoure, très physique, habité par un corps éloquent, massif, puissant aux formes anti canoniques.Le diable au corps assurément. Jouer Agnès de chez Molière lui sera refusé, alors qu'à cela ne tienne, c'est pour nous qu'elle le fera, convoquant un spectateur à lui donner la réplique, alors que ses consœurs font chorus.  Une séquence hilarante, juste et sans concession aux règles de bienséance. Des femmes libres se manifestent, explorent leurs émotions et toutes à leur façon, en religion, se positionnent face au genre masculin dominateur; c'est la séquence où "Ce qui les fait mouiller" révèle leur caractère bien trempé, leur vision sur "le regard masculin" qui les tétanise et les met en état de rébellion constructive. "Femmes, couvrez-vous" .Pas question de renoncer à la beauté de ses cheveux, pour Lou -Adriana Bouziouane à la sensualité de cette parure naturelle qui éveille la convoitise des détenteurs du pouvoir.
 Insolentes, enragées, ces insurgées du verbe et du corps ne cessent de danser, de vaincre par le souffle, l'audace et le culot les pires pourfendeurs de la loi sexiste ou coranique.
Et c'est la danse qui mène le jeu construite par Jessica Noita, maitre de ce balai nettoyeur fort décapant. Ballet de facture insolite, pas de quatre déjanté pour filles qui ont "du clito" à défaut d'avoir des couilles, Dieu soit loué! Le film "Mustang" en mémoire....
La mise en scène de Julie Beres, complice de ces quatre filles dans le vent de la liberté, les entraîne dans un cheminement perpétuel, semé de mots truculents, dans un rythme infernal, un tempo sur le fil de la tension permanente qui tient le spectateur en empathie, en haleine.
Quelques images vidéo pour focaliser sur les visages, les pieds et le sol qui dansent, les sourires ou le noir et blanc de situations graves, traitées sur un mode de distanciation humoristique subtil et pertinent.
On en ressort fringant ouvert à une "traduction" des faits et gestes intuitive et intelligente comme la pensée d'une rabine Delphine Horvilleur.

Au TNS les 6 et 7 juin dans le cadre de l'autre saison
A La Manufacture dans "Avignon le off" cet été !


"Cabane" : à vos palettes!

Hôjô-Ki "Notes de ma cabane moine" D’après Kamo No Chomei.
Production et création Pôle Culturel Le Diapason. 
"Quand je me suis installé ici, je pensais que ce serait tout à fait transitoire, et voilà déjà cinq années ont passé. Ma demeure transitoire a vieilli elle aussi au point qu’à l’auvent une couche épaisse de feuilles mortes s’est accumulée et que les bois des fondations sont couvertes de mousse. A l’occasion, des nouvelles de la capitale m’arrivent d’elles-mêmes, et depuis que je me suis retiré dans cette montagne, bien des personnages nobles sont morts ; à plus forte raison innombrables sont les pauvres gens sans titres qui ont disparu dans cet intervalle de temps. Qui sait, de plus, le nombre de maisons détruites par les fréquents incendies ? Ma baraque provisoire est la seule à demeurer hors de tout souci".
Récit autobiographique d’une limpide simplicité, "mémorial plein de fraîcheur et de sentiment que l’on pourrait comparer aux livres de l’Américain Thoreau", comme l’a décrit CLAUDEL, les Notes de ma cabane de moine, rédigées en 1212, s’ouvrent par le constat de l’universelle précarité de la vie humaine.

Il erre déjà sur scène dans l'obscurité où l'on devine un décor de débâcle, palettes de bois entassées à la Kawamata, débris jonchant le sol, atmosphère d'après tempête, le calme revenu
kawamata

Dans le noir une voix off démarre le récit, ponctuée de sons de crayons griffonnant, de percussions de la main de l'artiste-plasticienne que l'on découvre, plein feux au fur et à mesure. Sur un écran en fond de scène, les graffitis, les lignes se forment crayonnant des sommets de montagne, en autant de traces, lignes, points. Alors que le récitant, assis à sa table conte l'histoire des pensées d'un homme ravagé par l'âge, le temps mais porté par la poésie d'un texte magnifique sur la précarité, le cataclysme, la tempête qui à décimé son paysage, mental autant que physique, géographique. 
A cette lecture répondent en direct dessins et musique pour ourler de leurs énergies sonores et visuelles, ce cataclysme évoqué qui frappe le pays et l'âme d'un vieillard
campé par Frédéric Solunto, juste ce qu'il faut dans l'évocation de l'effondrement physique, de la déchéance irrévocable d'un homme blessé par le sort. Égaré, hésitant, chancelant. Au graphisme, c'est CatL Meyer qui s'y colle, en kimono de geisha, sobre présence, debout devant son pupitre, puis invisible, traçant sur un paravent fictif de sa main surdimensionnée les à-coups, chocs et moments de grâce de ces mots. Paroles chargées de dramatiques instants de vie, de réflexions alors qu'un oud en silhouette, ombres chinoises,égrène ses sonorités dramatiques en autant de plaintes discrètes. La musique reprend le dessus avec l'oud de Nicolas Beck qui vibre aux sons de la voix du comédien-lecteur. Il hésite, se reprend ou cavale au galop pour accélérer sa chute ou son passage dans l'au-delà.
Personnage malveillant, acariâtre ou simplement témoin de ces catastrophes climatiques qui nous renvoient à notre propre position dans l'espace et le temps.
Cabanes évoquées par ce "sage" celles qu'il affectionne et qui ne sont plus que ruines ou tas de palettes, de lattes de bois.
Cabanes pour se réfugier, échapper au tsunami, à la conquête de l'homme sur la nature qui se déchaîne pour se soulever, protester; La rage des coups de pinceaux pour encore souligner cette défaite, cette embuscade qui mène à la mort, à la vie?
La mise en scène de Stéphane Litolff approfondit simplement ces états de corps dans l'espace ravagé. Une estrade se bâtit, tremplin de fortune, architecture de survie à la Shigeru Ban ou scène de tous ces malheurs confondus où des fleurs, des arbres resurgissent, en images, en panneaux lumineux laissant filtrer la lumière promise.
Silhouette-arbre, marionette manipulée...

SHIGERU BAN


Les mains de la plasticienne maculées de rouge, froissent une toile virtuelle, de sang tachée....Percussions de ses gestes en autant de petites touches de graphisme alors que l'homme solitaire et sa maison démontable pour éternel nomade, s'échine à raconter ce monde qui bascule avec lui.
Ou se tenir si ce n'est aux murs provisoires comme Charlot dans "La ruée vers l'or"..
Un peu de gestuelles zen pour notre anti- héros qui sombre sur son paquebot immobile devant une toile expressionniste,aux noirs appuyés...
Serions- nous chez Laban ou Wigmann, dansant le tragique, la peur, la guerre, l’effroi avec ses tons oscillant du rose fleuri, au noir tendu, grave.

Au diapason à Vendenheim les  5 et 6 Juin

Mise en scène et scénographie : Stéphane LITOLFF – avec Frédéric SOLUNTO : jeu, Nicolas BECK : musique et CatL MEYER, dessin en direct et décors. Création lumière, son et vidéo: Yann SCHWOB- Photos : WAYNE D’OZ- Costumes : Valérie DURAND


cabane de Buren !
cabane marie amélie germain
cabane rue des fourmis waydelich raymond