vendredi 20 décembre 2019

Maud Le Pladec, chorégraphe de "Notre Dame" de Valérie Donzelli !


"STATIC SHOT est mon prochain projet chorégraphique imaginé pour les danseurs du Ballet de Lorraine. Cette pièce qui verra le jour en 2020 repose sur une expérience artistique forte vécue pour la première fois il y a quelques mois : la rencontre de la danse avec le cinéma. En effet, la réalisatrice Valérie Donzelli m’a invitée à participer et collaborer sur son long métrage, «Notre-Dame », fiction dansée qui sortira sur les écrans la saison prochaine. Si cette expérience m’enthousiasmait d’un point de vue à la fois personnel et artistique, je n’avais pas imaginé à quel point celle-ci serait révélatrice d’un désir nouveau et pressant de questionner ma pratique à travers le 7ème art. Loin de moins l’idée d’introduire la projection d’images dans mes pièces. Non, c’est surtout à un niveau sensible mais aussi conceptuel et intellectuel que le choc a opéré. Les résonances de cette nouvelle expérience esthétique m’ayant permis d’ouvrir une réflexion autour du corps et de ses représentations, mais aussi, de continuer à creuser ma recherche sur le mouvement dansé.
Pour STATIC SHOT, j’imagine un dispositif scénique bien spécifique, entre pièce chorégraphique, installation scénique et dispositif cinématographique, la pièce se montre tel un plan fixe ou plan séquence, un huis clos ou encore un cadre fixe dans lequel la « caméra », ici le mouvement et le regard, ne s’arrêtent jamais. Un voyage immobile en quelque sorte. La plasticité des images, la représentation des corps mais aussi l’énergie et les flux seront constitutifs de cette scène dont la danse, d’une extrême précision et d’une haute intensité, ne quitte jamais son apogée. Les nuances, allant du mezzo forte au fortississimo, feront de cette pièce un crescendo permanent, invitant les spectateurs à participer à une extase sans fin.

"Une journée extraordianaire": bougez avec la poste !


Dans la ligne de sa stratégie « Horizon 2020 Conquérir l’avenir », La Poste reprend la parole avec sa nouvelle campagne de marque signée BETC/Havas Paris. « Une journée extraordinaire » renouvelle le territoire de communication initié il y a deux ans avec la campagne danse « Simplifier la vie » sous le prisme de la comédie musicale : les bénéfices offerts par les services et produits de La Poste sont à présent chantés et dansés par les Français. Réalisée par Dave Meyers (Badass), chorégraphié par Olivier Casamayou et Carine Charaire, réputé pour ses clips internationaux, la comédie musicale fait référence aux grandes comédies musicales françaises des années 60 tout en intégrant les codes actuels, portée par la musique originale composée par Juliette Armanet (qui prête sa voix à la libraire) avec Victor le Masne. Véritable objet cinématographique où mouvements de caméras, décors, stylisme, et chorégraphies enlevées exaltent la mission de La Poste, simplifier chaque jour et partout le quotidien de tous les Français, le film est tout naturellement dévoilé au cinéma en formats 90 et 60 secondes à partir du 18 décembre.

En parallèle, un partenariat brand content avec Allocine rassemblera sur le site la bande-annonce du film, sa fiche technique, le making of et l’affiche spécialement imaginée pour l’occasion.
En TV, le format de 90 secondes sera diffusé une fois en événementiel sur TF1 le 29 décembre, puis un format 60 secondes, deux 30 secondes et six formats produits pédagogiques prendront le relai.

lundi 16 décembre 2019

"Ceci n'est pas mon corps"d' Olga Mesa : corps gourmand : prenez et mangez en tous ! !


"Plus de vingt ans après sa création, le solo manifeste d’Olga Mesa, Esto no es mi cuerpo, fait l’objet d’une reprise. La chorégraphe revisite son langage brut et intense auprès de Natacha Kouznetsova. Fascinant travail de transmission où l’interprète s’approprie corps et écriture avec toute la délicatesse et la puissance de cette partition des émotions. Premier volet d’une trilogie intitulée Res non verba, « les choses, pas les mots »,  Esto no es mi cuerpo, se consacre aux manifestations involontaires du corps et à ses émotions. Point d’appui de ce parcours de l’intime, la relation à d’autres gestes artistiques, comme en témoigne le titre emblématique de cette performance. D’emblée, c’est au tableau de Magritte «Ceci n’est pas une pipe», que la chorégraphe répond «Ceci n’est pas mon corps». Fondatrice de sa démarche, cette pièce s’ouvre sur une rêverie autobiographique de l’artiste qui rend hommage entre autre au cinéma de Tarkovski. Empreinte d’une forte dimension charnelle, elle est aussi une sorte de mise à nu des sentiments chorégraphiée et performée entre états de veille et déflagrations de gestes, égrenages de mots et projections visuelles. Un travail qui envisage le corps dans la terrible beauté de sa défaite. Dans 2019. Ceci n’est pas mon corps, au plus proche de cette danse écrite sous la loi du cœur, Natacha Kouznetsova s’empare de cet univers énigmatique, de la gravité qui le porte, avec une captivante et singulière personnalité."



Olga, puisque te rev'là ! et que Natacha est là !
Et en maitresse de maison ou de cérémonie, elle arpente le plateau en compagnie du public qu'elle a auparavant invité à découvrir sa "cartographie" chorégraphique, traces et signes dessinés au sol quadrillé de noir et blanc comme au jeu "de dames".Car de "dames" il s'agira sur cette carte du "tendre": paysage labyrinthique de la pensée d'Olga, cap sur la terre ferme,comme la qualité gestuelle de Natacha qui empruntera son enveloppe charnelle durant cette "passation de rôle".
Mais, il ne s'agit pas là de transmission, mais d'une ré-écriture contemporaine née d'une "relation entre créatures, désir de partager quelque chose d'impossible mais nécessaire". Aux dires d'Olga qu'elle nous confie  sur scène en prologue, vêtue de noir, toute rousse, il s'agit "d'attraper la mémoire par l'ici et maintenant" .
La robe de la pièce originale est brandie, non en trophée, mais en "relique" d'une autre époque, d'un autre contexte. Aujourd'hui, c'est Natacha qui l’endosse, son clone corporel qui revêt sa stratégie, son protocole, son processus de création. Des habits d'Olga, elle fait une seconde peau qui effleure les sens, du "début" au "final" gravé à terre: une démarche fière de femme forte, habitée par les sensations, une chaussure en main pour en faire un objet fétiche, frappant. Des images sur multi-écrans la dissimulent aux regards alors qu'elle se touche, se tend, se tâte et ausculte son corps, impudique et sensuelle.  Elle s'évalue, se considère, s’écartèle en grand écart, geste onanique, jouisseur:toute l'histoire de la ballerine de Gunter Grass incorporée!
Corps filmé, scruté, la danse toujours charnelle simultanément virtuelle aussi !
Des images de travailleuses, transpirant, laborieuses à la Edgar Degas surgissent, corps fatigué mais si érotique, se livrant généreusement. Corps de femme,origine du monde sans rideau masquant la réalité des sens et la beauté d'un corps en grand émoi.
Olga double sa proie docile, clone, alter ego, modèle à imiter en léger différé. Quelques acrobaties feintes, des attitudes en espagnole conquérante.....Solide interprète, avec sa corpulence voisine de celle d'Olga, Natacha explose, se régale, nous régale de son corps gourmand, de ses mimiques grotesques. Livrée, abandonnée, elle se dévore, vorace, se signe, pèche par omission, alors qu'Olga veille au grain et envoie de son ordinateur  des messages épistolaires, livrés sur écran: elles correspondent, corps respons danse évidente...Les caméras,les pieds et supports de ces vecteurs et facteurs  d'images virtuelles opèrent dans la scénographie prolixe comme autant d'acteurs engagés sur le plateau.Des points de vue multiples brouillent les pistes, surexposent les espaces, entremêlent la lecture pour mieux déstabiliser le regard sur les reptations érotiques de la danseuse: mort du cygne annoncée. Des bruits de pas, des cloches, des ombres chinoises ponctuent l'espace, bruissent en même temps que ce corps qui vibre devant nous, face à nous. Pas chaste du tout cette danse, péché capital, Natacha en pécheresse joyeuse, micro en bouche, susurrant des réflexions sur la sensualité de la musique de Bach !
La danse, sans fil à la patte, pourtant reliée à la technologie savante d'un dispositif très complexe, se savoure simplement. Jumelles dans leur carré de lumière, les deux protagonistes, nymphes ou chrysalides, incarnent l'incandescence des sens, d'un langage "énervé" à fleur de peau, troublant. Une poursuite comme une lune les rattrape. Femmes au travail comme un tableau de Degas où l'on transpire dans le labeur, vêtues de peu et laborieuses créatures de rêve...Léonard Cohen, des images empruntées de films cultes crèvent leur intimité: un clap de cinéma devant l'écran pour simuler le studio, l'espace investi par la danse et les images. Les écrans se multiplient, deviennent étendards à la Colomer. Un métronome sur la tête, Natacha prend son temps, règle le tempo: danse avec les supports-surfaces tendus reflétant une autre réalité, virtuelle, simultanément. La scénographie est virtuose, le récit , poignant et l'émotion gagne le spectateur, témoin, passeur lui aussi de tension-détente, de mémoire vive, de sensations.
Très "incarnée" cette pièce est bien de la patte d'Olga, de sa griffe rehaussée de multiples complicités artistiques, de hors-champs divers. Offertoire du corps livré à toute cette gamme de passeurs, ostensoirs sacrés dans l'antre du spirituel très païen, la danse est fébrile, certaine et appuyée de propos où le corps est "considéré", magnifié, extraverti et beau, servi par une interprète virtuose de la densité émotionnelle.
Ceci est bien son corps, à son corps défendant, tant cette proposition de lecture sur la transmission est original. Ébouriffant et déstructuré, au diable les archives, la mémoire, le patrimoine: on vit ici des instants de réincarnation joyeux, sensuels et parfaitement débordés par les technologies nouvelles, maniées de main de maitre par l'intelligence de Francisco Ruiz de Infante, la régie générale de Xulia Rey Ramos, les regards extérieurs très discrets et efficaces d'Irène Filiberti et Roberto Fratini Serafide.
Toutes ces contributions pour un solo, si foisonnant, si impactant, si touchant.
Natacha Kouznetsova brossant un personnage de l'Espagne à la Russie, terres fertiles et mouvantes d' échanges fructueux: la danse comme ambassadrice de la pluralité, de l'ouverture, de la diversité, éminemment poétique, politique !

A Pole Sud jusqu'au 18 Décembre