samedi 16 janvier 2021

"la ronde" de boris charmatz: la danse, jamais absente comme "la servante" du théâtre !

 



En raison des conditions sanitaires actuelles, nous ne pourrons malheureusement pas accueillir de public dans le Grand Palais pour La Ronde le 16 janvier, ce qui nous attriste profondément ! Mais le spectacle sera filmé, et fera l’objet d’une diffusion sur France 5, le 12 mars à 20h50, accompagnée d’un documentaire sur la conception du projet, qui a connu de nombreux rebondissements du fait de la pandémie. Happening Tempête est reporté au 8 mai 2021 dans le Grand Palais éphémère sur le Champ de Mars, où nous aurons le plaisir de vous accueillir.


"Après 120 ans d’une vie trépidante, le Grand Palais, nécessite une importante restauration. Plus d’un siècle après sa création, il entre aujourd’hui dans une nouvelle phase de son histoire. Au début de l’année 2021, il fermera momentanément ses portes pour entamer de grands travaux de restauration. J’ai souhaité inviter un artiste à imaginer une création pour marquer cette nouvelle étape de la vie du Grand Palais. Une sorte de rite de passage, où la Nef mise à nue sera offerte aux publics avant sa fermeture provisoire.

Un événement artistique tourné vers l’avenir et vers un Grand Palais encore plus ouvert à tous, plus accessible, ancré dans les mouvements et les réflexions qui traversent notre société, et qui offre au visiteur la possibilité d’être un acteur et un citoyen de son temps."

Chris Dercon



"Le Grand Palais est une cathédrale de la république. Même déserté au printemps de toutes ses activités, le lieu vide parlait encore. Il continue à résonner de sa longue histoire. Il me semble être un écrin gigantesque aux désirs les plus intimes.
Comme on ne peut passer abruptement du confinement à la foule, j’ai imaginé une ronde, La Ronde. Arthur Schnitzler a écrit ce texte extraordinaire de couples enchaînés les uns aux autres au moment où se construisait le Grand Palais. En 1900, le lieu ouvre alors que Schnitzler publie à compte d’auteur son œuvre qui fera scandale, en raison de la thématique sexuelle... ou de la judaïté de l’auteur.
Fermeture autour de la figure du duo, et ouverture infinie de la chaîne qui déplace les corps, les transperce. Schnitzler dit crûment amour et sexe des personnages sociaux (la comédienne, le soldat, la prostituée, le comte...). Il invente un protocole du désir perméable, passé et transmis à l’autre, parfois dans la tension, dans l’absence de concordance. La dramaturgie de ce livre est déjà une danse où les couples jamais ne se referment mais toujours rencontrent l’autre. Le Grand Palais est démesuré, il est difficile d’imaginer là une demi-mesure. Soit on peut y déclencher une tempête avec 6 000 personnes en présence, soit le considérer comme un écrin et y déposer délicatement un joyau prosaïque : une chaîne infinie de duos dansants, chantants, parlants.
Les corps bougent, se heurtent, s’embrassent, se quittent et pourtant restent, se lient dans l’espace mental, s’ancrent pour maintenir une continuité du vivant et du désir.

J’imagine une série de couples enchâssés, un paysage de duo dansants, parlants, chantants, avec des artistes hors normes, qui se suspendent au temps pour entretenir ce foyer plusieurs heures durant. Des morceaux iconiques sortis de l’Histoire (de Don Quichotte à Dirty Dancing en passant par Anne Teresa De Keersmaeker), des duos inventés pour l’occasion, des extraits de Schnitzler, des artistes qui ouvrent les sens et entraînent les visiteurs. Un événement dont la durée sera embrassée par tous, interprètes et public, dans un doux et long embrasement chorégraphique partagé.
Puis, avec le jour nouveau, le public sera invité à rejoindre un collectif de corps dans une tempête de gestes -isolés-. Un échauffement XXL. Un gigantesque atelier pour tous. Une performance fugace, avant la clôture pour travaux. Quand même. Une explosion d’amour pour la clôture du Grand Palais."

Boris Charmatz, juin 2020


vendredi 25 décembre 2020

"Quand nos souvenirs viendront danser" : un nouveau titre dans ma collection !

 


« Lorsque nous avons emménagé impasse des Colibris, nous avions vingt ans, ça sentait la peinture fraîche et les projets, nous nous prêtions main-forte entre voisins en traversant les jardins non clôturés.
Soixante-trois ans plus tard, les haies ont poussé et nous ne nous adressons la parole qu’en cas de nécessité absolue.
Quand le maire annonce qu’il va raser l’impasse – nos maisons, nos mémoires, nos vies –, nous oublions le passé pour nous allier et nous battre. Tous les coups sont permis : nous n’avons plus rien à perdre, et c’est plus excitant qu’une sieste devant Motus. »
À travers le récit de leur combat et une plongée dans ses souvenirs, Marceline raconte une magnifique histoire d’amour, les secrets de toute une famille et la force des liens qui tissent une amitié.

Virginie Grimaldi continue de bercer nos quotidiens avec ses personnages irrésistiblement drôles et attachants. Héloïse Goy, Télé 7 jours.

Son meilleur roman, émouvant et malicieux. Sandrine Bajos, Le Parisien.


 

jeudi 17 décembre 2020

"Corps": Raphaël Cendo et l'Ensemble Linéa : corps et graphiquement en accord !

 


Un CD, un disque tout récent à peine sorti des presses: un événement à la hauteur du combat que mènent les artistes en ces temps de turbulence, de fracture, et de pressions de toute sorte...

Trois œuvres signées Raphaël Cendo, compagnon de route de l'Ensemble Linéa depuis 2013;

"Corps", Graphein", "Action Painting",trois titres  en étroite relation avec l'instrument, qu'il soit acoustique ou corporel: une ode au physique, à la matière, au geste et à l'engagement physique de l'interprète dans la réalisation, la physicalité d'une expérience singulière: délivrer la composition musicale d'un auteur dans l'instant de sa transmission physique, perceptible, visuelle et audible.Une écriture charnelle inédite pour des sonorités hors des sentiers battus. Et comme interprète de la pièce "Corps", Wilhem Latchoumia: félins pour l'autre !

Un voyage nous attend au creux du temps, de la matière sonore.

A propos de "Corps" .

Le chaos, le piano au taquet ! Saturation, exubérance, revirement constant.Le piano, trituré, augmenté, volubile, versatile: on imagine l'interprète, porté par ce cataclysme qu'il provoque, auquel il participe allègrement. Flux et reflux des sons pour atteindre le calme, comme une réconciliation dans un mugissement de sirène.Atmosphère sous-marine avec murène et combat acerbe entre piano et ensemble, en ruades, rebond et déchainement horripilant. Frappe irrévocable des percussions Insert des cordes entre les escapades contrôlées du piano Ambiance cavernicole, menaçante, inquiétante... Les matières sonores s'inventent, par touches, par impact. Échos métalliques, résonances et réverbérations palpitantes du son, mugissant échafaudage tremblant d'un édifice en déséquilibre. Coulées de notes incandescentes, très terrestres, solides, tectoniques. Contraste entre l'immersion des sonorités et  leur émergence.Énigme, étrangeté de ce grimoire à ouvrir avec délicatesse, tel une boite de Pandore... Le piano reprend le pas, percussions et cordes se déchainent, un gong se replace: fusion et émulsion du son, déferlement inopiné, déconcertant de bruits et de fureurs.Un univers mouvant, des matières sonores en éruption. Une lente progression mènerait à une issue sans "annonce" anticipée, excepté la baisse des décibels, laissant place au suspens, mystère et autres esprits languissants comme habitants...On imagine les interprètes à défaut de les voir, émettre et créer ces sons polychromes et "enchanteurs";Les oubliettes fantasmagoriques d'un monde peuplé de sons inventés, surgis de matières en fusion.Un dernier phénomène de déconstruction radicale s'embrase, plongeon dans l'enfer extravagant du style Condo: un train d'enfer en épilogue quitte le quai: foisonnement de propositions hétérogènes, jusqu'au gazouillis final des cordes, des sifflements des vents ,la colère des percussions...

"Graphien"

Survoltée, l'écriture de Raphaël Cendo, irradiante, démesure au delà des frontières et des cadres, indomptable, irascible, déchainée, radicale Indomptable trublion hérissé, griffes dehors, déchirant les voiles dans des inventions fertiles et prolixes, inouïes...Pas "fréquentables", ces fréquences incongrues; pas de domestication possible pour cette bête enragée, passible de corrections inimaginables, de redressements incommensurables. Enfant terrible de l'inventivité déraisonnable, face aux "lois" de la dé-composition ou re-composition musicale Radical en diable et complètement "timbré".

La profusion des sons incalculables, issus de sources non identifiables fait leurre. Fatras et pataquès redoutable, écriture tectonique, géologique, celle de plaques qui se diffractent, se fracturent, déboulent, s'entrechoquent pour mieux s'effondrer. Cité interdite où le défricheur, voyageur, explorateur de l'inconnu pénètre en conquérant des territoires incertains, vierges qui oscillent, chavirent, se retournent, se renversent.Danser du Cendo serait un doux euphémisme,pléonasme tant l'équilibre de ses compositions est instable, surprenant, désorientant. Feu d'artifice incandescent bien de notre temps.Déchainement et bassin d'effondrement, roche métamorphique en mille-feuilles de schiste scintillant.

Quant à "Action painting"la musique fébrile et tonitruante se confirme On y reconnait ni identifie "personne" d'entre les instruments tant ce "charivari" savant, déboussole, riche de pierres précieuses non identifiables. Dans une énergie vitale, fracassante, les instruments se catapultent, se déchainent, déversant un flot de timbres inédits aux ressources insoupçonnées. Sur notre perception des sons. Ventilation, pulsion, pulsations, déflagrations au poing. Tempête et tsunami en figure de proue.Raz de marée sonore, capable de se déplacer de son giron en un clin d’œil. C'est un spectacle sonore, visuel, lumineux où le geste l'emporte pour mieux se déplacer, se mettre en mouvement et déplacements incessants. Acharné, répétitif emportement qui fait escale en bout de piste sur le tarmac de l’inouï.

Un CD qui intranquillise et déploie toute la richesse d'une musique radicale sans concession à l'écriture musicale intronisée.

L'Ensemble Linéa, fidèle à sa ligne éditoriale: "étonnez moi", sous la direction de Jean Philippe Wurtz

En coproduction avec "l'empreinte digitale"