jeudi 3 octobre 2024

"Sonic Temple vol. 6 La récupération"

 


PoulainJar

Inventif et artisanal, poétique et décapant, libre et indiscipliné, PoulainJar est un duo sonore qui expérimente des chansons de gestes pour la scène.

 


I N S T I T U T R I C E

La musique d’ I N S T I T U T R I C E évoque par moments les gongs horizontaux appelés kong vong thom de l’orchestre cambodgien, ou les fulgurances d’un ensemble de gongs kolintang de Mindanao, au sud des Philippines. On est ici dans le monde flottant d’un folklore imaginaire dont les sonorités évoquent ces musiques traditionnelles asiatiques, mais étrangement propulsé par un drive puissant, une mise en place au cordeau et troublé de sons électroniques discrets.

percussions, sons environnementaux, traitement sonore | Éric Bentz & Jean-Baptiste Geoffroy



Petr Válek, Jára Tarnovski, Ondřej Merta : Metal

Ce premier projet collaboratif entre Petr Válek, Ondřej Merta et Jara Tarnovski, est l’occasion de nous confronter à l’élasticité sonore du métal, utilisé de différentes manières sur de multiples supports, pour créer des titres à l’agitation incessante.
Les objets utilisés glissent, se frottent, se cognent à des surfaces toutes plus différentes les unes que les autres, cuir, plastique, métal, bois… donnant naissance à un espace en émulation, entonnoir rythmique d’une nature invisible amplifiée.



ladr ache

Avec un instrumentarium composite où percussions, objets du quotidien, cordophones et oscillateurs électroniques tissent un tapis sonore où poser leurs voix, les six musiciennes de ladr ache créent un improbable pont entre polyphonies aux échos baroques et signal en dents de scie saturé. Textes, musiques et chansons de récup glanés dans toutes les traditions du futur… Elles font puissamment scintiller le présent et invitent le public à encercler le cercle qu’elles forment sur scène ou dans la salle. Des cérémonies à vivre ensemble où le collectif l’emporte à chaque fois.

A l'église ST Paul le 3 Octobre dans le cadre du festival MUSICA

"White dog" : du chien, de la rage, du mordant et de l'empathie!


 

Adapté de Chien blanc, récit autobiographique de Romain Gary (Éditions Gallimard, 1970), cette pièce prend la forme d’un thriller social en pleine Amérique ségrégationniste. Le romancier, installé avec son épouse Jean Seberg à Hollywood, recueille un berger allemand abandonné. Découvrant qu’il attaque systématiquement les afro-américain·es, il met en parallèle la monstruosité humaine et la sauvagerie qui fait rage dans le pays, en pleine lutte pour les Droits civiques. Au rythme d’une batterie jazz, deux marionnettistes blanc et noir se partagent tous les rôles de cette histoire d’une manipulation très politique. Humaniste forcené, l’écrivain d’ascendance juive et polonaise, qui fut aussi deux fois lauréat du prix Goncourt, interroge la fabrique de la haine et la possibilité de la désapprendre. Le chien, pantin de papier manipulé par les hommes, suscite l’empathie du public qui voit sa part sombre naître grâce au théâtre d’ombre. Au milieu de grandes feuilles vierges dont les métamorphoses en direct viennent donner vie aux chapitres du livre, les pages se noircissent de mots, d’images d’archives et de pop-up révélant, pas-à-pas, les trous et les non-dits de l’histoire.

 


Une petite estrade, un sol carrelé, des ombres chinoises en prologue tracées sur des pendrillons blancs. Cela a déjà du "mordant" dans la diction, les paroles et gestes du comédien qui se profile. Percussions et traduction en langage des signes comme accompagnement fidèle tout le long de ce spectacle-manifeste poétique et politiquement très correct. Belle relecture de l'oeuvre et du destin de Romain Garry auprès de l'actrice Jean Seberg, personnages incarnés par deux marionnettes de taille humaines, manipulées et enfilées par les comédiens.C'est tout à fait réussi et probant, mobile, agile et les mouvements des personnages sont parfaitement adaptés à cette singulière motricité. Le chien , personnage principal de cette histoire revisitée est exceptionnel de véracité et authenticité Marionnette, enfilée, long corps animal souple, flexible. Le tout bordé d'une scénographie savante et sophistiquée. De la blancheur pour cette scène tournante qui devient manège peuplé de polis petits chiens politiciens. Les crocs attaquent, le chien est menaçant métaphoriquement: croc blanc qui dévore les noirs. Dressé pour et pourtant très attachant. Ses attitudes, posture pleines d'attention et d'observation sur les us et coutumes d' un canin! 

C'est le milieu du cinéma qui est interrogé: un cascadeur désacralise le métier dans son carré 4/3 de poste de télévision. Reconverti en dresseur de chien, il est chargé de déconstruire l'éducation du chien d'attaque, chasseur de noirs.Ce sont aussi les médias et les images d'archive qui interrogent l'actualité des USA durant les émeutes raciales de 1968. Une belle leçon d'histoire que ce "white dog" mené bon train dans un rythme palpitant au son des percussions omniprésentes. Le chien dans son enclos de bois, comme prisonnier de ses maitres. La scène tournante est de bon aloi, de petits pas de danse jazzy pour l'ambiance country font le reste de la mise en scène. Ce décor de papier blanc, de la race blanche qui est puissante, devient symbole d'occupation de territoire. On rêve d'une nation noire, sur fond blanc... Désapprendre le dressage, qu'il soit du chien ou de la propagande raciste serait le leitmotiv: tous au final portent ce masque canin. Bas les masques...



 

Formée à l’art de la marionnette à Glasgow, Camille Trouvé co-fonde la Compagnie Les Chiffonnières. Jusqu’en 2006, elle mène avec ces plasticiennes et musiciennes une recherche sur le rapport entre image et musique. Elle se forme auprès de grand·es metteur·euses en scène et auteur·rices de théâtre tels que Wajdi Mouawad, François Cervantes et Catherine Germain, avant de suivre la formation continue de l’École nationale supérieure des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières. Constructrice, bricoleuse d’objets articulés et insolites, marionnettiste et comédienne, elle poursuit ses expérimentations, traçant au fil des créations un univers visuel, original et décalé. Circassien de formation, Brice Berthoud a débuté comme fil-de-fériste et jongleur dans la compagnie Le Colimaçon, créant des spectacles mêlant les arts du cirque et la comédie. En 1994, il intègre la compagnie strasbourgeoise Flash Marionnettes. Sa technique de manipulation emprunte d’une certaine manière au jonglage par la dextérité et la virtuosité avec laquelle il change de marionnettes. En 2000, Camille Trouvé et Brice Berthoud co-fondent Les Anges au Plafond, projet pluridisciplinaire à la croisée des arts : théâtre, arts plastiques, art du mouvement, magie nouvelle et musique dans le domaine théâtral. En octobre 2021, le duo devient co-directeur·ices du Centre Dramatique National de Normandie Rouen. Iels ont présenté au TJP Le Bal marionnettique.

 
  Au TJP Grande scène jusqu'au 5 octobre

"Birds"  Ensemble Maja : ouvrez la cage aux oiseaux...C'est comme l'oiseau !

 


THÉÂTRE MUSICAL

De drôles d’oiseaux de l’avant-garde du XXe siècle sont réunis sur une même scène par un jeune ensemble prometteur sous la direction de Bianca Chillemi.

Les Aventures et Nouvelles Aventures de György Ligeti ouvrent le bal dans une interprétation à la lettre, mais néanmoins déjantée, auxquelles succède un autre périple, tout aussi délirant, celui des Eight Songs for a Mad King de Maxwell Davies illustrant le monarque du Royaume-Uni George III gagné par la folie. Une nouvelle génération d’interprètes reprend à son compte la fougue créative des années 1960 et écrase le champignon de la musique contemporaine — avec brio, avec humour, sans complexe.


György Ligeti
, Aventures et Nouvelles aventures (1962/65)
Ligeti  dans tous ses états:il fallait oser, ils l'ont fait. Magnifique et drôle interprétation de cette oeuvre par des musiciens-chanteurs-comédiens de haut vol.  Maquillés à la Frankenstein, un peu gore et habillés comme des gentleman ou officiers les "hommes" ont fière ou piètre allure. Les trois cantatrices, quand à elles sont pailletés, longues robes-cloches bouffantes de gala et autres prestation guinée et bourgeoise.Le jeu du maitre de cérémonie, chanteur démoniaque et joueur excellent de rôles divers est sublime Entre mime et danse, élucubration vocales, verbales et sonore, il excelle dans le bluff et la drôlerie. Jamais une composition du maitre Ligeti n'avait revêtue pareilles formes.Extravagante mise en espace entre les instruments, leur fonction détournée, décalée en siège, accoudoirs ou autre support corporel de jeu.  Ça caquette dans cette volière fébrile, animée, décapante à souhait. Surjouées, les rôles s'enchainent piqués d'humour et de détachement: scènes de jalousie, d'hésitation, de rixe et frappes entre les protagonistes qui se disputent les meilleures places. Concurrence déloyale avec les musiciens qui donnent aussi le là, au diapason de cette fresque burlesque et très relevée, pimentée. Survoltées, les trois femmes pépient, crient, hurlent ou chante le belcanto. Électriques, moqueuses, ou très maniérées. Caricatures fabuleuses d'une narration invraisemblable. Peu importe, on pouffe de rires quand le grand dégingandé volubile arpente la scène sur la pointe des pieds: histoire de disparaitre ou de se dissimuler au regard. Le chef d'orchestre improvisé au pied levé avec son chasse-mouche d'époque fait le reste. Coquettes et caquetantes les femmes n'ont point de réserve et c'est tant mieux. Un ballet de gestes au ralenti ponctue ces pérégrinations cocasses avec bonheur: un peu de répi dans cette course folle, ce film muet un peu gore en contrepoint. Panique au mégaphone, zizanie et grand bazar au regard du très sérieux Ligeti. Touché, coulé! C'est gagné!

Peter Maxwell Davies, Eight Songs for a Mad King (1969) 
On passe à bien autre chose, lentement dans un temps de repos, de détente, , interlude et pause salutaire, accalmie rythmique après la tempête. Une gigantesque couronne, "couronne" le tout, suspendue aux cimaises. Apparition du Roi, grande silhouette dégingandée qui arpente le plateau, vociférant. Ubu en personne tout au long de sa prestation grand-guignolesque qui va suivre. Les instruments sont détournés et son mime exaspéré, vociférant est de bon aloi pour créer de toute pièce un anti roitelet de pacotille.Des bruits, des imitations de sons du quotidien pour auréoler ce jeu disgracieux et tonitruant. Lez roi chante, hurle,aux loups s'exprime et s'expose, fou, foutraque, désespérant. La couronne devient cage à oiseaux ou fleurs, emprisonnant notre héros derrière les barreaux. Aux oubliette, en tôle et sous les verrous de la musique et des actions de ses vassaux. Un discours flamboyant, harangue pour ne pas se faire oublier ni détrôner trop rapidement. L'acteur chanteur au top de l'incarnation de cet être fantoche.Épinette et chant baroque en contrepoint de cette prestation décapante mais quelque pezu rallongée par des répétitions et redondances de propos musicaux et verbaux. Un bon délire tout de même assumé par l'ensemble Maja de toute pièce.

I - The Sentry (King Prussia’s Minuet)
II - The country walk (La Promenade)
III - The Lady-in-waiting (Miss Murgraves Fancy)
IV - To be sung on the water (Waterman)
V - The Phantom Queen (He’s Ay A-kissing Me)
VI - The Counterfeit
VII - Country Dance (Scotch Bonnet)
VIII - The Review (A spanish March)


piano et direction artistique | Bianca Chillemi
scénographie | Cécilia Galli
lumière | Daniel Lévy
costumes | Ninon Lechevallier

soprano | Anne-Laure Hulin
mezzo-soprano | Romie Estèves
baryton | Pierre Barret-Mémy et Vincent Bouchot

flûte | Samuel Bricault
clarinette | Joséphine Besançon
cor | Mathilde Fevre
violon | Apolline Kirklar
violoncelle | Clotilde Lacroix
contrebasse | Rémi Demangeon
clavecin | Grégoire Laugraud
percussions | Valentin Dubois

A la Cité de la Musique et de la Danse le 2 Octobre dans le cadre du festival MUSICA