THÉÂTRE MUSICAL
De drôles d’oiseaux de l’avant-garde du XXe siècle
sont réunis sur une même scène par un jeune ensemble prometteur sous la
direction de Bianca Chillemi.
Les Aventures et Nouvelles Aventures
de György Ligeti ouvrent le bal dans une interprétation à la lettre,
mais néanmoins déjantée, auxquelles succède un autre périple, tout aussi
délirant, celui des Eight Songs for a Mad King de Maxwell
Davies illustrant le monarque du Royaume-Uni George III gagné par la
folie. Une nouvelle génération d’interprètes reprend à son compte la
fougue créative des années 1960 et écrase le champignon de la musique
contemporaine — avec brio, avec humour, sans complexe.
György Ligeti,
Aventures et Nouvelles aventures (1962/65)
Ligeti dans tous ses états:il fallait oser, ils l'ont fait. Magnifique et drôle interprétation de cette oeuvre par des musiciens-chanteurs-comédiens de haut vol. Maquillés à la Frankenstein, un peu gore et habillés comme des gentleman ou officiers les "hommes" ont fière ou piètre allure. Les trois cantatrices, quand à elles sont pailletés, longues robes-cloches bouffantes de gala et autres prestation guinée et bourgeoise.Le jeu du maitre de cérémonie, chanteur démoniaque et joueur excellent de rôles divers est sublime Entre mime et danse, élucubration vocales, verbales et sonore, il excelle dans le bluff et la drôlerie. Jamais une composition du maitre Ligeti n'avait revêtue pareilles formes.Extravagante mise en espace entre les instruments, leur fonction détournée, décalée en siège, accoudoirs ou autre support corporel de jeu. Ça caquette dans cette volière fébrile, animée, décapante à souhait. Surjouées, les rôles s'enchainent piqués d'humour et de détachement: scènes de jalousie, d'hésitation, de rixe et frappes entre les protagonistes qui se disputent les meilleures places. Concurrence déloyale avec les musiciens qui donnent aussi le là, au diapason de cette fresque burlesque et très relevée, pimentée. Survoltées, les trois femmes pépient, crient, hurlent ou chante le belcanto. Électriques, moqueuses, ou très maniérées. Caricatures fabuleuses d'une narration invraisemblable. Peu importe, on pouffe de rires quand le grand dégingandé volubile arpente la scène sur la pointe des pieds: histoire de disparaitre ou de se dissimuler au regard. Le chef d'orchestre improvisé au pied levé avec son chasse-mouche d'époque fait le reste. Coquettes et caquetantes les femmes n'ont point de réserve et c'est tant mieux. Un ballet de gestes au ralenti ponctue ces pérégrinations cocasses avec bonheur: un peu de répi dans cette course folle, ce film muet un peu gore en contrepoint. Panique au mégaphone, zizanie et grand bazar au regard du très sérieux Ligeti. Touché, coulé! C'est gagné!
Peter Maxwell Davies, Eight Songs for a Mad King (1969)
On passe à bien autre chose, lentement dans un temps de repos, de détente, , interlude et pause salutaire, accalmie rythmique après la tempête. Une gigantesque couronne, "couronne" le tout, suspendue aux cimaises. Apparition du Roi, grande silhouette dégingandée qui arpente le plateau, vociférant. Ubu en personne tout au long de sa prestation grand-guignolesque qui va suivre. Les instruments sont détournés et son mime exaspéré, vociférant est de bon aloi pour créer de toute pièce un anti roitelet de pacotille.Des bruits, des imitations de sons du quotidien pour auréoler ce jeu disgracieux et tonitruant. Lez roi chante, hurle,aux loups s'exprime et s'expose, fou, foutraque, désespérant. La couronne devient cage à oiseaux ou fleurs, emprisonnant notre héros derrière les barreaux. Aux oubliette, en tôle et sous les verrous de la musique et des actions de ses vassaux. Un discours flamboyant, harangue pour ne pas se faire oublier ni détrôner trop rapidement. L'acteur chanteur au top de l'incarnation de cet être fantoche.Épinette et chant baroque en contrepoint de cette prestation décapante mais quelque pezu rallongée par des répétitions et redondances de propos musicaux et verbaux. Un bon délire tout de même assumé par l'ensemble Maja de toute pièce.
I -
The Sentry (King Prussia’s Minuet)
II -
The country walk (La Promenade)
III -
The Lady-in-waiting (Miss Murgraves Fancy)
IV -
To be sung on the water (Waterman)
V -
The Phantom Queen (He’s Ay A-kissing Me)
VI -
The Counterfeit
VII -
Country Dance (Scotch Bonnet)
VIII -
The Review (A spanish March) —
piano et direction artistique | Bianca Chillemi
scénographie | Cécilia Galli
lumière | Daniel Lévy
costumes | Ninon Lechevallier
soprano | Anne-Laure Hulin
mezzo-soprano | Romie Estèves
baryton | Pierre Barret-Mémy et Vincent Bouchot
flûte | Samuel Bricault
clarinette | Joséphine Besançon
cor | Mathilde Fevre
violon | Apolline Kirklar
violoncelle | Clotilde Lacroix
contrebasse | Rémi Demangeon
clavecin | Grégoire Laugraud
percussions | Valentin Dubois
A la Cité de la Musique et de la Danse le 2 Octobre dans le cadre du festival MUSICA
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