lundi 7 octobre 2024

"Nous ne cesserons pas"" et "Noces": Hélène Blackburn / Bruno Bouché : musique et danse au défit.

 

 


Nous ne cesserons pas
Des touches d’un clavier blanc et noir inlassablement gravies et descendues par les mains d’un pianiste virtuose, jaillit un rêve fait d’ombre et de lumière, dans lequel une échelle aux degrés infinis, dressée entre le ciel et la terre, invite l’humanité à s’élever, comme le font les anges.



Avec la recréation de sa pièce
Nous ne cesserons pas, Bruno Bouché réinvestit, sur la Sonate pour piano en si mineur de Liszt jouée par Tanguy de Williencourt, l’imaginaire symbolique et spirituel d’un épisode du Livre de la Genèse, au cours duquel Jacob a la vision dans son sommeil d’une échelle divine parcourue par des anges pour atteindre les cieux. 

Ils glissent sous le piano à queue pour s'introduire sur scène. Une femme apparait, tourbillonnante, pleine de ferveur et de musicalité. Ses tours sont amples, légers, naturels et tracés dans l'espace comme une esquisse fragile. Avec et autour d'elle, six danseurs qui portent son fantasme et l'accompagnent. En autant de figures très géométriques dans l'espace. Bruno Bouché détricote la danse, fait des ricochets, des échos en diagonales savamment orchestrées. Alors que la musique de Liszt égrène fantaisie, dramaturgie et éclats de sonorités divines. Des rangées bien maitrisées, des lignes et courbes à l'envi dans cette chorégraphie  en point de chainette, tricot, ricochets et rebonds. L'architecture des corps dressés pour une pyramide, allant à la conquête du ciel alors que l'échelle promise reste inaccessible étoile.Les rouages fonctionnent, les sculptures corporelles fusionnent avec les gestes mouvants. Le sol, comme léger appui aux évolutions spatiales des interprètes. Des vagues se profilent, mouvements de la musique comme leitmotiv. La douceur règne, l'immobilité prend soin des corps bruissants en suspension. L'éparpillement, les échappées belles en envolées épousent le lyrisme des notes du piano.Seule, la danseuse rêve d'une ascension impossible, le regard lointain...Julia Weiss étonnante, gracieuse, aérienne et très musicale.

Chorégraphie et scénographie Bruno Bouché Musique Franz Liszt Piano Tanguy de Williencourt Costumes Xavier Ronze Lumières Tom Klefstad Ballet de l'Opéra national du Rhin


Les Noces
Sous la clarté d’un lustre majestueux, des noces abstraites célèbrent l’effervescence et la fragilité d’une union, faites de promesses d’avenir et de multiples ruptures, au rythme obsédant de chants ancestraux, de pulsations organiques et de déflagrations telluriques.À ce désir d’élévation, Hélène Blackburn répond par un désir d’union avec une nouvelle création chorégraphique sur la musique magistrale des Noces de Stravinski, interprétée par les solistes de l’Opéra Studio, le Chœur de l’Opéra national du Rhin, quatre pianistes et les Percussions de Strasbourg. Un diptyque chorégraphique et musical puissant, où les énergies, les genres et les esthétiques se complètent et s’opposent.

Des nénuphars semblent flotter, longues robes étalées au sol: ils se meuvent comme des lianes ondoyantes, tapotent le sol, puis s'élèvent: longues robes blanches et jambes montées sur pointes. Alors qu'un homme  pénètre ce gynécée fébrile, dévoreur d'espace, en courses folles et effrénées. Il se fait prestigieux phénomène, gestes saccadés, angulaires, segmentés. Fébrile aux mouvements tectoniques, hachés, fracturés. Alors que virevoltent autour de lui ces nymphettes qui se transforment en danseuses de french cancan et de flamenco. Robes virevoltantes ou retroussées à l'envi. Un duo vient faire adage et la fête continue. Le propos est débridé et l'on ne parvient pas à saisir le récit ni la narration. Alors que la musique fait honneur au compositeur Stravinski dans une interprétation tonique des choeurs, percussions et orchestre. Côté chorégraphie, Stravinski, pas vraiment à la noce du tout...
chorégraphie et scénographie Hélène Blackburn Assistant à la chorégraphie Gianni Illiaquer Musique Igor Stravinski Costumes Xavier Ronze Lumières Tom Klefstad Direction musicale Hendrik Haas Piano Marija Aupy, Frédéric Calendreau, Maxime Georges, Tokiko Hosoya Soprano Alysia Hanshaw Mezzo-soprano Bernadette Johns Ténor Sangbae Choï Basse Pierre Gennaï Ballet de l'Opéra national du Rhin, Opéra Studio de l’Opéra national du Rhin, Chœur de l’Opéra national du Rhin, Percussions de Strasbourg

A l'Opéra du Rhin jusqu'au 7 octobre

 

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