Qu’est-ce que le son et comment le percevons-nous ? Sous la forme d’un concert suivi d’un temps d’échange, il s’agit de croiser les expériences pour mieux déconstruire nos perceptions.
Porté par Musica en collaboration avec Les Percussions de Strasbourg, EGAL= Expérience d'écoute globale est un parcours sensoriel inspiré et nourri par la culture sourde. Cet espace d’exploration permet de découvrir différents modes de perception de la musique, par une écoute corporelle tantôt visuelle, vibratoire ou encore solidienne.
Une rencontre d'exception avec les trois protagonistes chercheurs des Percussions de Strasbourg, à l'Agora, un centre social, culturel, médiathèque doté d'une salle de spectacle, en bordure de Metz centre. A partir de la partition de Simon Løffler, C (2013) c'est à une expérience de "musique sans le son" que nous participons du regard. "voyez la musique, écoutez la danse" disait Balanchine, "compositeur" de la danse! Alors c'est un duo magnifique qui s'adresse à nous: des gestes évoquant les dimensions, les hauteurs, les forces et intensités en autant de verbes d'action: des sons gestuels comme pousser, élever,vibrer,aplanir, résonner, maintenir, écarter, renverser, rejoindre, effleurent la pensée vagabonde ainsi sollicitée. C'est de toute beauté et la frontière avec la danse est proche. Les corps parlent et murmurent à l'envi: sans le son qui gambade ailleurs que dans nos oreilles. L'imagination sollicité comme un jeu de piste ludique et sensoriel.
Avec l'oeuvre de Mark Applebaum, Tlön (1995) c'est trois chefs d'orchestre qui incarnent le mouvement corporel généré par les sons: ceux à diriger en mimétisme de règles de direction d'orchestre. Avec pupitre comme soutient visuel pour mieux visualiser les actions corporelles. Drôle et jamais caricaturale, cette "démonstration" de haut vol est convaincante et illustre le propos. Nous sommes les musiciens à éclairer, ils sont les directeurs de nos exécutions musicales et saluent le public...de dos! Battre la mesure comme une signature de mouvements d'une symphonie absente, muette, éloquence et résonance des gestes évocateurs de sons. On travaille assidument à cette représentation.
Puis avec l'opus de Jeppe Ernst, Offertorium : Behandling A (2018) on assiste à un duo tendre et plein de charme. Les deux interprètes, toujours sans aucune touche musicale, se frôle, dessinent les contours de leurs visages, se touchent intimement, s'apprivoisent: un meli-melo de mains, de bras comme un livre d'images que l'on feuillette amoureusement. Délicieux moment de grâce, de mouvements qui inspirent sons, rythmes et musique selon sa propre inspiration et imagination. Jeux de mains dans un respect et une préciosité de toute beauté.
Et puis l'expérience phare demeure celle de l'expérience de l'écoute corporelle solidienne. En fer à cheval, le public est invité à "mordre" dans une tige de bois pour expérimenter le son issu des trois glockenspiel des trois musiciens aux consoles. Le tableau est croustillant d'observer chacun, relié à l'autre, mordre cet "accessoire" vecteur de réverbérations sonores par le truchement des os du crane et et de la mâchoire non des tympans! Bel exercice participatif de collaboration et partages des fruits d'une recherche fouillée et passionnante.
Au final de cette cession de travail collectif, deux tam-tam sont à notre disposition pour expérimenter les vibrations des touches percussives du percussionniste L'oeuvre de James Tenney, Having never written a Note for percussion (1971) devient terrain de jeu et vecteur de sensations vibratoires du bel effet de détente, décontraction et lâcher prise. Un temps pour tous et surtout en direction d'un public mal-entendant d'une rare qualité émotionnelle autant que ludique et thérapeutique.Divertissante aussi bordé d'un temps d'échanges de paroles généreux et fructueux!
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Percussions de Strasbourg
Matthieu Benigno
Pin-Cheng Chiu
Hyoungkwon Gil
Lou Renaud-Bailly
Présenté avec la Cité musicale-Metz et l'Agora le 5 Octobre dans le cadre de MUSICA METZ
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