mardi 8 octobre 2024

"Beretta 68": la grande lessive, "tambour" battant : coup de feu, pan pan sur le phallus.

 


Chaque jour, dans une étrange laverie désaffectée, un groupe de femmes se retrouve et se prépare au combat. Elles ont toutes lu le SCUM Manifesto de Valerie Solanas et comptent bien en appliquer le principe fondateur : tailler les hommes en pièces. L’histoire de cette féministe radicale américaine après sa tentative d’assassinat sur Andy Warhol en 1968 rencontre les voix de Virginie Despentes, Christiane Rochefort, Marcia Burnier, Jacqueline Sauvage, Maria del Carmen Garcia, du collectif Marthe et celles des huit créatrices de Beretta 68 qui ont toutes participé à l’écriture du spectacle. Une première création acérée et dangereuse qui interroge le droit à la violence des femmes et rappelle la puissance d’action du théâtre.

Un collectif pour dénoncer, énoncer les agressions de toutes sortes faites aux femmes de tout temps. Plus particulièrement au sein du groupe détenteur de l'ouvrage "SCUM Manifesto", la référence tout au long du spectacle de ces huit jeunes femmes, scénographes, metteuses en scène et comédiennes. C'est un "lavomatic", ce lieu où les ménagères traditionnelles allaient comme au lavoir, rendre leur linge propre qui devient, désaffecté, l'unité d'action et de lieu de ce travail collectif. Collectif de paroles, de recherches et d'attention très "attentionnée" au regard de la rébellion féminine. La violence est-elle solution, réplique, réponse à un état de fait?  La colère semble être le choix de la lutte, du combat: légitime défense, victime? Tout est lieu de discussion, de "soulèvement", de questionnement et l'on sort de salle, convaincu que les abeilles n'ont pas tort: évincer les bourdons de la ruche à la venue de l'automne, bouches devenues inutiles à nourrir..Manifeste matriarcal très bien incarné, autant en slam chanté que en dialogues ou textes joués, cet opus étrange et franc de collier interroge aux bons endroits. Une recette de cuisine où le poulet devient l'homme-ennemi à découper en morceau est truculente. On ne manque pas d'humour et ni de savoir-être ensemble même si chaque personnage ne fait pas l'unanimité dans ces positionnements politiques. Postures, attitudes et sensibilité au poing pour cette communauté, assemblée démocratique et conviviale qui "occupe" le plateau comme un forum, une agora de la parole libératrice. Elles ont du punch, de la verve et de la détermination et prennent la scène avec audace et engagement. Pas de langue de bois ni de figure de la Mère Denis dans cette lessive où Monsieur Propre ne gagne pas dans la blancheur faite aux femmes, petites filles modèles. Le combat est vif argent et Andy Warhol, caricature du mâle en mal d'identité est aussi un joli moment de théâtre.Valentine Lê et  ses consœurs , Jade Emmanuel en Valérie Solanas très convaincante. "Judith décapitant Holopherne" peinte par Artemisia Gentileschi serait l'illustration finale en décalage esthétique, certes, mais soulignant la richesse et sauvagerie du propos. La scénographie demeure très éloquente de cette diatribe.de "jeunesse" dont la valeur n'attend pas le nombre des années.

Au TNS jusqu'au 18 Octobre

Collectif FASP
[Conception, texte]
Collectif FASP et extraits du SCUM
Manifesto de Valerie Solanas
[Mise en scène et jeu]
Collectif FASP – Loïse Beauseigneur,
Léa Bonhomme, Jeanne Daniel-Nguyen,
Jade Emmanuel, Valentine Lê, Charlotte
Moussié, Manon Poirier, Manon Xardel
[Scénographie] Loïse Beauseigneur,
Valentine Lê, Charlotte Moussié [Costumes]
Léa Bonhomme, Jeanne Daniel-Nguyen,
Jade Emmanuel [Musique] Léa Bonhomme,
Valentine Lê, Manon Xardel [Lumière] Loïse
Beauseigneur, Charlotte Moussié
 

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