samedi 15 novembre 2025

31ème REVUE SATIRIQUE "FAKE l’amour pas la guerre" Lon eich nit FAKE......La Chouc en roue libre! En piste sur le tarmac du vélo cargo à la remorque!

 





Notre 31ème revue satirique se moquera de tout et de tout le monde. Elle passera à la moulinette les politiques locaux, se moquera des Lorrains, parlera du Racing, de l’écologie… et caricaturera l’actualité marquante de l’année. Elle n’oubliera pas non plus d’égratigner au passage quelques phénomènes de société !
Bien sûr, ça va chanter, danser et sketcher. Cette revue se jouera toujours en alsacien dans une salle et en français dans l’autre. Les comédiens continueront de courir de l’une à l’autre pour vous faire rire dans les deux langues.


C'est toujours un plaisir de retrouver en tête de gondole Roger Siffer pour nous brosser un concentré-résumé bien trempé de ce qui va nous tomber sur la tête: une farandole de sketches , alerte, vive et bien menée sur les fausses routes de l'actualité: le "mensonge", c'est quoi, c'est permis de se conduire comme nos  heureux élus, le bracelet chevillé au corps comme Guy Riss le colporteur seul sait le faire, c'est la vélo-cité de tous et d'un seul qui pédale dans la choucroute sur un vélo-cargo à la remorque, fumées polluantes en poupe : un Vetter Jean Philippe incarné par Arthur Gander, à la mèche bien gominée. Mille et un détails, très fouillés pour nous révéler dans une mise en scène de Céline d'Aboukir que "tout est faux, archi faux" et que chacun se débrouille pour sauver la mise de ces faussaires, monte en l'air de la politique qui s’agite dans l'urgence et la proximité des municipales. 


Alors c'est Jeanne qui est l'otage de sa mairie, en vert et contre tous, incarnée par Magalie Ehlinger qui a toujours la banane, la pêche ou la fritte et brûle les planches face à une Trautmann invisible qui hante le plateau avec son retour souhaité par elle seule, cavalière sans selle, à cru et à dia sur la sellette des octogénaires en voie de mutation politique. A droite, à gauche on ne sait plus ou donner de la dynamo ,dans ce fatras où les véhicules sont l'objet de polémique. On recycle comme on pneu....La piste cyclable et les travaux d'Hercule de la Robertsau donnent l'occasion à Susanne Mayer d'être un gamin perspicace à l'arrière d'une auto conduite par des parents foudroyants de nervosité et d'hystérie drôlatique. On reprendra une part du gâteau, une vraie crinoline, telle un entremets plastique de toute beauté évoquant le partage improbable de la vérité. Et puis, vive Airbnd qui offre des possibilités financières calculées pour s'enrichir sur le dos des autres, boite à clefs en collerette pour touristes fascinés par une cathédrale de pacotille dressée pour un qui Trump énormément: Magalie toujours au taquet pour de multiples incarnation de personnages hauts en couleurs dans cette mascarade bigarrée désopilante. Un solo de danse de cigogne magistral pour Sébastien Bizzotto, moitié oiseau , moitié mirabelle pour saluer l'Alsace et la Lorraine: une danse bien relevée, très poétique dans des atours signés Estelle Duriez et Magali Rauch : danse façonnée sur mesure pour ce volatile et tous les autres, par l'oeil et la conscience corporelle de la choré-graphe Charlotte Dambach, désormais maitresse de ballet attitrée, côté cour, côté jardin. Pas facile de faire se mouvoir des tendres rebelles qui de revue en revue peaufinent gestes et agilité, motricité et souplesse inégalées. Les attitudes, pauses et autres gymnopédies bien ajustées aux capacités de chacun, habitant son corps comme jamais!Les comédiens s'en donnent à coeur joie, alors que le pianiste Thomas  Valentin joue et gagne dans tous les registres de chansons revisitées; les "Cornichons" pour un déjeuner sur l'herbe endiablée, un "Ce n'est rien" plein de charme et un "slam"vertigineux de Bizzotto , du Diam's en barre, tambour battant dans un rythme fulgurant. Du bel ouvrage de performeur aguerri à toutes signatures de mise en scène et d'interprétation. La malice et le charme opérant auprès de ses compères, complices de longue date. On se réjouit ici de cette osmose qui donne le meilleur d'une tribu hors pair qui invente et signe des textes fameux, insolites et d'actualité, mordants, incisifs et décapants.Ca fourmille de bonnes idées, en carapaces molletonnées tout de noir pour évoquer les galeries de la supercherie ambiante. La Chouc inoxydable, galvanisée par une équipe soudée et dont le challenge "pédagogique" une fois de plus expose les soucis d'une recteure royale, au "pouf" et costume fascinant: Susanne Mayer au top, discrète et facétieuse dame de coeur et de répartie digne d'une reine de chateau de cartes. Votez pour eux "Élysées" les sur le champ, ces saltimbanques au grand coeur cinglant et lucide. Pour Schlagg, Marie Hattermann et Nathalie Muller, pour la liste la plus déjantée d'objets d'élections à venir! Alors Takata" fera son show sans se dégonfler, Guy Riss ajustant les risques d'absorber les électro-chocs comme des bulles gigantesques de chewing gum sans  mâcher ses mots! On ne perd pas les pédales douces sur son deux roues, sur les chapeaux deux roues dans cette revue où la magie opère comme dans une de ses saynettes où l'on tranche dans le vif du sujet la tromperie et le leurre, le mensonge et la vérité qui font du bien!

Une sucette rose en coeur comme présent, cadeau de sortie de campagne électorale, péché mignon capital à confesser de toute urgence pour bien déminer les grenades et autres fruits défendus de ce spectacle garanti par la belle équipe d'une "institution" du cabaret vivant de notre territoire.Mine de rien sur internet on fait moins bien et les bécanes informatiques ne valent pas le cycle-amen de la Mairie...Et on se met sur son 31 pour saluer le talent et la verve de tous!

 


Avec : Sébastien Bizzotto, Magalie Ehlinger, Arthur Gander, Marie Hattermann, Bénédicte Keck, Susanne Mayer, Nathalie Muller, Guy Riss, Jean-Pierre Schlagg et Roger Siffer
Piano (alternance) : Jean-René Mourot, Thomas Valentin, Sébastien Valle
Textes : équipe de la Chouc’
Mise en scène : Céline D’Aboukir – Chorégraphie : Charlotte Dambach – Costumes et scénographie : Estelle Duriez, Magali Rauch et leur équipe – Lumières : Cyrille Siffer –

Jusqu'au 22 Mars à la Choucrouterie 

 

vendredi 14 novembre 2025

Brigitte Seth & Roser Montlló Guberna "Señora Tentación": Eros et Lesbos enlacées, côté cour, côté jardin....L'épiderme effleuré en état d'ivresse

 


Cie Toujours Après Minuit      France Duo 2024

Señora Tentación

« Il n’y a pas de plus grande joie que de se cacher et de plus grand malheur que de ne pas être découvert » écrivait William Somerset Maugham. Dans Señora Tentación, créée par Marie Dilasser, deux femmes sexagénaires nous racontent le grand secret qui les anime deux jours par semaine : leur amour passionné. Celui-ci est caché par une jungle foisonnante qu’arrose Brigitte Seth, la concierge. Si elles en sortent, c’est pour le clair-obscur de la cage d’escalier, territoire de Roser Montlló Guberna, la femme de ménage. Les deux nous disent cette relation, avec force images allant jusqu’à l’érotisme ; elles le dansent aussi, avec allégresse et timidité. Devant nous, la force de l’âge qui fait récit et la vibration adolescente de la rencontre amoureuse. En creux, il y a le regard des autres, que l’on craint malveillant, insultant, discriminant, mais que l’on espère attentif, soutenu, aimant. 


 Un parterre de plantes vertes, palmiers, youkas...On se croirait dans la cour d'un immeuble parisien soigneusement végétalisé, arboré par une main verte: celle d'une concierge attentive à la floraison, à fleurs de pot, côté cour, coté jardin...? C'est une carte du tendre que vont déployer Roser et Brigitte, compagnes, compères, complices sur la scène comme dans la vie. Un tracé dansé, corps-texte d'une mélodie du bonheur, de l'amour, de la tendresse. Le récit d'une rencontre entre deux femmes, l'une de "ménage", en état d'ivresse épidermique de bonne conduite,l'autre de gardiennage d'un même immeuble. La concierge est dans l'escalier, reine d'un territoire, la technicienne de surface, agent de nettoyage, pleine de grâce et de sensualité. Inévitable frôlement, esquive ou enlacement, tendres évolutions joyeuses de femmes en mouvement. L'une est "pompette", galvanisée par un sens aigu du toucher, de la caresse, de ce sens qui éveille au monde: la peau d'un univers merveilleux, attentif au faits et gestes de l'autre. L'une danse, l'autre aussi, l'une parle et essore les mots, l'autre murmure un texte élogieux, pudique et parfaitement ajusté à une condition pas toujours facile à assumer, à vivre. Aimer une autre femme que soi, partager dans l'ombre ou la lumière un amour "défendu" ou "interdit" aux yeux et au regard d'une société bienpensante. Un penchant tendre et discret pour le même genre que le sien: lune et l'autre comme un soleil cou-coupé,pensant, rayonnant d'une énergie et d'une humanité hors pair. Ces deux danseuses-conteuses-comédiennes évoluent dans ce champ de verdure comme deux fleurs cueillies pour un ikebana plein d'espagnolades car le geste et le verbe claquent haut et fort, la musicalité, la grâce d'une langue fertile, généreuse mais âpre aussi. Les corps délivrent l'audace d'assumer ses choix, ses "penchants" comme des roseaux flexibles et ondoyants. 


Comme les geste déhanchés de Roser Montllo, comme son dos dévoilant la géographie calligraphiée de ses muscles en rhizomes dansants. Et ce concerto pour deux instruments élégiaques de distiller la joie, la douleur, l'égarement, le rêve. Rêve de dancefloor où "toujours après minuit" les corps se donnent, se livrent à l'extase et la douceur de se reconnaitre telles qu'on est. Une danse à soi, pour un endroit à soi sans hégémonie de sexe ou de particularité ni de différence. Pourtant ce que dicte le sociétal convenable ne peut faire intrusion dans ce bel espace de liberté sans affecter ces deux aimantes, dans ce dance-fleur à fleur de peau. Irrésistible parcours mouvant qui fait réfléchir et fléchir la pensée en y ajoutant une once d'irréparable "péché" avouable. L'hyper sensibilité des deux danseuses interprètes des mots du corps comme une irruption cutanée qui touche et fait effet de troubles hérissés et titillant de démangeaisons sensuelles, érotiques. Comme des jambes dissimulées derrière les palmiers , cachant les tendres ébats de ces personnages devenus familiers au cours de la pièce chorégraphiée et mise en scène par nos deux protagonistes de la poésie chantante des corps impliqués, engagés par l'émotion et la vérité de la vie devant soi.

Et le texte de Marie Dilasser sur le "secret" de dévider ses jeux de mots, bascule sémantique de virelangues bien appropriés, qui coulent de source, liquéfiés, fluides et humoristiques.Épidermique peau du monde, "Senora Tentacion" , comme un tango nostalgique, parfum de femme,sans être manifeste ni plaque de revendication féministe est une arène concentrique où la danse prend tous ces droits fondamentaux de médium multiple, alliant le corps, le texte et le jeu dans une magnétique circonvolution, virevolte maline et sensible , partition tonale et tonique de l'expérience du monde sensible. Eros et Lesbos au bal, fuyant Tanatos ou frôlant la mythologie inéluctable du destin. Et l'on fredonne "belle nuit o nuit d'amour, sourit à nos ivresses...", barcarole étoilée , ludique et prometteuse de constellations amoureuses.


A Pole Sud jusqu'au 14 Novembre 


Le terme de lesbienne découle de la poésie antique de Sappho, qui est née à Lesbos. Ses poèmes, à l'intense contenu émotionnel suscité par les autres femmes, expriment l'amour homosexuel.
 

 

"merci pour ce très bel article qui exprime toute l’extrême sensibilité et le tragique de cette amour particulier 
Quand danse et texte s’entremêlent… érotisme du touché à fleur de peau"  Pierre Boileau

 

jeudi 13 novembre 2025

JOANNE LEIGHTON "The Gathering" • Les sylphides de retour