dimanche 20 juillet 2025

Hayet Ayad ouvre l'âme de la maison Klose...Sacré phénomène !

 


Dans le cadre champêtre de la chapelle de la Klose, nichée aux abords d’Ohlungen, les Sacrés Vendredis de la Klose reviennent en juillet 2025 pour une série de concerts à la lueur des chandelles. Ohlungen, forcément Made in Alsace se souvient de Summerlied ! Ce sont justement les Amis du festival Summerlied qui organisent et cette deuxième édition promet une immersion dans des univers musicaux variés, mêlant traditions sacrées, explorations contemporaines et racines culturelles profondes. Du 4 au 27 juillet, six soirées enchanteresses célébreront la musique dans l’intimité de ce lieu historique.

Le 20 juillet, Hayet Ayad, chanteuse kabyle d’Alsace, revient à Ohlungen pour un concert unique dédié aux musiques sacrées méditerranéennes. Ambassadrice de paix, sa voix solaire, inspirée par la poésie soufie et les mystiques juives, chrétiennes et musulmanes, tisse un lien harmonique universel. Son parcours, jalonné de collaborations avec Georges Moustaki ou Tony Gatlif, ajoute une aura légendaire à cette soirée.

L’expérience se prolonge par des conférences préparatoires aux concerts vers les 18 heures :20 juillet : la pluralité culturelle – les musiques de la Méditerranée avec Hayet Ayad et Lilia Bensedrine-Thabet directrice des Sacrées Journées de Strasbourg


Une femme qui chante et qui danse devient ici une et-vie-danse fameuse."Les chants d'une âme","Le fil harmonique des âmes"c'est tout dire de l'aspect spirituel et mystique d'un engagement poétique et politique de la chanteuse née en Alsace...Et c est le bassin méditerranéen qui vient à nous en la personne d' Hayd Ayad  nichée dans la petite chapelle de Ohlungen au milieu des champs

Le public est  nombreux pour venir partager un moment de douceur dans ce monde agité ; Un rituel quasi chamanique, une note de lueurs et de lumières comme ce chaleureux décor paré de bougies discrètes illuminant l'ambiance. Prêtresse du lieu la chanteuse paraît, sobre, modeste femme désireuse d' unir les cœurs à son énergie positive et contagieuse. C' est avec sa kalimba qu' elle ouvre ce récital si éloigné des grandes scènes.L'intimité du lieu, la proximité avec le public la pousse dans la direction de l' improvisation. Ce qu'elle avoue faire comme un exercice de funambule sur la corde tendue de ses rêves.


Et les cieux sont avec elle, le tonnerre grondant au loin pour annoncer un orage salvateur.Cette énergie cosmique convient à l' artiste dont la fibre spirituelle et mystique vibre au son de sa voix.Voix douce à la tenue remarquable dans les tonalités graves, subtiles contrastes à l'appui agrémentés de vibrations et de fréquences hypnotiques. Un véritable soin que l' écoute des sons venus de l' intérieur de ce corps vibrant accompagné d instruments à cordes comme le goni qu' elle porte à bout de bras. C'est le tambourin, bendir, soleil illuminé de lucioles, qui ravit et emmène dans des contrées lointaines.Douces percussions du bout des doigts qui pulsent au rythme de sa respiration et de son inspiration. Un curieux instrument à soufflet, un orgue portatif organetto,tel une petite valise portative, la berce de son souffle léger.Phénomène unique donné à voir et à entendre les yeux fermés comme une prière, une ode à la joie estivale et orageuse.Ce récital bordé de magie autant que d' authenticité est vibrations, psalmodies de sons,litanies enchanteresses et enjôleuses,dompté par une musicalité étrange venue d ailleurs.Des fondements du corps et de l 'âme de Hayet Ayad....Et le souffle des ventilateurs de disperser ces notes de musique dans la belle chevelure déployée de l'artiste.....Un vent de jouvence et de méditation salvateur.




« Par son chant vibratoire, Les Chants d’une âme, nous amène à plonger profondément en soi. Les chants viennent me chercher au niveau de l’âme (saut quantique) me permet de me réconcilier avec moi même, et faire le lien dans le sacré, là ou je ne peux pas mettre de mots,il tisse en moi une réconciliation avec mon être et mon âme, les noces ultimes ou sacrées a l’intérieur de soi, Cela se fait sans que l’on veuille, cela nous est donné si l’on se laisse faire ». RM

Les Sacrés Vendredis de la Klose : une ode musicale à Ohlungen en juillet 2025

jeudi 17 juillet 2025

"Sortir de l'ombre": au "gré" du karst! Dominique Haettel et Corine Kleck fusionnent l'espace et la matière.

 


Sortir de l'ombre réunit deux artistes, Corine Keck et Dominique Haettel. L'installation évoque une apparition, au sens d'une manifestation presque imperceptible, surgissant dans un espace silencieux. Elle rend visible ce qui habituellement se dérobe : formes en suspens, présences fragiles, tensions entre disparition et surgissement. L'apparition ne dit pas tout, elle effleure. Elle habite la frontière entre l'absence et la présence. 

 Qui aurait pu soupçonner le grenier du Musée de la Poterie de Betschdorf de pouvoir receler les trésors d'une grotte d'un relief karstique de l'ère tertiaire? Et bien la découverte vient d'être faite au sein de la charpente revisitée par deux artistes explorateurs, géologues et spéléologues de Schweighouse...

photos dominique haettel

Entrez dans cet univers unique et vous voilà parachuté dans une grotte où des stalactites tout de blanc cousus voisinent avec leurs formes miroirs , des stalagmites, colonnes sèches, statues verticales légèrement décapitées.  Une atmosphère de mystère se dégage de cette installation, sobre, pertinente au regard de l'environnement intime de boudoir de cette grange traditionnelle. Le vieux bois des poutres supporte les tensions de ces sortes de sacs, enveloppes suspendues au cintre d'une salle des pendus d'un carreau de mineurs.Comme des chemises de nuit au tissus rêche, emplies de souvenirs, de parfums nostalgiques. Comme des chauve-souris suspendues dans la pénombre.Comme des vessies, matières organiques voisines du travail de l'artiste Ernesto Neto.Tel des tétines lactées aspirées par des gueuloirs féroces.Des pis de bestioles fantastiques en proie à des dévoreurs avides d'un liquide salvateur.Sous les doigts de fée d'une artiste couturière Corine Kleck qui relie et noue souvenirs et réalité. Réalité d'un songe éveillé où les matières tissus et plâtre-chanvre-chaux se rejoignent dans une belle sérénité ambiante. Comme des os tronçonnés à différents niveaux, les vases de Dominique Haettel sont érigés comme des totems votifs, des trophées d'une nuit étoilée.Asticots ou vers se tortillant de plaisir au gré de la lumière changeante. De ces profondeurs jaillissent des récits fantasmagoriques à l'envi. La sérénité du lieu apaise ces visions et la blancheur envahit l'espace en douceur.


Les formes se transforment au gré des déambulations autour de cet étrange profusion de sculptures rigides et souples à la fois. Se heurtent les matières blanchies, virginales comme des spectres, funambules des poutres du grenier. Fantomatiques esquisses plastiques d'un univers onirique digne d'une grotte d'un relief calcaire étrange. La blancheur, pâleur extrême ou incandescence visuelle est du plus bel effet optique.Immobiles, les structures pourtant s'animent dans un silence enveloppant magnétique.

La découverte de ce trésor archéologique et géologique au sein d'un Musée où la terre et sa transformation sont reines est quasi une évidence: les fouilles y sont archéologie du futur et en somnambules avertis on chemine les yeux grands ouverts dans cette carrière chaleureuse bercée de clarté autant que d'obscurité planante. Une tranche d'histoire à visiter en grimpant l'escalier du musée,curieux et intrigué par cette intervention plastique rêvée.Une immersion tendre et feutrée à vivre dans la quiétude d'un lieu fantasmé: le grenier de nos mémoires minérales et textiles ressuscité par l'imaginaire de deux sculpteurs du temps.Le sable blanc qui jonche le sol, comme érosion des sculptures et du relief ancestral.

Au Musée de la Poterie de Betschdorf jusqu'au 30 Septembre



dimanche 13 juillet 2025

"Le souffle de l'Ill" ne manque pas de fille de l'air! Vingt mille lieues sous les mers...en plongée sous-marine, en apnée.

 


Pour la première fois, une piscine va devenir le théâtre d’un spectacle immersif total, mêlant art vivant et art numérique.

Et quelle piscine !
Les Bains Municipaux de Mulhouse, fermés depuis trois ans, rouvrent pour célébrer leur centenaire avec un spectacle immersif inédit.

Ce lieu Art Déco sera métamorphosé par des projections monumentales et illusions d’optique, redessinant l’espace en constante transformation. Le public, installé au cœur du bassin ou sur les balcons, vivra une odyssée visuelle et sensorielle. Après Terra Alsatia, joué en l’église Saint-Étienne, sur une tranche d’histoire de Mulhouse, Le Souffle de l’Ill propose une aventure onirique dans des terres englouties.


Le spectacle mêle poésie, légendes et figures historiques de Mulhouse embarquées à bord d’une arche mystérieuse. Fontaines aquatiques, danseur aérien, percussionniste envoutant, personnages holographiques sur des murs d’eau, enrichissent cette expérience immersive. L’eau, la lumière, les images et les sons interagissent dans un ballet féerique. Le public plonge dans un monde entre rêve et mémoire. Le bâtiment devient acteur d’un récit aquatique hors du temps. Une célébration artistique totale, entre technologie et émotion.


L’immersion visuelle se fait grâce à 25 vidéo-projeteurs laser de 20.000 lumens chacun, couvrant l’ensemble de l’édifice, du sol au plafond. Création des images par une vingtaine de graphistes et animateurs.Mise en lumière, en complémentarité de l’image par 400 projecteurs. Des architectures de lumières recréées par une vingtaine de faisceaux, formant un plafond virtuel au-dessus des spectateurs. Éclairage des intervenants scéniques à travers une esthétique théâtrale.

Quand l'ancienne piscine municipale de Mulhouse se transforme en Nautilus on embarque avec le capitaine Nemo pour un voyage extraordinaire dans les abysses d'un monument historique remarquable dédié à une mise en espace extraordinaire...De quoi ravir ceux qui ont fait la queue pour redécouvrir la piscine désaffectée de leur jeunesse par un beau soir d'été! Alors en avant pour une odyssée de l'espèce sous marine pour un déroulement d'une histoire rocambolesque et abracadabrantesque plus d'une heure durant d'illusions, de rêves et autres fantaisies extra-ordinaires. C'est l'histoire de Wendélina qui doit se délivrer des griffes maléfiques du baron Klingenberg grâce au chevalier Elias tout droit sorti d'une légende réparatrice. Un conte de fées où le méchant sera vaincu bien sûr et les bons récompensés par leur générosité. Le meunier d'abord, père digne et fou adorateur de sa fille, le gamin, détective au service du juste et du bien et les héros historiques évoquant des personnages célèbres nés à Mulhouse...Dont Nusch Eluard ou le réalisateur William Wyler. Histoire et commémoration des 800 ans de Mulhouse obligent! Des personnages virtuels modélisés quasi parfaitement pour faire croire en leur présence à travers textes et dialogues attenants.La magie opère ainsi au creux d'un écrin spatial remarquable: la nef et le plafond de la piscine comme une arche d'un bateau renversé. Les moyens techniques mis en oeuvre s'effacent rapidement au profit d'une ambiance et d'une atmosphère unique en son genre. Les personnages de chair se mêlent et jouent en alternance avec l'irréel, le fantastique, le leurre. 

C'est Wendélina qui ouvre le bal magique et magnétique de ce spectacle hors norme. Une jeune fille délicieuse, charmante, juvénile et innocente dans ce monde de convoitises et de pouvoir. C'est Charlotte Dambach qui incarne avec simplicité et brio ce rôle clef de  ce conte de fée diabolique. Le visage éclairé d'un sourire angélique, la grâce au bout des doigts, les bras enveloppant l'espace dans des tourbillons audacieux. Les pieds dessinant au sol des vasques d'eau éclaboussantes d'un plus bel effet esthétique. Les pieds frôlent l'élément liquide, tracent des cercles concentriques....Elle semble une Sylphide romantique à souhait, diaphane quasi transparente dans une atmosphère de rêve éveillé. Son jeu se borde d'intensité dramatique quand elle est aux prises avec ses pourchasseurs, ennemis de mauvaise fréquentation. Aux anges dans cette atmosphère aquatique semblant dicter aux jets d'eau, hauteurs, niveaux au gré de ses caprices, de ses envies ludiques et autres humeurs juvéniles. Tout de blanc vêtue, quasi fantomatique comme une Wilis du ballet Gisellle. Un technicien manipulateur aérien aux commandes de ces petits exploits de précision gestuelles, Thiebaut Bastian orchestre au diapason anticipation des prouesses dansées avec un poids comme un punching ball: à observer à vue absolument!

Une séquence la magnifie, en déesse, prêtresse des lieux, suspendue dans les airs, une longue traine la sublimant en icône d'une peinture surréaliste ou symboliste. Soulignons ici la beauté des costumes fantastiques signés Marie-Jo Gébel aux mains de fée qui sublime les matières et le textile comme nulle autre. Un hommage à la cité du textile sans nul doute! La danse et la chorégraphie, signées de Brigitte Morel de la compagnie Motus Modules est brillante, saillante pour s'ajuster au mieux aux exigences du lieu.Les divagations aériennes des danseurs de l'air sont efficaces, sensibles, acrobatiques sans effets de style.

Sobres, magnétiques les évolutions aériennes de Serge Hélias défient les lois de la pesanteur, entrainant dans des abysses de pure beauté, de sensations fortes et envoutantes. Du grand art dans le genre chorégraphie éphémère, ludique et merveilleuse pour éveiller les sens et l'imagination. Les costumes une fois de plus soulignant la fluidité des gestes, des parcours aériens ou subaquatiques ambiants.C'est là que se révèle le talent désormais légendaire de Damien Fontaine: mettre en espace dans un lieu inédit une narration, un récit fabuleux, le rendre crédible, lisible pour accéder à l'imaginaire. Le monde du feu, de l'air et surtout de l'eau: celle de l'Ill autant que des profondeurs subaquatiques. 
 

Les lumières signées Loic Marafini font office de toile de fond changeante à l'envi. C'est un enchantement pictural et plastique digne d'enluminures médiévales autant que d'effets spéciaux très sophistiqués.Des être hybrides forment un bestiaire fantastique digne d'une bande dessinée de science fiction originale.Méduses, poulpes voluptueux, poissons fantastiques aux nageoires palpitantes, créatures fantasmées peuplant les fonds marins oniriques.On souligne la profusion d'intentions très réussies au niveau des couleurs, des volumes, des touches colorées chatoyantes phénoménales. De quoi se régaler et prendre son envol, dans des contrées inaccessibles de grande beauté. 
 

Ajoutez la musique imaginée par Damien Fontaine et la performance live du percussionniste André Adjiba perché sur les coursives du bassin et le tour est joué! On regrette juste le port obligatoire des casques audio qui distancie l'attention et l'immersion dans le spectacle...Un monde aquatique rehaussé par la collaboration de Aquatique Show qui trouve ici un berceau de magnificence de toutes ses performances techniques en matière de son et lumières. Des chimères sous-marines demeurent dans les esprits au sortir de cette performance lumineuse et électrique comme la Fée électricité de Dufy trônant dans la nef du musée d'art moderne parisien. Ce ballet volant plein de sorcellerie magique, d'illusion, de leurre bienfaisant illumine un genre délicat, souvent vulgarisé ou prétentieux. Ici tout est luxe, déferlement et volupté et l'on songe à la "chanson du fou" de  Bizet, paroles Victor Hugo*.Et l'on sort de la piscine comme éclaboussé par cette légende contemporaine sortie tout droit d'un bras de l'Ill en résurgence fantastique comme une source de jouvence salvatrice! A vous couper le souffle dans un vaisseau marin en pleine mer...
 

Aux bains municipaux de Mulhouse jusqu'au 27 JUILLET
* "Au soleil couchant,Toi qui vas cherchant Fortune, Prends garde de choir;La terre, le soir,
Est brune.L'océan trompeur Couvre de vapeur La dune.Vois, à l'horizon,Aucune maison Aucune!
Maint voleur te suit,La chose est, la nuit,Commune.Les dames des bois Nous gardent parfois
Rancune.Elles vont errer:Crains d'en rencontrer Quelqu'une.Les lutins de l'air Vont danser 
au clair De lune."