lundi 7 mai 2018

"Au bois dormant": Thieu Niang et Despléchin se rencontrent !


Un jour puis, un autre, puis, un autre, encore un autre... Voila, pour le temps. Une salle de répétition à l'hôpital psychiatrique de Maison Blanche, à Paris. Voilà, pour l'espace. Ensuite, cela sera plus difficile à dire ou alors, de façon factuelle : un chorégraphe et un écrivain viennent passer du temps dans un lieu, et danser avec Célia, Mathieu, Victor, Arnaud, des enfants que l'on dit autistes. Pour Thierry Thieû Niang et Marie Desplechin, ces scènes d'atelier déplacent des souvenirs, des murs, des amours, des manques, des voyages... Dans ce texte à deux  voix, Au bois dormant, qu'ils font paraître aux éditions des Busclats, ils écrivent, dans une même danse et en plusieurs mouvements, davantage attentifs aux instants qu'au flux du temps, car les premiers sont peut-être plus partageables... 
Outre ses nombreuses créations artistiques à travers le monde,  le chorégraphe et danseur Thierry Thieu Niang a travaillé avec des malades alzheimer, des détenus et des enfants d’ici et d’ailleurs. L’écrivain Marie Desplechin l’a accompagné lors d’une session avec de jeunes autistes qu’il faisait danser. Ensemble, ils ont observé cette brèche de lumière que la danse ouvre chez ces enfants du silence.
Le chorégraphe et l’écrivain ont rendu compte de cette bouleversante expérience avec leurs mots, leurs fantômes, leurs vies. Marie Despléchin revisite ces temps terribles où ses pas la portaient, défaite, vers l’hôpital psychiatrique où un être aimé était interné.
Thierry Thieû Niang raconte les séances avec les enfants autistes: leurs craintes, leur peur du contact, le miracle d’un mot, d’un sourire, d’une étreinte. A ce journal se mêlent les images d’un amour finissant et celles furtives du pays perdu de son père.

D’une émouvante poésie ce double récit nous invite à écouter le silence de ces enfants aux bois dormants pour qui la tendresse, l’amour, la danse sont des princes charmants.

mardi 24 avril 2018

"....., Côté jardin" ou "Le jardin des plantes" à Barr Dimanche 3 Juin 14H 30 et 16 H


Dans " Le jardin de l' Adret" 43 rue de la Fontaine à Barr, chez Pernoux, dans le cadre des "Rendez vous au jardin"

14 H 30
 "Serre moi fort" ou "A quoi ça serre que je me plante"
Intervention chorégraphique chantée, balade dans la serre, libre déambulation, visite guidée performative....
durée 15 minutes
possibilité de reprises
à cappella !

16 H
Récital "Coté Jardin", le jardin des plantes

Geneviève Charras chant et chorégraphie
Christian Vidal, piano et recherche musicale

Récital "bain aux plantes", fantaisie pas si flore, sur la plante des pieds pour ne pas "se planter" ou rester en plan ! Récital horticole et botanique !




Programme
"Serre d'ennui" de "Serres chaudes" de Ernest Chausson
"L'éléphant du jardin des plantes" Chansons du Monsieur Bleu de Manuel Rosenthal
"Le Cyclamen" Les Chantefleurs de Jean Wiener
"Le Brachycome"
"L'Heremurus" du Catalogue de Fleurs de Darius Milhaud
"Les Cactus" de Jaques Dutronc
"Le Jardin Mouillé" de Albert Roussel
"A Chloris" de Reynaldo Hahn
"Greensleeves" Anonyme du XVI siècle
"Fleurs" de Francis Poulenc
"Dapheneo" de Erik Satie
"Au bois de Saint Amand" de Barbara
"Moi, j'm'appelle Ciboulette" de Reynoldo Hahn
"S'il est un charmant gazon" de César Franck
"La ronde de l'omelette"
 60 minutes
 "au chapeau" 


Signe d'étang, cygne des temps : chez Corine Kleck et Dominique Haettel le 27 MAI 16 H


Performance dansée et chantée de Geneviève Charras, charivarieuse dans le jardin et l'atelier de Corine Kleck et Dominique Haettel

Dimanche 27 Mai
16 H 
11 B rue des Tailleurs
Schweighouse sur Moder

dans le cadre des "ateliers ouverts"



Du tac au tac, histoire de traquer le temps, faire la course à la montre en dernier ressort !
Danser ce qui ne tourne pas rond, la routine, montre en main, sans claquer dans le lac des Signes d'étang !
Signes des temps qui courent et rattrapent  le temps perdu et jamais retrouvé
Danser, chanter, " avec le temps, va tout s'en va" ou le "temps des cerises", passer le temps, il n'y en a plus pour très longtemps.
Temps qu'à faire, temps danse et taon qui passe... 




Le col de cygne est une pièce qui est située dans le mouvement de la montre. Ce dispositif est doté d'une vis qui pousse la flèche de la raquette contre un ressort en forme de U. Dans un mouvement, la raquette est un dispositif permettant de régler la montre en raccourcissant ou bien en allongeant la longueur du spiral du calibre. Les mouvements possédant un calibre à col de cygne permettent généralement un réglage plus fin de la montre. De nombreux amateurs de montres les trouvent plus esthétiques que les calibres sans col de cygne.

dimanche 22 avril 2018

"Ce qui fait voix": l'Imaginaire à voix haute !

nicolas bardey

Le programme de ce deuxième concert de saison a été conçu par Nicolas Bardey et Franck Yeznikian, autour de la "vocalité" . 

"En 1839, R.Schumann ouvrait de façon spectaculaire la notion de vocalité dans son oeuvre pour piano Humoreske Op.20 en faisant apparaître une «voix intérieure» destinée à être vue sans être jouée par l’instrumentiste.
Ma nouvelle pièce s’attachera à poser la question de la vocalité dans un contexte purement instrumental, tout en posant la question de la visibilité et de l’invisibilité, c’est-à-dire de ce qui se dit intérieurement tant à l’échelle individuelle que collective, tant au niveau musical qu’à l’échelle d’un auditoire, d’un quartier, d’une ville. Une métaphore, en somme, de ce qui fait sens commun entre différentes «voix intérieures»." (Nicolas Bardey)
Salle comble ce dimanche matin, au Faubourg 12, lieu incontournable des brunchs musicaux de Strasbourg: un accueil chaleureux des hôtes de cette galerie-hangar, verrière d 'où filtre un grand soleil estival ! Place à une introduction  éclairée de Philippe Korpersur l'esprit du concert: la filiation, la cohérence qui se tisse entre les pièces, un salut à Klaus Hubert et le tour est joué.Comme un "grand lied" la muse Echo va résonner, in visible, mais encore charnelle, avant sa disparition, sa perte, son absence: la voix sera notre fil conducteur, sans chanteur, rien qu'avec l'acoustique des instruments!

En création mondiale donc, le "Sol, Ablos" de Nicolas Barbey
Le piano, suave, grave entame une marche lente, solennelle, posée, pointée d'aigus, semés de surprises sonores.Puis il se borde de la flûte, mince filet vocal intrusif; s'y adjoint la clarinette, en-tuilée dans des entrelacs savants de couches de timbres. Des dissonances radieuses, des vibrations, des fréquences subtiles, ponctuées par le piano savant de Maxime Springer, entament comme un chant choral des vents.Une mélodie en impression se dégage, arrachée, déchirée, plaintive. Comme l'émission d'un chant dans un palais sans voile, imaginaire, où les "cordes vocales" résonneraient, invisibles. Mais peu à peu dévoilées par les sources et résurgences sonores. Comme la peinture de Kupka, les "compositions " de Kandinsky ou les chants de Paul Klee...Les sonorités tournent, glissent, vibrent, frétillent: un soutien, un maintien d'un diaphragme fantasmé comme technique de souffle ! Cristal d'une grotte , guide qui nous conduit au tréfonds des bouches, des lèvres, du souffle des instrumentistes, tous dans une concentration d'écoute mutuelle, sur le fil du rasoir. Par lente accumulation successive, la pièce avance puis éclate, tonnerre collectif rehaussé par l'intrusion du piano, notes aiguës en poupe pour mieux jaillir du magma, en fusion, en ébullition. Des grondements menaçants bordent le tout et soutiennent la tension dramatique, les phases très "minérales" du morceau.Un volcan en éruption, de la lave en coulée de notes : la musique fond, se répand, s'étire, engourdie. Un mouvements plus calme, serein succède à ce tableau musical tourmenté et fait place à des touches de couleurs, de "peinture", de masses sonores qui font poids et impactent la toile comme le travail du peintre.


photo robert becker


Suit le duo "Verses" de Sir Harrison Birtwistle pour piano et clarinette. Debout, dans son "assiette" il chante avec son instrument à vent, médium de la partition: il prend ses appuis au sol, danse, les genoux en ressort, l'instrument dressé; il se balance et donne la musique à voir: et les sons de tanguer, de circuler en rondeur, chair et chaleur La musique se regarde fabriquer et Adam Starkie en est une juste révélation.Le piano l'accompagne et de longs souffles en sirène, des chants d'oiseaux naissent simultanément .Douceur et tranquillité, sérénité à l'appui. Dressé sur les pointes, le clarinettiste fait résonner l'espace, interpelle le piano, l'un et l'autre en alternance.

franck c yeznikian



Après une édifiante présentation de Franck C. Yeznikian à propos de ce qui relie, ce qui raccorde les pièces choisies les unes aux autres, voici l'"appel" d'être qui tisse ces liens, ces mets tissés métissés où l'intelligence et la réflexion relient les choses. Poésie à réinjecter dans les œuvres, avec de la "beauté" revendiquée, assumée: un appel à l'attention qui se stigmatise dans son oeuvre "Plainte".


photo robert becker


C'est la voix de Klaus Huber qui récite les poèmes de Ossip Mandelstam, enregistrée comme une empreinte pour devoir de mémoire.Récitation vocale, mixage d'une autre voix en russe, comme une plainte lointaine .C'est beau et émouvant . Le "S" signe des temps, chant et cri du cygne, en forme de col de saxophone y est présent et évoqué : les récits se superposent, se couchent l'un sur l'autre, se calquent, se déplacent: la flûte de Keiko Murakami siffle, claque, elle se fait bercer par le son qu'elle produit et qui fait vibrer son corps, son cou, sa gorge et son instrument, prolongation de cette musicalité corporelle très forte, très visuelle. Proches des artistes, le spectateur vit et regarde se faire la musique à travers le vecteur des corps.Vibratos, enluminures douces, imperceptibles pas au sol, vent qui court, frémit, frisonne, mugit.Frôle l'espace et le son, les timbres et le rythme.Se fraie un passage étroit: en noir dans le soleil du matin, la flûtiste est une apparition sacrée dans ces hululements magnétiques, sa fibre , ces glissades et pincements; Le son serpente, danse serpentine, volatile, volubile, é qui s'élève dans l'éther. De nombreuses variations, modulées, un solo fantôme, vécu et désincarné à la fois comme des ondes ou des ronds dans l'eau qui se propagent et meurent doucement.


photo robert becker


Et pour clore, une pièce qui s’enchaîne naturellement, "Veil of Orphéus", création de Franck C. Yeznikian
Les quatre musiciens, reliés par le "mi" de la mort, à la pièce précédente, se concentrent près du piano pour une introduction très tonique et virulente.Tumulte, foisonnement dense des sonorités, texture colorée pour ce prologue éruptif : une ambiance dramatique se profile, ponctuée par les piqués du piano, les envolées de la clarinette basse. Comme des raccords, des injonctions à se réunir, se rassembler sous l'étendard de la beauté. Levées, révoltes, soulèvements et harangues résonnent et appellent, comme une incitation, à se lever, s'insurger, faire face. Réagir et se mettre en mouvement. Rhyzome de la création locale qui essaime en circuit court, cette oeuvre riche et puissante est telle un flux et reflux, des vagues, une marée où la navigation d'un paquebot sur les flots, fait se taire les bruits et chanter les instruments. Ca remue en remous, le piano ancre les sons, les fait rebondir; Comme dans un ralenti où un pied se pose et transmet son empreinte au sol, en creusant un impact pour y laisser des empreintes.
Une oeuvre singulière portée par des musiciens dont la grande sensibilité épouse les voeux et intentions du compositeur.

Cette matinée là la musique s'est une fois de plus créée et révélée dans le temps, contemporain de tous dans des instants partagés de communion collective profonde;
L' "Imaginaire" aux manettes d'un vrai concept de programmation !


samedi 21 avril 2018

"Plus loin l'Europe: Israel": signes noirs , signes blancs, chocs et lumières!


  • "La danse contemporaine connaît un développement planétaire extraordinaire. Dans des dialogues fructueux et multiples avec les esthétiques classiques ou modernes occidentales, de nouveaux créateurs expriment leurs différences et leurs propres langages pour ouvrir des chemins nouveaux. C’est ce que la série « Plus loin l’Europe » veut valoriser à partir de cette saison. t Gil Carlos Harush un jeune et brillant exemple de la vitalité de la danse israélienne où sont associées exigence formelle et énergie physique. À la création pour le Ballet de l’Opéra national du Rhin, Ohad Naharin, la figure centrale et charismatique de la Batsheva Dance Company, ajoute deux entrées au répertoire avec ses superbes Black Milk et George & Zalman."

  • La voix lactée
  • Sur la planète danse, dans la cosmogonie, deux étoiles, l'une naissante l'autre "star" de la danse contemporaine israélienne: Monsieur Gaga dont on est friand fan et addict !

  •  En début de programme, concocté par Bruno Bouché, consacré à cette "identité" israélienne, "The Heart of my Heart" de Gil Carlos Harush, brosse le portrait d'une petite société animée par le désir d'amour, de félicité, de sentimentalité. C'est sur une image de couple qui s'étreint, longue robe blanche pour elle, de noir et de blanc moulé pour lui,seyant. Image qui se font dans la lumière vive et s'émousse pour une apparition irréelle du groupe, frangé de lumière délicate, à peine perceptible: ils devront d'ores et déjà coexister: amour exclusif et partage, amour en partage nécessaire en ces temps de guerre, de remous. Un dispositif, comme une balançoire ou un couperet fait son apparition: quels secrets renferme cette étrange agrès....? Pour ces quatorze danseurs, six femmes, huit hommes débute une ode à l'amour, très tectonique dans sa gestuelle fragmentée, incisive: des portés en chandelle, des écarts à la Béjart, images fixées, retenues dans le temps: arrêt cinématographique dans le rythme de la pièce, enjouée, jubilatoire qui transporte rapidement, danseurs et public dans une riche et féconde empathie. Celle du don, de l'abandon. Histoire en filigrane d'hommes et de femmes rêvés,ou référés, publics, politiques. Mais peu importe "la note d'intention" quelque peu ambitieuse sur des propos peu probants. La danse , elle, a du sens, et la narration des corps suffit à évoquer un monde perturbé, sauvé par l'amour rédempteur. De très beaux unissons, au diapason, en résonance incrustent la danse dans des ensembles très précis.On joue aux échecs ou aux dames sur le plateau, on trace la diagonale du fou, on tricote les enchaînements entrelacs de corps, en canon, qui tressent des figures architecturales édifiantes. Édifices de corps en arrêt, constructions savantes, charpentes et fondations pour mieux tenir ensemble les bases du groupe, de la communauté. Pas d'amour exclusif, mais des passages, des glissements progressifs de corps à corps qui se délivrent, s’enchaînent, se multiplient à l'envi. Des postures classiques, ouvertes, des fragments de corps déstructurés, des attitudes déconstruites: l 'écriture de Harush est référée et salue ses racines ou écoles gestuelles. On ne vient pas de nulle part ! Mais on va toujours plus loin dans le phrasé et la syntaxe chorégraphique ! Le temps, horloge omniprésente, balancier de cette périlleuse sculpture envahissante, agrès ou guillotine centrale est une constante narrative. Mouvements mécaniques des danseurs s'y confondent comme un jeu de lego, de mikado qui se dresse puis s’effondre ou se délivre lentement dans de beaux équilibres ou portés. On se passe les corps, on transmet: tandis que des solos ponctuent cette effervescence sur le plateau, savamment "occupé". Solo d'une femme en robe blanche, magnifique prestation, ensemble débridé des hommes, fous à liés qui se tordent, éclaboussent l'espace, étincellent l'atmosphère tendue de ces confrontations hommes-femmes sempiternelles questions de possession, de pouvoir, d'attirance.Le cœur y bat, frappe fort, la musique invasive, scande le tout et euphorise, enthousiasmante.  La géométrie des figures corporelles tracée dans l'espace forme des tableaux abstraits à la Mondrian, des tectonique musicales à la Kupka et la peinture veille dans cette musicalité picturale énigmatique qui sourd des corps dansants.Au final, un cercle chamanique réunit le groupe et célèbre la cohésion, en compagnie, "cum panis", partage du pain que l'on rompt en cérémonie votive§
  • Galvanisés par la musique de Chemi Ben David, les danseurs se donnent , offrant au public, l'occasion d'ovations bien justifiées: le noir et le blanc leur vont si bien et si "ça balance" parfois dans le redondant et la confusion narrative, cette pièce, généreuse et toute "jeune" se prendra bien au jeu de la maturité !

  • Place à "Geoges et Zalmann" de Naharin: un quintet de femmes, tuniques noires, épaules dénudées qui sauront être les ambassadrices d'une signature chorégraphique complexe et virtuose: celle de Naharin, décelable dès les premier regards sur les corps, construits, découpés, morcelés dans une symphonie d'entrelacs.
  • Une voix s'impose, contant en boucle des propos étranges, référencés musique, alors que la musique de Arvo Part égrène des notes tactiles, touches de noir et de blanc d'un piano suspendu dans l'éther, voguant dans les airs, ténu, à demie teinte. Les femmes distillent des gestes construits, décalés, en poses subtiles qui laissent le temps de les savourer, tout en suspendant le temps de la méditation. Poses torsadées à la Egon Schiele, sculpture à la Rodin, en autant d' "abattis" rompus, agencés pour édifier des formes inédites: "mouvements de danse" en inventaire rappelant les vitrines improbables des corps modelés de plâtre ou de terre qui flottent ou s'agrippent sur des socles prothèses: danses du génie de la sculpture.Elles dansent, en solo aussi, étirant l'espace, rompant et défiant les possibilités d'écriture, de calligraphie, de géométrie.Danses de sorcières aussi à la Wygman, au sol, recroquevillée, vrillée, torsadée....Un damier sans frontière où se transgressent les règles du jeu de dames !

  • Place aux hommes dans "Black Milk", voix lacté ou la constellation du Cygne trace et dessine des rémanences de blanc:le cygne noir, ces femmes qui se sont éclipsées, cède le territoire à ces créatures, torse et pieds nus, de longues jupes blanches plissées pour seuls costumes. Ils défient l'espace, en grands jetés style capoeira, forment un groupe soudé qui s'éclate, puis se fragmente à l'envi pour mieux se ressouder. La danse est reine, loyale, fulgurante, déstructurée; d'un sceau ils se maculent de peinture noire, signes des temps ou cygnes d'étangs. Des envolées somptueuses parcourent le plateau: la musique de xylophones de Paul Smadbeck (proche d'un Steve Reich) émeut, pétrifie, ensorcelle et hypnotise !Les danseurs déferlent, bondissent, chutent, tressaillent, dans l'urgence, vibrent. 
  • Un régal jouissif pour celui qui regarde évoluer, divaguer ces hommes fulgurants, médusants: des créatures singulières, ode à la beauté. Pièces d'un jeu à construire, à inventer sans cesse: Naharin, une fois de plus surprend, étonne et fait de cette soirée un hommage au noir et blanc, à la sobriété, grave, contemplative autant qu'éruptive: il se "soulève" à la Didi Huberman dans des instants de grâce inoubliables! "Il n"a vu qu'énergie magnétique" !
  • Un plateau de jeu d'échecs sans toit ni loi où les divagations savantes ébouriffent les consignes !

  • Et "entendre la salle applaudir, 
  • juste une envie :  revenir"!

  • Oui, et l'on lira avec internet dans le livret le panorama de la danse israélienne signé Sonia Schoonejans !
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  • du 19/04/2018 au 21/04/2018, le 23/04/2018 à 20h00
  • le 22/04/2018 à 15h00
  • Opéra national du Rhin : Voir les autres événements
19 place Broglie
Strasbourg

samedi 14 avril 2018

Lovemusic passe du bon temps! Chronos/ Kairos, sablier, clepsydre et montres molles !



CONCERT/APÉRO #2 du collectif lovemusic @ l'auditorium de la BNU

Flûtes - Emiliano Gavito
Clarinettes - Adam Starkie
Scénographie - Clément Debras et Mathilde Melero 

"Chronos/Kairos
Pour les grecs anciens il existait deux mots pour décrire le temps: Chronos, qui se réfère au temps numérique, quantitatif, et Kairos, qui se réfère au temps parfait, qualitatif. Chaque pièce de ce programme explore la notion de temps d’une manière différente : le temps qui passe (rythmé), le temps figé (silencieux) et le temps partagé. Ces deux notions de temps ne sont pas forcément opposées, chronos peut être utilisé pour créer des limites, et ces limites peuvent être brisées pour créer. Ainsi chronos et kairos forment une dualité qui se transforme et replie sur elle-même à travers les pièces proposées dont la création d’une nouvelle pièce de la compositrice Annette Schlünz commandé par le collectif."

Tempus fugit ! Donner du temps au temps !

Deux pupitres noirs en forme de demie lune, un grand cône de toile noire tendue en milieu de scène, des lumières chaudes: le plateau est dressé pour le concert: une voix annonce les consignes de bonne conduite comme lors du décollage d'un avion...Humour et fantaisie décalée de rigueur. C'est parti, le "temps" d'une petite heure en vol libre !


photo rober becker
"Ruisseau" de 1993 pour flûte basse et  clarinette basse de Maurizio Pisati débute, dialogue labile, conversation volatile, vindicative entre les deux instruments. Juste le temps de laisser ce tandem décline ce temps qui s'étire, s’interrompt, trésaille, frémit comme de l'eau qui s'égoutte, ramasse le temps, le filtre. Tout va bon train, en route: on chemine dans la durée, course où chacun frêne, dépasse ou double l'autre. Dompteurs de son, nos deux interprètes se livrent, l'un tout de jaune vêtu, barbe bleus très structurée, crâne dénudé, l'autre de violet vêtu, cravate bizarre noire, gilet et pochette rouge, tout comme les chaussures. Beau duo de couleurs et de fantaisie stylée, distinguée.
Un petit entremets, intermède, interlude de Charles Koechlin et nous voilà repartis.

"Divers Gris d'un ciel défait" de 2014  pour flûte et clarinette de Jérôme Combier enchaîne.
Des claquements furtifs dans une ascension sonore, de longs souffles tissés, des vibrations tenaces: chacun passe devant l'autre, s’efface comme dans une danse enchevêtrée. Comme une berceuse, fluide, endormeuse, insouciante, séduisante, agréable et onirique.La grande complicité qui réunit ici les deux interprète est fine et discrète, solide et efficace."Avec le temps" va tout va, et "passe passe le temps" il y en a pour encore longtemps!
On ne s'en lasse!


photo robert becker
"Alpha Wawes" de 2008 pour flûte alto de Malin Bang, prend le relais
Solo de Emiliano Gavito au souffle passager, étouffé, interrompu, tel une machine ou un animal. Il tousse, racle, ronfle, très organique. Expire, inspire, haletant, inquiétant, sussure quasi des mots inaudibles. Un solo étrange, comme une énigme à déchiffrer, un jeu à parcourir, une surprise constance de timbres, modes de respiration ou exécution.Il miaule, comme un cri d'enfant, ou de bulle de BD. Comme un personnage, bête qui pleure, hulule, geint Barbe bleue et crâne lisse, dans des grognements de conte de fée, pas du tout orthodoxes!

Suit un deuxième solo de son compère, attentif à l'autre bout de la scène. réplique savante à ce dernier "To cause bone to be" de 2014 pour clarinette contrebasse de Jesse Broekman, sonne comme un miroir déformant. Des sons mécaniques, hachés, avalés, déglutis sourdent de l'instrument, vecteur du corps de l'artiste.  Médium de sensations curieuses, il s'étouffe, rugit, petite industrie de l'effort comme une usine à sons variables à l'infini des capacités de l'instrument et des tempo du souffle. De graves tenues, des claquements, chocs de vent: ça éclabousse, éclate, se heurte à l'espace en saccades et fragments, en ruptures et petits morceaux  Il avale le tout, effrayant, étonné. C'est subjuguant et très bien fabriqué par Adam Starkie !
Vous reprendrez bien un peu d'entremets Koechlin pour faire se frotter les époques et brouiller les pistes, clins d'oeils amicaux aux époques, si loin, si proches!
Car ils sont futés et malins, nos deux protagonistes de ce malicieux et savant programme !
Préciosité dansante, arabesques et révérences, rondeur au menu !


photo robert becker

"Diade" pour flûte, clarinette et percussion de Doina Rotaru les fait se retrouver, alors ça fuse, gai, envolé, clair, piqué et relevé!.
Comme un chant d'oiseaux qui se répondent et paradent, font la roue, se déploient, pépient, s'amusent Comme sur des cordes pincées, les sons émergent, surgissent, hérissés. Un son de gong et tout bascule; les deux charmeurs étirent le temps, chantent des paysages, des lignes, des superpositions qui s'enchevêtrent en entrelacs. Les timbres divergent, l'ambiance change, recueillie, lamentations ou prières, le gong comme dans un temple, ailleurs.

Une entrave au temps de plus, entourloupette et cabriole classique, inconvenante, intruse et l'on termine avec la pièce en création mondiale,"Echoes et reflections" de 2018 pour flûte et basse de Annette Schlunz.
Duo au pupitre, vive attaque endiablée, fulgurante, haletante! Ca grimpe, en escalade par degré, en marches successives, escaliers et paliers temporels bien agencés. Course, fuite, torsade, feutrée en contrastes de repos et ascensions constantes.Puis vient le repos, les sifflements, filtrés, intimes, fins, infimes comme un envol dans l'éther Ça balance, bascule, tangue, en autant de gouttes de notes, les appuis des interprètes soudés au sol, en rebond corporel. A petit bruit et peu à peu, minutieusement!
Alors apparaissent les traits dans la lumière des musiciens en jaquette seyante, très classe, pochette et cravate burlesque: autant de petits détails vestimentaires, scénographiques que musicaux!
Et même la fiche de salle est tout un travail, clefs, rébus, images, icônes pour mieux rentrer dans leur univers, humoristique, savant, ludique: une belle attention au regard du public, néophyte ou spécialiste!

Un répertoire inédit, des œuvres surprenantes et inouïes pour une prestation innovante!
Une initiative soutenue par la BNU dans son bel écrin, l'auditorium, chaleureux avec sa jauge pleine ce soir là : on attend les autres concerts avec impatience et curiosité ! Vivent les petites formes en grande forme qui grandissent avec le temps!
Le 11 Mai et 8 Juin prochain.

A propos de :

"Envie de nouvelles expériences sonores ? Le collectif lovemusic va vous faire aimer la création contemporaine... Le chic collectif strasbourgeoise lovemusic, crée par Adam Starkie et Emiliano Gavito, présente une saison de six concerts-apéros à Strasbourg tout au long de 2018, afin d’inspirer et surprendre un public curieux et ouvert aux nouvelles expériences sonores ! Prochaine édition ? Samedi à la BNU !
L’idée est de créer des rendez-vous réguliers permettant une action référente de création et de partage artistiques à Strasbourg. Leur démarche est de rendre la création musicale accessible à tout le monde... il faut juste venir avec l'esprit ouvert et une curiosité musicale et ils prennent le reste en main. Le collectif est activement engagé dans la promotion de la culture d'aujourd'hui et chaque concert fait objet d'une commande auprès d'un compositeur ou compositrice. Cette toute nouvelle pièce est ensuite mis dans un programme autour d'un thématique afin de donner un aperçu de ce qui se passe actuellement dans les courants artistiques de la musique classique de notre époque.
Chaque concert propose une formation instrumentale différente et s'accompagne d'une mise en scènede Clément Debras et Mathilde Melero afin de nourrir l'imagination et l'aspect visuel. L'idée est de proposer des notes de programmes ludiques et visuelles (au lieu d'un montagne de texte incompréhensible!).
Si vous avez raté leur premier concert de la saison en mars, réservez sans attendre vos places pour leur prochaine proposition musicale - Chronos/Kairos, qui a lieu ce samedi, le 14 avril à 19h à l'auditorium de la BNU. Chaque pièce de ce programme explore la notion de temps d’une manière différente : le temps qui passe (rythmé), le temps figé (silencieux) et le temps partagé. Pour les grecs anciens il existait deux mots pour décrire le temps : Chronos, qui se réfère au temps numérique, quantitatif, et Kairos, qui se réfère au temps parfait, qualitatif. Ces deux notions de temps ne sont pas forcément opposées, chronos peut être utilisé pour créer des limites, et ces limites peuvent être brisées pour créer. Ainsi chronos et kairos forment une dualité qui se transforme et replie sur elle-même à travers les pièces proposées dont la création d’une nouvelle pièce de la compositrice Annette Schlünz.
Cerise sur le gâteau : les concerts sont suivis d'un apéro - un moment d'échange entre le public, les musiciens, les scénographes et les compositeurs pour parler de leur expérience autour d'un verre... qui est offert !"


vendredi 13 avril 2018

Anatomie des codes !