dimanche 21 mai 2017

L'imaginaire: concert 3 :Félippo Perroco : une Odysée du son...Débris et de douceurs...


Dans le troisième concert l'imaginaire invite le compositeur italien Filippo Perocco. Prix Abbiati 2017 Filippo Perocco est, parmi les compositeurs italiens, l'un des plus sensibles et créatifs : deux opéras, des œuvres pour ensemble et orchestre. Filippo Perocco est un organisateur, producteur et directeur également. Une telle énergie et sensibilité ne fait qu'évoquer la figure de Bruno Maderna. L'Imaginaire lui a commandé une nouvelle œuvre : DETRITI DA CANTI PRECARI. Cette pièce prend en compte l'espace de la salle et la fragilité du son. Elle est créée lors de ce concert. pour flûte, saxophone, clarinette et piano:Keiko Murakami, flûtes,Philippe Koerper, saxophones,Adam Starkie, clarinettes,Maxime Springer, piano

Un apéritif dominical, un brunch de musique pour honorer les dieux du repos!
Quelle aubaine et quelle bonne idée initiée par L'Imaginaire !
Tout démarre par une présentation de l'oeuvre par Eric Maestri et le compositeur présent, Filippo Perocco:" 40 minutes, 10 mouvements qui s'articulent sur une inspiration puisée dans l'évocation de chants "précaires" et instables, débris sonores faits de détails complexes, avec instruments préparés: des notes opaques et filtrées, des objets absents, pas complètement écrits, sans suite déterminée."
Duo, trio, quatuor à l'appui en lignes mélodiques inspirées de chants complexes: voix et chant du piano pour un imaginaire qui dérive: voici pour le préambule, très pédagogique!
D'emblée, l'atmosphère est mystérieuse,introduite par le piano et appuyée par les souffles des vents qui amplifient l'ensemble de langueurs, traînées, étirements et vibrations, frottements et mugissements.Alarmes, sirènes, vent et réverbérations fendent l'espace, tranchent dans le vif et avancent comme lors d'une course affrontant la tempête.Douceur et lenteur s'y fondent aussi, pas à pas, sur le fil d'un funambule qui progresse vers l'avant.
Plus alerte, saccadée, en envolées, en surprise, en fuite, en fugue perlée, se dessine le second volet, de sons égrenés.Suspensions, attente, apnées, dans une lente progression par àcoups. Avancée avec des obstacles à franchir, un territoire à défricher: comme pour s'y faire un passage pour mieux voyager dans des rémanences sonores.
Un trio de vents avec la flûte piccolo qui va à l'écart, se dissimuler: son infime, léger, bordé par des basses sonorités.Des notes aiguës qui filent comme des chants d'oiseaux, une plainte.Des sons sourds, ténus, discrets, fragiles qui se répondent, se répandent dans l'espace.Puis le piano reprend, sec, rigide, glaçant, dissonant, bordé par les saxos, stridents, inconfortables à l'écoute.Tremblements, vibrations en filtres ascensionnels.Cinquième volet ouvert sur une fluidité complice entre flûte et piano: le son file, s'amplifie en contraste et modulations, étirements et claquements résonnants.
Un duo de souffle pour suivre ce voyage au pays des cieux grands ouverts sur l'espace sonore: comme des enluminures, très régence, stylées, maniérées. Comme des cordes pincées!Des hoquettements, claquements en gouttes d'eau: échos, réponses, dialogues s’enchaînent.Puis vient la fanfare, le cirque tonitruant, "grand orchestre" de chambre, de parade, le temps d'un interlude décoiffant, surprenant Cacophonie organisée, scintillante, vif argent. Une force décapante s'y engouffre et déferle. Retour à l'ordre, à la douceur à l'éther après ces accents très terriens, terrestres. Harmonie des quatre instruments complices guidés par la mélodie du piano.Trois vents glissent et soufflent, râpeux en fusion.Ressac de la vague, de la mer, flux et reflux pour un paquebot qui quitte le port d'attache lentement: comme dans un voyage imaginaire, on bivouaque, en cabotage: les respirations, expirations comme autant de haltes pour remplir les poumons d'un soufflet sur les braises.De longues phrases et phases, interrompues de pitchenettes et chiquenaudes multiples, de chatopuillis très tactile comme tout cette musique foisonnante d'idées et de relances.En ricochets sur l'eau tranquille qui a sa vie très agitée d'eaux dormantes!
Une complicité extrême se noue entre les interprètes: mouvements, balancements corporels dans les habits noirs très seyants dans ce bel écrin blanc de la verrière de la salle du Faubourg: le "white cube" de la musique d'aujourd'hui ! Comme une danse en quatuor, en noir, en blanc dans l'argenté des instruments et le cuivré de la peau des mains agiles qui animent fl^tes, saxos et touches noir et blanches du piano.Le son, source des notes en écho s'efface, se replie, s'épuise et se fond, disparaît, se retire comme la vague sur la plage des sons.Disparition progressive de l'oeuvre qui va s'éteindre, lente extinction des feux: plus d'étincelles, plus que des braises pour renaître comme un phœnix dans une autre oeuvre....Au final un chorus de sons graves, enrobés, enroulés: e la nave va, musique tout de noir et blanc scintillant dans la verrière de la salle qui résonne encore des "débris de voix et de musique" ! "Précaire" versatile, mobile, instable, futile et vernaculaire.....
Et l'on se retrouve après expiration des vents autour d'un apéritif joyeux où l'on échange les bonnes nouvelles du monde, inspirés par cette création écoutée
 en bonne compagnie, histoire aussi de partager et de rompre le pain ensemble, un beau dimanche....
"Detriti da canti precari" au faubourg le 21 MAI

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