vendredi 19 mai 2017

"Grande": revues et corrigées !Vimala Pons frappe les 400 Cous!


GRANDE- est l’histoire inachevée d’un spectacle à compléter soi-même par sa vie de spectateur en quittant la salle. Vimala Pons et Tsirihaka Harrivel passent en revue ce qui leur importe, littéralement, dans la tradition de la grande revue d’actualité : Revoir. À nouveau, « Ce qui a déjà été vu » a la possibilité d’exister, tout comme « ce qui n’a jamais été vu ». Ils sont deux avec une force physique, un équilibre physique et une perte physique qui n’appartiennent qu’à leur cirque, très personnel. Ils sont deux, donc, dépassés par ce qu’ils mettent en place, et c’est la lutte avec ce dépassement qui sera leur poème : une écriture de cirque célébrant ce qu’il reste à accomplir entre le nécessaire grandiose et le détail de l’inutile.



Alors ce plateau encombré d'un bric à brac sidérant,cinq  établis comme encombrés d'accessoires hétéroclites de vide grenier, vente de garage ou marché aux puces (de cirque), s'anime. Deux escogriffes vont nous conter fleurette deux heures durant lors d"'une visite guidée de cet univers loufoque, baroque à souhait! Dans un savant décompte, on nous annonce en bateleur de foire que Huit séquences nous attendent: alors on commence par la fin du show, "un strip tease", effeuillage d'une mariée sidérée par la peur, un mannequin vissé, rivé sur sa tête, à l'envers qui ne l'empêchera pas de se dévêtir de ses oripeaux, en couches d'oignons: tantôt crinoline, faux-cul, et fraise, tantôt en curé, miss France, ménagère, vahiné, en porte jarretelles, ceinture de chasteté (avec détention de la clé bien sûr!), string anti érotique distendu..... Couche culottes en nombre que Vimala Pons effeuille jusqu'à la nudité!: le dé-tricotage du dernier slip est inénarrable !Le tout orchestré par une musique live, faite maison dont le mode d'emploi nous a été révélé auparavant, histoire de nous acclimater et nous mettre dans l'ambiance."Il dit", elle dit, s’enchaîne sur des cartoons, cartels qui viendront souvent éclairer nos lanternes dans ce fracas sans perte d'un monde disloqué.Aprèes ce "strip tease", cette "ouverture", ces la "revue d'histoires" qui s'affiche pendant que les complices nettoient le plateau, en entremets à vue, plein feu sur ces balayeurs d'accessoires essorés, usés qui ont servi aux petits miracles des images animées. Un immense tobogan fait sa vedette alors que notre circassien Tsirihaka Harrivel, s'élance, épinglé, piloté par sa compagne du septième ciel, suspendu aux cintres...
Danger, risque et retenue de souffle!
Il chute sans encombre du haut des cimaises! Monte en l'air d'une salle des pendus en déus ex machina, le voilà ange et démon aux pays des sortilèges Comme deux salles gosses, enfants terribles qui feraient les 400 coups: du bon cinéma... Ces élévations successives, portés rocambolesques aux nues, sont le leitmotiv qui revient, reprise en comique de répétition salvateur. Ça court de partout, sauve qui peut la vie dans des précipitations efficaces et rondement menées, tirées au cordeau, précises, nettes: le désordre organisé! Chaise d'écolier, machine à laver, échelle, autant d'objets animés qui ont une âme dans ce fatras, à la Prévert, inventaire des rêves les plus fous."J'ai rien fait" s'exclame Vimala, une colonne antique sur la tête. Cariatide en ruines, en tragédienne burlesque et déconfite, désopilante interprète aux multiples registres dans des solos virtuoses où s’enchaînent métamorphoses singulières.Métaphores de l'amour, planche de culpabilité avec couteaux tirés comme un jeu de massacre, un chamboule-tout sur lequel on se défoule.Déceptions à gérer, ambitions à afficher, surprises nichées dans un cercueil de fortune: c'est la vie la vraie, vernaculaire à souhait!"Raté-réussi-touché" jamais coulé, le show mené tambour battant, haletante performance rythmique et physique pour ces deux pieds nickelés de la scène sauvage et belle.Des sets sans relâche en entracte, une cuisinière où ça récure grave, des sauts d'humeur où l'on apprend tout sur la bile et l'humour noir...Chasser les mauvaises humeurs dans un catalogue déraisonné des capacités de comédienne si douée qu'est Vilama Pons: on se souvient de "Vincent n'a pas d'écailles" et l'on sourit d'être là si proche d'elle: en chair, sensuelle et belle, virulente, acharnée, déterminée, engagée, à fond la forme! "Hell, Naif ou Ikéa" en slogans déguisés histoire de montrer qu'on est aussi des éponges abreuvées de pollutions multiples à détourner!Complainte des temps modernes, magie et prestidigitation hystérique aussi au menu: on ne se lasse pas de ces histoires quand au final un numéro de karaté burlesque se joue d'un bébé lancé dans les bras l'un de l'autre: tendre, retenu, simple et parlant, ce duo chorégraphié, ce "je t'aime moi non plus" est digne de figurer au gotha du spectacle hybride, ovni des temps passés.Touches à tout à la Cocteau, démiurges modestes,qui chinent sans s'échiner dans une multitudes de paysages peuplés d'accessoires choisis, de machines infernales: comme sur un ring endiablé, sans arbitre ni parasite pour gérer l'ingérable.Ou cours-je, dans quel état j'ère?On passe tour "en revue" sans corriger, on n'arrête surtout pas ce cirque décadent de joies et de bonheur, décati, décrépi et plein de distanciation. Engagés en diable, épuisés après cette prestation virtuose en tempo et timing d'enfer.
De bonne humeur, biens dans leurs assiettes qu'ils se fracassent sur la tête, dans des séquences denses et touffues, relevées, pimentées, rebondissants, nos compères font la paire. Et leur cinéma! "Grande" oui, elle est devenue "grande" Vimala Pons et doublement épaulée par son acolyte si bien trouvé et choisi pour ces occasions de partage de scène..On dirait des cartes postales de Plonk et Replonk, animées de bonnes intentions, d'excellentes attentions aux autres dans ce capharnaüm délirant.

Au Maillon Wacken jusqu'au 19 MAI


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