mardi 10 décembre 2019

"No-mad(e) : Marino Vanna de No-Ma: nomad's land ! Glissement progressif de la danse...


Porté par son riche parcours d’interprète, Marino Vanna a développé une danse intégrant de multiples styles. Une diversité qui prend racine au croisement de différentes cultures. En solo, il crée sa première pièce. Une poétique invitation au voyage entre fiction et autobiographie. No-Mad(e), lu en français, cela sonne comme « nomade » et le solo de Marino Vanna, avec sa danse fluide, ne se prive pas de créer de nouveaux paysage en jouant avec les multiples déclinaisons de ce titre à tiroir. "No mad" en anglais, cela signifie « pas fou ». Mais ne l’est-on pas lorsque l’on s’aventure dans une première création ? Et pourquoi pas "No made", qui suggère, toujours du côté de la lange anglaise, quelque chose qui n’est pas fait. Et par association, certains concepts, un peu comme dans les arts plastiques, les « ready made » à la Duchamp. Le solo de Marino Vanna déplie sa propre lande, un espace ouvert pour questionner le et les sens. Sensibles, vifs, délicats, ses gestes cultivent la spontanéité et l’art de la rencontre. La démarche du jeune chorégraphe témoigne d’une certaine idée de la danse qui ne se réduit pas à l’esthétique, la forme ou le concept. Marino Vanna privilégie l’imaginaire du mouvement, la danse comme ouverture aux autres, au monde.

Et si la danse était nomade?
Et si ce frêle corps tapi dans le noir qui nous attend, allait de son tapis blanc nous ensorceler et nous conduire dans sa transe dans des transports en commun inédits?
Dans un rayon-diagonal de lumière, comme aspiré, enfermé  dans des sonorités cavernicoles insolites, il se meut lentement et son ombre s'étire, le double. Il caresse, sculpte l'air, l'éther et dans des ondulations de bras et de mains gracieuses, se fige, s'arrête , stoppe son flux de mouvements évanescents. Il déroule ses formes, structure son espace en mouvements successifs, interrompus, hachés, brisés, savamment décomposés en fractures et découpes.Segments et découpages qui s'accélèrent, s'entrechoquent.Comme stroboscopiques.Ses gestes répétitifs, obsessionnels, angulaires repris, recommencés sur l'ouvrage de son corps, métier à tisser un vocabulaire, une grammaire propres à lui.
 Des ouvertures, des glissements lui font prendre, posséder l'espace, le dos sculptural en poupe, modelé.
Dans un manège tournoyant, de la périphérie au noyau central, un mouvement giratoire s’insuffle, se dessine: derviche éperdu sur son axe  en transe, en état de possession, d’envoûtement.
Des tourbillons de sons l'aspirent, il expire, moteur enragé dans un vertige visuel impressionnant.L'épuisement gagne le danseur, la perte, la dépense physique est fascinante et opératoire!
 La fatigue le couche au sol dont il se fait un tremplin pour des évolutions graphiques proches du hip-hop ou de la capoeira. Très faune ou félin, de profil sur cette musique aérienne, possessive. Il nous regarde, interrogateur puis sur une touche de musique électro-acoustique, reprend énergie, se déploie, se donne et se révèle avec un bel inventaire, une grammaire gestuelle très personnelle, vrillée, torsadée.
 Dans des saccades, secousses tétaniques il marche en diagonale, tremblant, vibrant, tétanisé, en proie au delirium tremens: nerveux, spasmodique être humain, contaminé par la paralysie dans un état de folie contagieuse. Puis il se dissout, disparaît, haletant, épuisé...
La pièce, fort bien construite, en crescendo dramatique et émotionnel est un début de chapitre d'une épopée chorégraphique naissante.
Un solo pour s'affranchir des apprentissages, pour se libérer des contraintes, pour rencontrer son altérité dansante, son savoir être danseur de tous les pores de la peau qui transpire , émet des signaux éperdus de force et de fragilité mêlées.
Made in Marino Vanna, taillée sur mesure et pièce unique rare.

A Pôle Sud jusqu'au 11 Décembre


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