Cet
été à Bussang, on venait vivre l’épopée Hamlet ! Cette figure mythique
a été pour la première fois présentée sur la scène du Théâtre du
Peuple. Trois versions étaient proposées afin de d'offrir une
expérience inédite en France : Hamlet de Shakespeare, qui fut suivie par son adaptation contemporaine et insolente, Hamlet-machine de Heiner Müller. Enfin on a retrouvé l’interprète de Hamlet, seul, pour un face-à-face intimiste avec le spectacle (HAMLET, à part).
Hamlet est une œuvre placée
sous le signe de la mort, de la vengeance, de la vanité et c’est en cela
qu’elle est profondément poétique. Ici, la forêt de Bussang est la
compagne fidèle de ce projet où la force des images scéniques rejoint
la puissance des mots.
Il
fallait pour cet événement réunir une grande troupe, c'est celle de
Bussang, composée traditionnellement d’artistes professionnels et
amateurs et c’est le comédien Loïc Corbery, sociétaire de la
Comédie-Française qui nous fait l’honneur d’incarner Hamlet.
Car l’enjeu de cette épopée autour de la figure de Hamlet est d’offrir un chemin jusqu’à Hamlet-machine. Pour la première fois en France, les deux œuvres sont présentées dans la continuité et peuvent ainsi s’éclairer l’une au contact de l’autre.
Trois Hamlet dans le bon ordre pour mieux cerner le personnage très complexe qui hante les scènes théâtrales et a animé le metteur en scène directeur du Théâtre de Bussang!
C'est un chalenge et un très beau projet, et l'expérience d'enchainer les trois propositions irait presque de soi, tant l'intelligibilité des propositions est forte, fondée et convaincante
D'abord, il y a le comédien phare Loic Cordery que l'on retrouve dans les trois pièces qui avoue être épuisé, fourbu par cette expérience titanesque: on a peine à le croire avant d'avoir vécu soi-même et physiquement l'enchainement. C'est sans doute le Shakespeare qui remporte les faveurs tant le rythme, les acteurs et la mise en scène déborde à la fois d'humour, de tragédie et de limpidité Quelques très belles scènes quasi chorégraphiques de passages des comédiens traversant la scène comme chez Emma Dante ou un duo de danseurs quasi expressionniste à la Mary Wigman ou Doris Humphrey...La troupe de comédiens qui vient éclairer une part de l'intrigue est un aveu sur le théâtre "de souricière"...Le fond de scène arborescent est une image toujours aussi forte: ici c'est l'enterrement d'Ophélie qui tel un tableau de Courbet anime la tragédie et méduse par la beauté du mouvement lent du cortège noir.
Car ici le noir et le blanc sont de mise dans les costumes et les praticables, murs armés pour protéger ou dévoiler les crimes...Les crânes sont ceux de Gerhard Richter dont l'immense bougie rappelle cette servante qui veille sur le théâtre sans cesse, maitresse des lieux et des esprits.
Une expérience qui fera date et imprime les esprits de tous ces spectateurs fidèles de Bussang!
Et "Hamlet Machine" de conclure ce marathon comme objet scénique indescriptible mise en scène de textes et références sur Hamlet dans tous ses états de siège!
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