vendredi 9 décembre 2022

"PROG.HB.ZérO": la tête au carré cubique ! Des architectes de la saga-cité! Aurore Gruel fait la tête au carré des lombes!

 


Cie ORMONE France trio création 2021

PROG.HB.Zér0

À l’occasion d’un précédent spectacle, les artistes de la compagnie ORMONE ont imaginé un drôle de petit peuple, les Hommes Boîtes. Avec leur tête au carré en carton et leur corps de danseurs, les voici qui reviennent, propulsés dans le nouveau monde de PROG.HB.Zér0. Voyage inattendu dans un espace aux images foisonnantes.

 

Entre le jour et la nuit, il se passe parfois de drôles de choses. Les trois personnages de la pièce se réveillent dans un univers qui les surprend. Il y a là de quoi jouer et danser entre images, sons, couleurs et objets à explorer. Et les Hommes Boîtes sont ravis d’en profiter, de sauter d’un univers à l’autre et d’inventer ensemble. Plaisir de la découverte et jeux nés de l’imagination sont, pour les héros de cette histoire pleine de rebondissements, l’occasion de se doter de nouveaux pouvoirs.
Créé par Aurore Gruel, PROG.HB.Zér0 poursuit la démarche entreprise par la chorégraphe depuis les débuts de sa compagnie fondée en 2004 : engager le corps dans l’acte poétique. Spécialement conçue pour le jeune public, cette nouvelle pièce pleine de fantaisie s’attache aux sensations en croisant différents langages artistiques : danse, musique, arts visuels. Dans ce spectacle, corps, objets, images s’animent, créant de nouvelles situations, d’autres paysages et récits. Selon Aurore Gruel, il s’agit « d’explorer les formes simples, les couleurs ; de faire de plus en plus de choses tout seul comme s’asseoir, ramper, attraper, courir, sauter, grimper, glisser, imiter… » et d’embarquer le public dans cette aventure.


C'est tout un univers de lumières au sol, au mur qui tracent des images, des hiéroglyphes colorés, mouvants aux formes carrées, petits lego mobiles animés de bonnes intentions icono- graphiques! Les spectres graphiques se promènent, se déplacent comme des pièces de puzzles ...Des cubes-écrans font office de toile de projection, en monticules: c'est du Alwin Nikolais ou de Loie Fuller, toile tendue pour accueillir le mouvement lumineux et le défier. De petits personnages se révèlent, les hommes-boites coiffés d'une structure cubique, masque corporel pour mieux révéler les mouvements du corps.Ils grimpent, réfléchissent dans des attitudes de "penseur de Rodin", ils s'emboitent en autant de pièces d'architecture en construction-déconstruction.Maison, escalier, marches, tout ce qui ne tourne pas rond! Des percussions en bande son signée Hervé Birolini pour accompagner les mouvements à angle droit, sorte de cache-cache enjoué, immergé dans des lumières fleuries au parterre.Les rencontres jouent au couple amoureux qui s'embrasse au carré, qui se poursuit à l'aveuglette dans des lueurs bleu-vert de toute beauté.Des acrobaties périlleuses sur les blocs carrés, des conversations, fusion de baisers et échanges animent le plateau.Soudain l'escalier sculpture s'anime, se met en jambes de façon comique, personnage insoupçonné.dissimulé derrière la structure.


Des nymphéas lumineuses comme décor changeant.On se salue poliment, on s'encastre savamment, en rouage ou engrenage et sur fond de pellicule photo les trois protagonistes asexués font leur cinéma muet, burlesque, mécanique, robotique. De beaux arrêts sur image explorent maille et chainon de corps, alors que le graphisme à la Paul Klee inonde le fond de scène à loisir.Quelques mouvements lents au ralenti laissent le temps d'apprécier la gestuelle, sobre et efficace langage sans queue ni tête, pour arrondir les angles.Telle une marquèterie sans joint avec mortaise souple, les corps s’emmêlent joliment. Puis ce sont des bandes tendues, liens horizontaux comme des fils tissés qui forment un ballet de tendeurs animés par les trois danseuses: géométrie et lumières stroboscopiques mouvantes, zébrures électriques pour partition colorée, telle des signes de notations chorégraphiques.


Le mapping signé David Verlet est un trésor de formes à géométrie cubique variable, inventive et très esthétique aux couleurs pastel donnant un ton et des variations chromatiques insolentes et recherchées.Des tourniquet de cubes évidés à la Sol Lewitt, Donald Judd ou des sculptures très contemporaines de Robert Schad font décor très pertinent et cette "boite de nuit"séduit par son ingéniosité, sa pertinence!Que du bon, que du beau signé Aurore Gruel pour nos bambins émerveillés, considérés comme des esthètes en herbe, des architectes de demain: en connaisseuse du nombre d'or qui fait écho à ces architectures de cité radieuse où il ferait bon vivre avec ces hommes boites matriochka angulaires à la Xavier Veilhan...Les interprètes dont Julie Barthélémy de toutes les expériences extraordinaires, au top de la perception!

Mais comment ces personnages peuvent-ils voir à travers ces masques boites coiffant leurs têtes s'interrogent les enfants spectateurs intrigués par cette science fiction de toute beauté? Par le dessous des masques, ne voyant que leurs pieds! On salue la performance de perception individuelle ,de l'espace des autres.....

A Pole Sud jusqu'au 9 Décembre

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