Les "grosses pointures" sont fragiles en danse et nul n'est à l'abri de la répétition, du déjà vu..
Chansons de gestes
Avec "Requiem" au Corum, Angelin Preljocaj échappe à cette fausse idée convenue et nous offre une oeuvre, certes emblématique, mais pas dénuée de surprises.Un spectacle où les émotions dues à la perte d'un être cher sont prégnantes. Entre l'intime et le tribal, Preljocaj rassemble, relie, réunit les religions et toutes croyances figées. Dans une sorte de rituel il soude l'image d"une histoire universelle avec sa grande "H". Les images, fierté pour les danseurs s'y adonnent en gros plans vidéo.Naitre et mourir dès le premier cri. La musique du groupe 79 D est aussi une mosaïque d'images, d'émotions. Le corps pense à l'âme écrivait Spinoza. Trois grappes suspendues en scénographie à la Ernesto Neto délivrent des corps, accouchent de personnages mythologiques. Trois groupes de danseurs les accueillent et la vie peut commencer. Sur fond de musique métal, la danse opère à l'unisson, très angulaire et parfois redondante.Tout s'enchaine sans faute ni heurt. Dans une certaine monotonie, monocordie et mélancolie. Le deuil de corps perdu que l'on traine au fossé, heurte. On les lance en l'air aussi... Des figures rituelles de personnages mystérieux dans de beaux costumes comme devin ou gardien du temple, séduisent. Duos, ensembles impeccables tiré au cordeau rythment l'univers sonore fait d'extraits musicaux choisis; réquiems et autres musiques choisies pour leur impact. L'émotion demeure ténue pour ce spectacle ambitieux, très esthétique aux belles lumières. La perfection de l'interprétation n'appartenant qu'à l'écriture très fouillée de Preljocaj.
Quatuor saisonnier
Anne Teresa de Keersmaeker et Radouane Mriziga avec ""Il Cimento dell'Armonia e dell'Inventione" de Rosas et A7LAS à l'Opéra Comédie est un trèfle à quatre feuilles. La scénographie luminzeuse de départ est cinétique et les barres parallèles en tableau changeant digne d'un créateur plasticien magnétique. Dans le silence et le rythme plastique de ces bandes verticales. Moment d'intrigue et de suspension qui dérange et agace. Et c'est bien! Un solo d'un danseur, virtuose comme il se doit démarre la pièce qui n'aura de cesse de tricoter, démultiplier à l'envi les gestes phares de De Keersmaeker. Les saisons s'enchainent, de l'automne charmant au printemps foisonnant. Tout s'écoule sereinement, les trois autres interprètes masculins se fondant dans ces lumières changeantes. Enjoués, lumineux les interprètes se donnent, sautillent, simulent des "claquettes" dans un duo prestigieux. Un numéro magique qui désoriente et ponctue l'énergie ambiante. Stricte et virtuose. Le baroque s'invite à cette cérémonie, ce quatuor d'abord silencieux puis très loquace. Les saisons s'égrainent, la musique de référence de Vivaldi, remodelée. Les cordes maniérées comme des gestes mesurés. Danse au sol, marquage lumineux en plongée pour une grâce nonchalante. Des emprunts au hip-hop sur fond blanc au final. La lumière comme évocation principale de la succession du temps selon les saisons. Le silence se repose et les corps se taisent." La géométrie, l'abstraction et l'observation de la nature comme crédo.
Cunningham ressuscité
Avec "CRWDSPCR", "Rainforest" et "Sounddance" le CCN Ballet de Lorraine(direction petter jacobson) Merce Cunningham, une fois de plus aposituoone le maitre au coeur de la modernité et de l'expérimentation. On redécouvre les costumes colorés arlequins à carreau, les lignes et sauts vertigineux de Cunningham. La rigueur, le calcul, au cordeau, le lyrisme et la joie de la chorégraphie innovante de CRWDSPPCR. La vitalité, la coordination jubilatoire sans hasard ni yi-jing de cette oeuvre révolutionnaire émeut!Les ballons qui réfléchissent la lumière étincelante de "Rainforest" sont magnétisme visuel et sensoriel. Les corps sont plongés dans la matière volatile, légère, éphémère et l'apesanteur nait, sensible. La lenteur, les duos, les couples s'enchainent et les jetés de ballons et coups de pieds contrastent avec cette ambiance aérienne, indicible. Nonchalance et singularité pour une scénographie dansante évanescente à la Warhol et Johns de bon aloi! Quand danse et art plastique se rejoignent, la symbiose est organique, sensuelle et véridique. Avec ses rideaux plissés d'où jaillissent les danseurs, tout saute, virevolte en éruption comme des singes habiles. Transports et enthousiasme, humour, sourire et clins d'oeil au "bird", oiseau rare et libre graphiste de l'espace. La musique live électronique, électroacoustique au diapason de ces inventions chorégraphes diaboliques!Les danseurs du Ballet de Lorraine relevant le défi avec volupté et engagement, intelligence et intuition.
Le Festival Montpellier Danse toujours dans l'actualité patrimoniale et inventive comme il se doit grâce à la patte, au flair, à l'intuition de son directeur artistique de légende, Jean-Paul Montanari !
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