Tout démarre par un accueil auréolé d'une dégustation de gateaux japonais préparés par Usagiya, Maison Alsacienne de Wagashi: des petits cubes translucides fort esthétiques, moulés à couper au couteau, lignes droites, angles parfaits. Fragrances et gouts inouis, semblables à la musique de Malika Kishino que nous allons déguster. Des oreilles et des yeux, des papilles aussi !
"SHADES"
Un spectacle multimédia comme à l'habitude pour Hanatsu Miroir. Les deux protagonistes dans une scénographie originale sont perchés en hauteur et donne le ton le "la"onirique de la soirée. La flute est volubile, acrobate, sur le fil des sons, tissant une matière sonore inédite alors que la percussion épouse ces tonalités pour engendrer une atmosphère sereine et rêveuse. Ayako Okubo sobre et habile, virtuose du souffle dans tous ses états, ses éclats, ses tenues et modulations subtiles qu'exige la partition lumineuse et solaire de Malika Kishino. Olivier Maurel, tel un chat, félin mobile et tactile aux percussions. Félins pour l'autre...L"ambiance est mystérieuse, rehaussée par les gestes et postures à terre d'une danseuse dont on perçoit à peine les contours du corps, couché au sol. Grace et volupté de mouvements ondulatoires, versatiles, ancrés dans la terre mais cependant très aériens au ressenti. Le dos est quasi nu, les plis de sa longue jupe, style plis à la Yssey Myake ou origami font office d'éventail japonais Qui se plie et se déplie au gré des sonorités, du rythme de la composition musicale Cela semble du sur mesure, haute couture pour un corps féminin en reptation et glissements très sensuels. Un partenaire, comme un corps siamois entre en scène et se fond dans sa gestuelle: créature hybride et mystérieuse qui hante le plateau et fait corps avec le duo de musiciens compères et complices de cette fable épique. Fantastique et parfaite représentation de rêves éveillés qui donnent le frisson. Comme un insecte rampant, une mante religieuse casquée de noire, un coléoptère bizarre, inquiétant. Noéllie Poulain et Yon Costes, interprètes idéaux pour un adage poétique et très séduisant. Danse arachnéenne sans nul doute.Yurei ou Yokai de toute beauté!
Les lumières et images vidéo végétales enveloppant le tout pour un état de fébrilité fragile et spectrale: "shades" comme les ombres portées dans la grotte de Platon. L’allégorie de la caverne est une allégorie exposée par
Platon dans La République. Elle expose en termes imagés les conditions
d'accession de l'humain à la connaissance du Bien, au sens métaphysique
du terme, ainsi que la transmission de cette connaissance. Images en ombres "chinoises" à travers des panneaux tendus, icônes éphémères d'un temps absent, de la pertes de la carnation, de la chair: celle de la muse Echo qui s'efface, disparait peu à peu pour laisser la rémanence de la voix, du son, des percussions.
Spectres, fantômes, ectoplasmes, bienvenus dans le monde de Malika Kishino, ravie ce soir là de voir son oeuvre incarnée et vivante.
Malika Kishino, composition | Noëllie Poulain, chorégraphie et danse | Yon Costes, danse | Ayako Okubo, flûtes | Olivier Maurel, percussions | Raphaël Siefert, lumière et vidéo.
Puis changement d'espace pour un spectacle inédit, à l'arrache à l'issue de cette création:
Concert hommage à Kaija Saariaho
Duo Haelim Lee et Gayané Movsisyan et Louis Siracursa
[Duo vocale] [electro fusion] [contrebasse] [espace cabaret] tout public










