samedi 18 novembre 2023

"La Taïga court- première cérémonie" Antoine Hespel / Collectif La Volga: elle suit son cours...et déborde de son lit mineur.

 


La Taïga court est un voyage à travers le monde, là où se joue un avenir que l’on sait proche. Là où progressent les déserts, où gonflent les fleuves. Là où (sur)vivent celles et ceux que touchent directement les bouleversements climatiques.
La Taïga court c’est aussi un panorama, un paysage textuel fait de mots éparpillés, de longues listes et de brefs dialogues, de typographies variées, de caractères 12 et de caractères 46, de points et de lignes, De souffles et de silences également. 


La salle du Maillon sera divisée en deux clans, métamorphosée à l'occasion de la venue de cet OVNI théâtral, plus scénographique que textuel. Quoique...Invité à se placer à sa guise dans des sofas moelleux, le public enveloppe la scène, sans vraiment lui faire face.L'ambiance est au cabaret avec l'apparition de cette splendide animatrice pailletée, montée sur talons hauts, micro à la main. C'est l'introduction, prologue à cette fable écologique, signe des temps bouleversés de l'inversion climatique. Un sujet galvaudé qui commence à agacer mais quelque peu prémonitoire à l'époque de la genèse de l'opus "La Taiga court". On lui déroule le tapis doré de la survie pour en faire un chemin de table froissé. Et pour dépoussiérer le sujet, c'est à un défilé de mode déjanté, style "voguing" tranquille que l'on assiste. Une mine de trouvailles esthétiques: pneu en guise de ceinture,sèche linge adapté pour un ange déchu aux ailes cabossées, bidons d'eau, pièces recyclées à profusion pour stigmatiser la catastrophe des objets perdus, en surplus que génère notre société consumériste. Du très bel ouvrage, visuel, humoristique qui fait mouche, touche et illustre fort bien la déchéance, la pollution sous des couverts et porte drapeaux symboliques: des accoutrements de fortune pour prendre conscience de l'avènement du pire.Clara Hubert, designer costumière de choc pour une haute couture sur mesure, saison inaccoutumée pour acheteuses industrieuses en mal de culpabilité environnementale...Sur fond de rideau de scène étoilé, archipel des continents en divagation.



Eco anxiété,  cours toujours...

Les personnages  portent et transportent leur chagrin, étonnement en attitudes de suspens, face à un décor opaque qui masque un intérieur où trône l'un d'entre eux. Petit cercle, tribu de fortune qui semble lutter pour sa survie en notre compagnie consentante. Ni prédiction, ni prévision, ces mots et paroles transpirent la constatation de l'émigration, de ces "migrants" déplacés comme les glaciers qui fondent, les torrents qui débordent de leur lit mineur et font des coulées de boue inéluctables, irrévocables phénomènes climatiques de notre époque décalée, déboussolée. En quatre chapitres, après avoir siroter une boisson glacée aux framboises gelées, on parcourt des distances humaines, des situations abracadabrantesques qui mettent du piment à la déclaration de catastrophe naturelle dénoncée. Ces jeunes comédiens, metteur en scène, porte drapeaux, relais de ces olympiades de glace. Le flambeau se passe, le message nous invite à nous lever de concert pour honorer la "fondation" éphémère et utopiste, ambassade des plainte, cahier de doléance de cette terreur climatique vérifiée, estampillée par les actes militants de ces acteurs du présent.Ouragan qui déplace les murs ou barricade, ce dispositif scénique mobile qui nous menace, comme ces ours porteur de mitraillettes qui sont dans votre dos.Vigiles, guetteurs ou veilleurs agissant pour notre sécurité? Ou dispositif de répression policière, politique improbable de mesures politiciennes internationales déjouées? A vous de répondre, d'être consterné, concerné par ces états de faits,  et d'acter hors de votre fauteuil cosy dévolu à votre confort moral. Cette fable enjouée pourtant n'est pas pessimiste et la mise en espace, originale atteste de la recherche de ce groupe qui cherche à impacter le spectateur en l’arrogant. Adopter un émigré LGBT, sauver le monde à sa façon, oui, elles courent, elles courent la taiga, la pampa ou la brousse pour être poursuivies, dépassées, stoppées tant qu'il en est encore temps. Antoine Hespel se saisit des mots de l’autrice Sonia Chiambretto, qui dresse le tableau de l’aveuglement du monde, mais aussi celui d’une incompréhension entre celles et ceux qui vivent l’écroulement des équilibres et celles et ceux qui les regardent… ou pas. Pour son travail de fin d’études à l’École du TNS, le metteur en scène s’est entouré d’une joyeuse équipe de sa génération, sur scène comme dans les coulisses. en savoir+

Un spectacle responsable, équitable, bouée de sauvetage indispensable à la prise de conscience ludique et bienvenue en ces temps de tenue de promesses politiciennes de polis petits chiens de pacotille.

Il cout, il court le furet du bois joli ou la maladie d'amour, ritournelle, manège , routine de notre déni face à l'inversion climatique.Transition écologique et cohésion des territoires en figure de proue..Totale énergie pour Danone et autre Nestlé qui se refont une virginité et une bonne conscience en finançant l'opus, barricade salvatrice d'un soulèvement communard de bon aloi ! Et que les climato- septiques ou dépressifs ne tombent pas dans la fosse aux lions: « Où sont-elles·ils les éco-réfugié·es, les déplacé·es, les réfugié·es climatiques ? ». Nuls par ailleurs...



Antoine Hespel nous donne à voir et à entendre les mots de Sonia Chiambretto, qui dresse le tableau de l’aveuglement du monde, mais aussi celui d’une incompréhension entre celles et ceux qui vivent l’écroulement des équilibres et celles et ceux qui les regardent… ou pas. Mais la poésie n’est pas une leçon de morale pour autant : à la manière du film Don’t Look Up d’Adam McKay, l’humour aussi peut aider à ouvrir les yeux. Pour son travail de fin d’études à l’école du TNS, le jeune metteur en scène s’est entouré d’une joyeuse équipe de sa génération, sur scène comme dans les coulisses.
Ils nous invitent, assis dans nos fauteuils sur le plateau, à regarder en face ce qui s’avance lentement vers nous.

Avec Jonathan Bénéteau Delaprairie, Yann Del Puppo, Quentin Ehret, Felipe Fonseca Nobre, Charlotte Issaly, Vincent Pacaud

Au Maiilon jusqu'au 18 Novembre dans le cadre de "premières, la suite focus jeunes scènes européennes"

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