lundi 26 septembre 2011

Philippe Manoury à l'Opéra du Rhin dans le cadre de Musica: le geste musical.

Son opéra "La nuit de Gutenberg" produit par l'Opéra National du Rhin, à l'initiative de Marc Clémeur son directeur,était fort attendu et l'impatience de la découverte de la mise en scène de Yoshi Oida dans des décors de Tom Schenk donnait lieu au même appétit de curiosité.Une occasion unique donnée dans le cadre du festival de découvrir l'épanouissement de l' œuvre de Manoury, déjà magistrale!
Figure incontournable de l'histoire strasbourgeoise, Gutenberg est incarné par Nicolas Cavalier, sobre et profond qui confère à l'œuvre sa dimension réflexive et moderne.Le propos est simple: de la révolution de l'imprimerie à la disparition du livre doublé par l'utilisation des nouvelles technologies, que reste-t-il aujourd'hui et pour quels échanges, quelle qualité de communication? L'inquiétude du personnage face à l'évolution du monde est omniprésente, se distille dans l'œuvre musicale, dans l'étau du décor qui se referme sur lui, malgré sa transparence et son aspect clinquant.et rutilant.
Les voix sont traitées dans le style récitatif , les personnages qui entourent Gutenberg, ne sont pas tous bienveillants ni confiants.
Le récit fait ici l'objet d'un solide traitement, la pièce est courte et fait mouche dans les esprits.

Manoury nous offrait le lendemain, son œuvre pour instrument à cordes: "Partita 1" de 2006, prodigieusement interprétée après la "Partia II BWV 1400" de 1720 de Bach par Christophe Desjardins à l'alto.
Après une courte et très édifiante présentation de son oeuvre par le compositeur fort efficace en paroles éclairantes, tout commence pour accomplir un voyage sonore inouï : le son du violon est démultiplié, trituré, façonné en direct par l'électronique. Un tourbillon de sons, d'échos, de "toupies" aspirantes et volubiles s'en dégage.Le geste instrumental est prolongé par l'électronique, pour rendre une texture et un espace denses, habités par des résonances et réverbérations surprenantes.
Alors que l'interprète semble au zénith de son génie,se façonne un  moment rare de plus à conserver dans la mémoire sensorielle de toutes ces expériences sonores cumulées depuis le début du festival!

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire