vendredi 23 décembre 2011

Hervé Bohnert: les petites morts ont la vie sauve! Danses macabres: que du "bohnert"!

Hervé Bohnert est boulanger à Strasbourg dans sa pâtisserie le Wegele quai des Pêcheurs...Mais il est est aussi plasticien et complice de la scène artistique strasbourgeoise depuis ses débuts, exposant à la légendaire Laiterie, ses masques de cire, ces visages moulés comme autant de reliques vivantes de l'espèce humaine. La vie, la mort semblent l'avoir tarabusté depuis toujours....Mais depuis "A l'aube des mouches" une association de plasticiens réunis autour de lui et de Gérald Wagner, que de chemin parcouru....Ses dernières expositions entre autre au CEAAC, à la galerie No Smoking ( "Point") en attestent largement...Vanités de vanités!
Ses crânes de dentelles, œuvres récentes, ses photographies anciennes, ses sculptures de bustes anciens relookées pour l'occasion, entre face cachée et face revisitée sont plus qu'originales. Elles inquiètent, interrogent notre relation à la mort, au passé de façon virulente et incisive. De photos de familles anodines, il fait en les raturant, en les grattant, des tableaux macabres, où il redessine les contours des squelettes, mettant ainsi à vif les os au delà de la couverture de la peau.Fragiles, immobiles ,ses égéries du temps qui passe nous regardent, nous interrogent sur notre vanité, nos ambitions à défier le temps.La mort, la camarde, celle qui fauche et emmène les hommes dans des danses évocatrices du trouble qui nous anime chaque jour face à la vie.Danses macabres comme celles de Damien Deroubaix, celle de Marc Ferrante qui ausculte les radiographies et reconstitue des corps transparents...Est-ce dans l'air du temps, ces vanités qui resurgissent de partout, même dans la mode, les arts plastiques, les images publicitaires?
"La danse macabre" de Desmaz sur des textes de Baudelaire en est encore une illustration "Le branle universel de la danse macabre vous entraine en ces lieux qui ne sont pas connus".
Constance des Mazery présente une série dans la veine des danses macabres moyenâgeuses : des squelettes hilares tentent d'attirer les vivants dans leur monde ténébreux. Tous les âges de la vie sont représentés ainsi que certaines conduites bravant la mort.
Cette danse macabre a trouvé un texte à sa mesure et ce sont les illustrations du poème de Baudelaire "Danse Macabre" faisant parti des "Fleurs du Mal" qui sont représentées pour l'occasion.


------ L'ouvrage "L'architecture du corps" de Arduino Cantafora parle du squelette, celui de l'architecture de toute construction humaine.Issue du travail des élèves de l'école d'architecture de Lausanne, cette proposition picturale et plastique relève du projet de la danse macabre traditionnelle, revisitée avec une touche d'humour et de distanciation notoire.A la fois drôle et tragique qui renvoie à la perpétuelle question de la représentation de la mort!

Voir aussi l'ouvrage "Danse Macabre" sur la première danse macabre allemande imprimée, celle de Mayence vers 1490.Toutes les illustrations sont superbement reproduites et l'homme devant la mort au Moyen Age tardif est dévoilé à souhait. Avec une introduction brillante et savante de René Wetzel.

On renvoie aussi à la dernière parution de ZUT consacrée à Tomi Ungerer où il est bien entendu question de danse macabre!"Rigor Mortis" entre autre, inspirée de Posada "Cavalera las Biccielas"où des cyclistes, squelettes ailés déferlent dans une joyeuse fin de course Une course contre la montre, contre les méfait du temps qui ne manque pas d'un dernier ressort: histoire de mettre les pendules à l'heure!

Bon, et en ouvrant l'almanach des musées de la ville de Strasbourg, on tombe sur une superbe photographie sépia où un homme est en prise avec la mort, drapée comme une femme musulmane, empoignant dans une gestuelle fort gracieuse cet homme en costume et en émoi!!!! (Henri Robin et un spectre de 1853)

1 commentaires:

Alexis Heim a dit…

La référence à M. Ungerer était inutile, Maître Bohnert n'a pas besoin de ce genre d'artifice pour faire du pain et des oeuvres qui emportent nos yeux et nos âmes délavées vers d'autres horizons que celui, binaire, qui nous est vendu chaque jour. Sinon belle pièce, à pêcher. Ou au moins à lire. Assis sur une mauvaise chaise ou un fauteuil déployant toutes ses prétentions.

Merci encore pour ce bel article (à l'exception de quelques coquilles et du sieur Tomi, pas un ennemi mais un "trop-présent", après tout je me suis délecté de ses brigands noirs quelques décennies innommables plus tôt).

Dans l'espoir abscons mais totalement réaliste de vous revoir en rat de vernissage (les bibliothèques n'ont pas l'exclusivité!),

bien à vous et mal à moi

Alexis

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