Le 33 ème festival international de danse de Montpellier, s'achevait ce samedi 6 Juillet sous les ovations d'un public conquis, chaleureux, curieux de toutes les formes actuelles de danses, tant la programmation éclectique et surprenante y trouvait sa terre d'accueil.
Toujours aux rênes du festival, Jean-Paul Montanari, radieux et grave, assisté de Gisèle Deppucio, sa collaboratrice fidèle depuis 30 ans, déjà!
A cette occasion, elle se vit récompensée de l'ordre des "chevaliers des arts et lettres" dans la magnifique enceinte du couvent des Ursulines, siège de l'Agora de la Danse de Montpellier.
Revenons à la programmation des deux dernières journées.
"SHE HER CHANGE"
C'est au Studio Bagouet de l'Agora que Yasmeen Godder présentait "See her change", un trio de sa fabrication, marque distinctive d'un style sobre et éloquent. "Regarde son changement" est une ode à la Femme, ici démultipliée. Elles sont trois interprètes brillantes de ce style émouvant, plein d'humour qui sourd des corps des danseuses, éprises de liberté intérieure. Alors que leurs corps sont de l'extérieur, soumis à la lecture ou l'interprétation du spectateur, voire de leur chorégraphe.
Trois générations de femmes sur scène dialoguent, s'exhibent, proposent solos et chorus dans un même esprit d'inventivité, de partage de regards. Quelle danse et pour qui?
Yasmeen Godder s'interroge sur cet aspect des choses et propose sa version de la nature de la danse. Moultes accessoires racontent aussi les genres, les personnalités, comme autant de clins d’œil à la féminité, ses poncifs et autres banalités.On se plait à y entrevoir quelques citations sur l'histoire du corps de la femme dans l'évolution de l'histoire de la danse. On y plonge à bras raccourcis dans une atmosphère détendue, festive, accueillante.Avec intérêt, curiosité dans un suspens haletant qui maintient en apnée, le temps de recevoir cette pensée chorégraphique comme un petit manifeste "de la femme d'aujourd'hui"; une femme qui saurait danser!Les trois protagonistes s’en donnent à cœur joie, complices, rivales, partenaires: toujours dans l'écoute réciproque qui fait avancer une narration joyeuse et jubilatoire..Dalia Chaimsky, Shuli Enoshl et Yasmeen Godder y rayonnent de concert.
"ROBOT!"
Dans un tout autre registre, ce même soir, c'est au tour de Blanca Li, d'opérer sur le plateau du théâtre de l'Opéra Comédie avec "Robot!. Quand la chorégraphe trouve les moyens de donner le jour à ses fantasmes, ça fait "boom" et ça décoiffe.
Comme un show, une comédie musicale à gros budget, nous voici entrainés dans une vaste épopée épique sur la robotisation, face à la danse. Terrain miné, tant la question philosophique s'est posée depuis Kleist et son traité sur la marionnette..
Blanca Li prend le taurreau par les cornes et livre ici un divertissement, une fable à la hauteur de ses délires visionnaires. A la haute technologie, elle marie la tendresse, la vie et l'humanité On est d'abord frappé par le travail plastique sur la lumière, qui prend les corps comme des écrans réfléchissant couleurs et rayonnement des faisceaux lumineux La Loie Fuller, Nikolais ou Decoufle ne pourraient renier leurs influences sur ce travail.Inspirée, Blanca Li: par de multiples réflexions sur l'homme machine, la marionnette, le futurisme....Et par sa complicité avec Maywa Denki, maître, facteur de robots extraordinaires, capables sur scène d'exécuter des mouvements quasi humains à la différence près qu'ils semblent programmés!Une artillerie donc de personnages sous-dimentionnés, à la merci de leusr manipulateurs ou désobéissant à l'envi pour mieux arpenter ou danser en chorus.
La poésie demeure dans ce grand chaos spectaculaire, tentaculaire, signature de la chorégraphe, éprise de fantaisie et frôlant ici le "déus ex-machina" pour emprunter les vois de la recherche sur le mouvement.
On demeure impressionnés par cette figuration d'une révolution possible: le robot remplaçant le danseur?
Fiction et réalité se frôlent à chaque instant, exubérance, folie et overdose y sont les ingrédients pour savourer sans restriction les impacts subliminatoires d'un tel chantier.A déguster sans modération pour le plaisir de décoller de terre un instant: rêve de danseur depuis bien des "sylphides" ou autre Coppélia du genre!
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samedi 20 juillet 2013
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