vendredi 7 avril 2017

Mondot et merveilles! "Le mouvement de l'air" est frais! et effraye !



Après « Convergence 1.0, » Adrien Mondot revient en compagnie de Claire Bardenne au Maillon avec «Le mouvement de l'air": Il y construisait des paysages qui évoluent en fonction de l'interaction des corps avec les objets en mouvement. Lignes, points, lettres, objets numériques projetés tissent des espaces poétiques en 3D, explorés par une danseuse espiègle et un jongleur d'objets virtuels. 
Initialement chercheur en informatique, artiste pluridisciplinaire, Adrien Mondot travaille au point d'intersection de l'art du jonglage et de l'innovation informatique



Univers onirique en suspension, les corps voltigent, s'affranchissent de la pesanteur, elastonautes à la poursuite d'images animées dans un ballet aérien, derviches tourneurs épris de vertige, homme suspendu, tête bêche comme une pièce de boucher dans des lueurs rougeoyantes. On vit un rêve comme une fugue qui vous ravit et capture le temps de la représentation.
Courses folles contre la fuite du temps et des icônes éphémères qui bougent sans cesse:La création numérique est générée et animée en temps réel. La musique orignale est également intérprétée en direct, sur scène.Volutes de fumées éparses en torsade blanches, tornades légères et féeriques .On est proche de la Machine à fumée d'Etienne Jules Marey, permettant d’observer l’écoulement d’un fluide rencontrant un obstacle.


La compagnie Adrien M & Claire B crée des formes allant du spectacle aux installations dans le champ des arts numériques et des arts vivants. Elle est co-dirigée par Claire Bardainne et Adrien Mondot. Leur démarche place l’humain au centre des enjeux technologiques, et le corps au coeur des images, avec comme spécificité le développement sur-mesure de ses outils informatiques. Ils poursuivent la recherche d’un numérique vivant: mobile, artisanal, éphémère et sensible.
Alors ces "mouvements de l'air" sont autant de magie, de prestidigitation que d'effets numériques et de technologies nouvelles! Comme une fourmilière animée, le spectacle débute dans une agitation de molécules, particules qui s'accélèrent, ondulent comme une végétation aquatique En noir et blanc, images et danseurs se rejoignent, parachutés dans ce monde versatile où tout frétille sans cesse, à l'affût d'une proie: un élastonaute qui se joue d'un immense filet comme un appât tentant, mais jamais pris au piège. Une femme qui se love à terre et répond aux sollicitations de volutes tourbillonnantes.
Des particules de neige ascendante comme une voie lactée: les images défilent, se tricotent à l'envi selon les envergures des mouvements, des déplacements vifs et furtifs de ces trois circassiens en diable.
De danse, point vraiment, mais une architecture d'évolutions spatiales initiée par la fulgurance , la vitesse des effractions, des entailles dans ce décor mouvant, ce sol qui se dérobe, ces murs qui se transforment en plafond de chapelle Sixtine, comme un tableau vivant.
Et puis ces drapés qui flottent tel le lys de Loie Fuller, ces torsades à la Tony Cragg, cette plasticité virtuelle qui séduit l’œil, flatte l'esthétique frénétique de ce spectacle alléchant!
Une atmosphère de ciel d'été sur fond de chants de grillon, et la nuit s'entrouvre sur un duo sans artifice, sobre, bien "mouvementé.Déjà dans "XYZT, les paysages abstraits" la collaboration de Adrien Mondot et Claire Bardainne semblait au zénith. Nénni, ici,ils surenchérissent avec bonheur dans l'euphorie des transports en commun, dans l'enthousiasme de l'apesanteur !
Quand une pluie de feuilles blanches s'abat pour  accueillir un voltigeur, c'est pour mieux tracer sur des pages blanches, le récit des corps virtuoses de l'acrobatie;
Au final, des nuages presque "authentiques" se mêlent aux fumerolles: de quoi se perdre dans le brouillard ou rester au bord de scène à contempler  le ciel, la neige ou la voie lactée.

Au Maillon avec les Migrateurs et le TJP jusqu'au 8 Avril


0 commentaires:

Enregistrer un commentaire