Décor sobre, une chambre d'étudiant, un homme au centre en slip noir dans toute son intimité va se dévoiler, se laisser prendre par nos regards, nos oreilles, tous nos sens en éveil
C'est par l'image et le verbe qu'il va conquérir l'espace visuel, sonore et sémantique du plateau. Tantôt tel un intélectuel chevroné, tantôt comme un gamin qui retourne aux sources de son enfance et des bruits de son pays Partout et nulle part, cette histoire autobiographique s'adresse à tous et touche, droit au but
Pas de détour, si ce n'est quelques images virtuelles pour brouiller les pistes: des fantômes, ectoplasmes de la mémoire, son double aussi qui le cerne en ombre chinoise.
Quand advient la scène du comas du père où il dialogue avec l'absent, bien "présent" malgré tout, on bascule dans un comique distancé, fragile et très pudique. Ce père à qui il confie moultes secrets et anecdotes, avec qui il joue et se joue des embûches du présent. Le "retour du fils prodigue" de Rembrandt, le hante et anime l'inspiration de ce "spectacle de théâtre" protéiforme, "polyphonique" au dire de Charlotte Farcet, dramaturge.
L'acteur est tout simplement envoûtant, magnétique et conduit sa barque deux heures durant dans un flux de mots, de phrases, de lumières, dans un décor changeant qui va jusqu'au bout de son propos: un immense chantier multicolore, maculé de peinture et autres matières à se fondre et se répandre. Son corps peinturluré, se métamorphose et l'acteur de se reproduire sur les murs comme les empreintes d'Yves Klein, mais en rouge! Anthropométries des nouveaux réalistes, figures graphiques et plastiques comme figées par le temps: empreintes du vivant, du vécu. On en ressort essoré mais grandi, chamboulé mais construit toujours.
Wajdi Mouawad, en fils "prodige" de retour pour un solo, pas tout seul !
Au Maillon jusqu'au 29 AVRIL
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