lundi 16 septembre 2024

"Picture a day like this" George Benjamin : une histoire de boutons dans la mercerie passe-muraille : un bouton d'or!

 


Picture a day like this George Benjamin


Opéra en un acte. Texte de Martin Crimp. En préambule au festival Musica.
Création mondiale le 5 juillet 2023 au Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence.


Présentation

« À peine mon enfant avait-il commencé à faire des phrases complètes qu’il est mort. Je l’ai drapé dans la soie habituelle pour le brûler. J’étais en colère mais je l’ai lavé. Je l’ai lavé. Je l’ai drapé. J’ai fermé ses yeux. Mais quand les femmes sont venues le prendre – le prendre pour le brûler – je leur ai dit : “Non.” […] La terre froide, les tiges mortes des fleurs reprennent vie. Pourquoi pas mon fils ? Les femmes souriaient. L’une me conduisit tranquillement vers la fenêtre et me dit : “Trouve une personne heureuse en ce monde et prend un bouton de la manche de son vêtement. Fais-le avant la nuit et ton enfant vivra.” Puis elle me donna cette page, arrachée d’un vieux livre. “Elle t’indiquera où chercher et qui interroger. Une personne heureuse, rien qu’une. Tu as jusqu’à la nuit.” »

Le compositeur George Benjamin et le dramaturge Martin Crimp ont marqué l’histoire récente de l’opéra avec la création triomphale en 2012 de Written on Skin, présenté depuis dans le monde entier. Après deux œuvres « grand format », ils ont souhaité renouer pour leur quatrième opus avec la souplesse expressive de l’opéra de chambre. Nourri par diverses traditions littéraires et philosophiques, Picture a day like this est une fable initiatique sur la nature humaine, racontée au fil d’une mosaïque narrative et musicale aux couleurs changeantes. Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma en signent une mise en scène bouleversante, à la frontière entre réalisme et onirisme. Un concentré d’émotion pure, confié à Alphonse Cemin, fin connaisseur de la musique de Benjamin.


Laisse le bouton, prends la fermeture éclair... 

C'est déjà une atmosphère scénique, une scénographie très plasticienne qui se dévoile: jeu de miroirs et déformations mécaniques des images, des corps qui arrivent sur scène et se démultiplient en une savante chorégraphie. Enchantement très séducteur comme toute cette courte oeuvre qui se profile. Une femme pose l'intrigue dans une langue anglaise délicate et fine dont toutes les paroles sont intelligibles. Un sort fabuleux et fantastique qui va la conduire à passer à travers le miroir de tableau en tableau. En quête de l'impossible: redonner vie à son fils...grâce à l'obtention d'un "bouton" de costume ou de manchette!Absurde situation, surréaliste mais qui ne semble pas l'affoler. 


La voici donc en recherche, rencontrant moultes protagonistes pour tenter de gagner ce pari invraisemblable. Une épreuve, un défi? Un couple d'amoureux alanguis, fort beaux corps canoniques, échangistes et partageux sera sa première étape, son premier bivouac sur ce chemin de croix singulier.Sa première halte sur ce sentier parsemé d'embuches.Un conseil: "prends plutôt la fermeture éclair que le bouton" de leurs vêtements épars.Tout est dit! Et la voici à la rencontre de cet artisan, fabricant de boutons, orfèvre en la matière. Le fabricant de ces "perles" qui comme pour la haute couture est gage de beauté, rareté et excellence. Mais pas de bouton en vue dans cette récolte impossible et ce chalenge hurluberlu et fantaisiste. Les étapes se succèdent, rencontres d'une passe-muraille qui franchit les espaces changeants où elle traverse ses élucubrations dantesques. La chanteuse, sobre et concentrée navigue dans cet océan de folie concertée avec grâce et aisance. La voix est douce, linéaire sans accents tectoniques.Ema Nikolovska y habite un personnage pertinent et attachant. La plus folle et belle rencontre: celle avec Zabelle, suite à ses déboires avec un collectionneur entreprenant et une compositrice affolée. La scénographie appuie le fantastique avec l'apparition, issues des cintres, de coraux, méduses ou autres bestioles marines fabuleuses. Dans des tonalités de couleurs orangées, rosées, chaleureuses, cette sirène incongrue procure douceur et bienveillance. Un tableau plastique de toute beauté pour magnifier le jeu de Nikola Hillebrand. Voix magnétique, enrobante, enjôleuse et attractives résonances séductrices et sensuelles du timbre et des hauteurs. Un rôle sur mesure pour cette cantatrice étonnante. Les costumes faisant le reste, les lumières réverbérant les effets de miroir, de transparences. Une mise en scène signée Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma très fouillée et esthétique pour valoriser ce capital musical atonique de George Benjamin auréolé des textes de Martin Crimp.Tout ici concourt à une efficacité musicale sous la baguette de Alphonse Cemin pour l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg. Un opus bref et séduisant où l'intrigue, narration pleine de simplicité en fait un bijou singulier, un vêtement bien conçu et "boutonné" comme il se doit, seyant et ajouté à point nommé.


photos klara Beck

Distribution

Direction musicale Alphonse Cemin Mise en scène, décors, lumières, dramaturgie Daniel Jeanneteau, Marie-Christine Soma Costumes Marie La Rocca Vidéo Hicham Berrada

Les Artistes La Femme Ema Nikolovska Zabelle Nikola Hillebrand L’Amante, la Compositrice Beate Mordal L’Amant, l’Assistant Cameron Shahbazi L’Artisan, le Collectionneur John Brancy Orchestre philharmonique de Strasbourg

dimanche 15 septembre 2024

"The Great Learning": paragraphes, phrasés, ponctuation , lignes, pleins et déliés pour une musique collective de toute beauté.

 


Le premier concert de la 42e édition de Musica fait appel à vous, musiciens et musiciennes du dimanche, ou simples curieux et curieuses, pour faire résonner ensemble une œuvre monumentale rarement donnée dans son entièreté : The Great Learning de Cornelius Cardew.

Composée à la fin des années 1960 avec une méthode socialement inclusive faite de partitions graphiques et d’instructions verbales, elle était destinée au Scratch Orchestra que le compositeur anglais fonda à Londres à la même époque. Cet orchestre, voulu comme un espace horizontal de création musicale, ouvert à tout un chacun, est l’utopie que le festival vous propose de réanimer collectivement.



PROGRAMME
Cornelius Cardew, The Great Learning (1971) Paragraphes 1 à 7

Des joujoux extras qui font scratch, boom, hu!

C'est une rencontre insolite au coeur de l'église St Paul qui une fois de plus accueille une expérience atypique de partage et d'écoute musicale.  Répartie en sept "Paragraphes", le concert fleuve de 7 heures
est un monument d'audaces autant que de fragilité. Audace du dispositif qui réunit les musiciens dans un cercle chamanique, fragilité des artistes qui se donnent après un court temps de répétitions et de prise de connaissance du processus de création Un ovale plutôt qui réunit les talents d'une vingtaine d'interprètes qu nous tournent le dos pour se concentrer sur leurs interventions sonores, vocales et musicales.  


Munis chacun d'un instrumentarium singulier et personnel, une petite boutique ou épicerie fantasque dotée d'objets domestiques aux sonorités recherchées. En alternance, en choeur ou en ricochet ils font résonner et raisonner la musique et l'écriture de la partition proposée. En ratures, scratch, en bruits stridents, râpeux, chacun s'ingénie à faire chorus sonore pour créer une atmosphère singulière de volière, de forêt tropicale, d'usine utopique où les bruits seraient sons et frissons. A chacun sa petite cuisine frugale et sobre, toujours à l'écoute des autres, en succession de rythme, de frappements, de battage comme pour une moisson prolixe et fertile. C'est émouvant et touchant, plein d'authenticité et de sincérité. L'exercice parait simple et pourtant toutes les interventions sont conçues et préparées, orchestrées et prémédités! Du sans filet pour ces musiciens professionnels ou en herbe, jeunes pousses qui osent et défendent un propos, une philosophie, une attitude partageuse et participative.


Le public immergé dans cet univers unique semble ravi et captivé. A l'orgue deux musiciens ponctuent et prolongent l'aventure de leur souffle et occupation de l'espace, étrange et mystérieux. Un petit côté cérémonie et rituel tibétain pour colorer la fantaisie de ses "paragraphes" pour l'occasion, le quatrième. Puis après une pause plus longue qui permet d'apprécier le lieu, cet endroit sur le parvis de l'église devenu plaque tournante de belles rencontres, discussions et restauration. Place au paragraphe 6 qui nous propulse autour d'un cercle réunissant les artistes. Chacun son territoire où s'entassent moultes objets sonores de leur choix si résonance juste. Un poulet en plastique, des clochettes, des ustensiles de cuisine et autres pièces détachées insolites. Cet orchestre résonne au diapason et à l'unisson d'une direction collective et grâce à une écoute phénoménale les uns vis à vis des autres: respect, modestie, effacement pour créer un ensemble résonnant unique. La pièce est drôle, pleine d'humour des notes, des tonalités et du rythme. Petit à petit chacun quitte le cercle pour laisser place à la visibilité des objets: un vrai vide grenier ou marché aux puces réjouissant! Place nette pour le dernier paragraphe en conclusion ou épilogue. Place aux corps déambulants et a leur émissions vocales; singulières et personnelles en choeur contemporain aux accents linéaires, aux tenues exemplaire. Parfois un sursaut, un accent de l'un ou l'autre, une accentuation pour ponctuer cette marée sonore qui nous berce et hypnotise. Du bel ouvrage vocal comme une balade vocale collective qui enivre et fait planer et décoller l'auditoire encore nombreux à cette heure tardive. On se quitte enchanté et conquis par ce travail étonnant et très professionnel, fédérant énergie, envie et désir de s'approprier un art fait de notes, de hauteurs, de sons et résonances que l'on est tous en capacité de créer et agencer. Pour une musique de notre temps qui compte et nous est précieux. Et les scratch de grésiller et râper encore à nos oreilles épatées. Que vivent à présent longuement l"Ensemble vocal De-Ci De-Là et toustes les great Scratcheureuses ! Un 7 paragraphes de table bien relevé et gagnant!

 

avec
les musicien·nes amateur·ices de Strasbourg et ses environs
les musicien·nes intervenant·es
Ensemble vocal De-Ci De-Là
Pelicanto - chœur LGBTQ+ d’Alsace

musicien·nes intervenant·es
Didier Aschour, Jeanne Barbieri, Stéphane Clor, Jean-Philippe Gross, Yannick Guédon, Thierry Madiot, Lou Renaud-Bailly et Joris Rühl.

Concert accessible en entrée libre. Eglise St Paul le 15 Septembre


samedi 14 septembre 2024

"Tempus muliebre" : une musique arachnéenne sur toile de fond militante

 


samedi 14 sept. 2024 à l'Eglise St Etienne Strasbourg dans le cadre du festival Voix et Route Romane

Tempus Muliebre
 
“Cette époque est un âge de femme” - Istud tempus tempus muliebre est - écrivait Hildegard von Bingen à l’archevêque de Mayence en 1178. Connue pour ses visions et ses compositions, la moniale du 12e siècle, fondatrice de deux monastères, porte en son nom le combat - “hild” - qu’elle a mené sa vie durant contre l’injustice et la corruption. Elle n’hésite pas à conclure sa lettre en ces termes : « En résumé, vos propos outrageants, injurieux et menaçants n’ont pas à être écoutés. Les châtiments que votre orgueil brandit ne servent pas Dieu mais les présomptions débridées de votre volonté éhontée. » 
 
Tempus muliebre est un dialogue littéraire, à partir d’un livret original réunissant des lettres de Hildegard et des poèmes et écrits de femmes iraniennes et afghanes. C’est aussi un dialogue musical réunissant des extraits de chants médiévaux et une création du compositeur strasbourgeois Gualtiero Dazzi. Il y est question de la liberté et de la place des femmes dans différentes sociétés : d’hier, d’aujourd’hui, d’Orient, d’Occident ; une thématique à la fois universelle et d'une actualité indéniable.


Dans l'Eglise St Etienne va se dérouler une cérémonie médiévale croisée d'une création contemporaine au regard d'un répertoire patrimonial de toute beauté et de grande qualité musicale. Deux ensembles, l'un à cordes, l'autre à quatre voix vont se confronter, s'allier, se relier pour façonner un concert fait de petites touches créatives qui s'enchainent, s'enchevêtrent et se chevauchent à l'envi. Si bien que les compositions de Gualterio Dazzi se fondent à cette archéologie musicale avec justesse et respect, inventivité et rigueur. Tissage et métissage des instruments, des voix façonnent des tableaux qui se suivent comme un livre qu'on parcourt et feuillette. L'élévation des voix, la saveur des cordes comme des ondes, un flot, une mer voluptueuse se distinguent par leur sobriété. En teinte ou demi-teinte, la musique sourd de chacun des interprètes avec bonheur et distinction. "Le sceau de la maternité afghane" et bien d'autres thèmes viennent abreuver et inspirer la musicalité des cordes et des cordes vocales!Plusieurs morceaux font appel aux percussions sur les corps des instruments et sur les peaux de tambourins bien tendues pour offrir résonance et vibrations. Tempi et cadences au diapason pour une danse des sons très éloquente et fébrile. Les cloches comme des calices de messe renversés résonnent et sonnent scintillantes et omniprésentes. Telle une officiante, la récitante donne corps et chair, souffle et intensité aux textes des femmes convoquées pour cette ode et hommage à celles qui donnent la vie. A choeur parfait, accord parfait pour ces deux ensembles, enveloppés par la toile de fond de Véronique Thiéry Grenier qui accompagne de ses plis et replis les concerts du festival. Cheminant de concert avec les artistes et le public. Fidèle décor vivant de ses failles, replis et reliefs tectoniques très visibles selon les lumières qui s'y frottent ou y glissent entre les lignes ou courbes de niveau. Vu d'en haut ceci fonctionne comme une cartographie céleste de paysages changeants. Voyages!  Le son glisse, frôle l'espace et la toile semble filtrer et tamiser les harmonies et les voix: celle de la soprano enchantant le tout de son timbre pur et léger. Dévoilées, les voix resplendissent, s'élèvent comme des spectres, des fantômes: ceux des femmes absentes qui sont ici célébrées. Présentes à travers la matière poétique des textes interprétés de voix de maitre. Les mots s'affichent sur la toile, espace offert pour la lecture sonore des écrits féminins. "Les âmes savantes" se taisent, ne parlent pas et ces femmes "savantes" restent silencieuses devant la fatalité de leur sort. La fluidité des tonalités, des sonorités ravissent l'auditoire qui près de deux heures durant déguste ce festin de couleurs et de diversités rythmiques et sonores. Alors que la toile de fond se plisse, s'irrite, que ses cassures et fêlures absorbent le chagrin, la peine ou l'espoir: les failles sont paysages changeant et le voyage se termine sur des percussions et voix complices de bonheur et de réconciliation. Un concert brillant et innovant quant à la facture de la musique médiévale revisitée pour sa plus belle parure.


Les artistes

Ensemble Discantus : Cécile Banquey, Christel Boiron, Maud Haering et Catherine Sergent (voix chantée et cloches à main), Brigitte Lesne (direction, voix parlée et harpe médiévale)

Trio Polycordes : Florentino Calvo (mandoline, instruments traditionnels à cordes pincées), Sandrine Chatron (harpe), Jean-Marc Zvellenreuther (guitare)

vendredi 13 septembre 2024

"Ouverture de saison" à Pole Sud : amour, tendresse et plus si affinités!

 


Ouverture de saison Belgique Grèce

"Démarrer une saison c’est donner du sens et de l’envie. 
Au programme, la présentation de la saison en images et deux propositions artistiques volontairement très différentes, au regard de notre saison contrastée.  "

 


Angela Rabaglio & Micaël Florentz / Cie Tumbleweed 
The Gyre (in situ) 
Tumbleweed est une compagnie de danse basée à Bruxelles et Zurich, fondée par Angela Rabaglio, chorégraphe et danseuse suisse, et Micaël Florentz, chorégraphe, danseur et musicien français. À travers un dialogue constant et une curiosité physique, technique et artistique permanente, ils ont composé leur propre compréhension du mouvement, du corps et de son langage. The Gyre, leur première production, est une pièce évoluant sur un concept simple : marcher. De ce mouvement ininterrompu, fait de courbes et de croisements les deux danseurs déroulent, pas a
̀ pas, une partition captivante de mouvements entrelacés. Ils orchestrent tout en douceur une transe méditative et enivrante réglée comme du papier à musique.    
 
Tisser du mouvement en rythme, à deux, métisser les genres féminin, masculin pour avancer, d'abord quasi immobiles, puis peu à peu en ébranlant l'espace. Les deux corps se rejoignent sans cesse, en rectitude, tout de noir vêtus, sobres, discrets, dignes. Un son sempiternel de machinerie, d'usine de tissage se répand, les entrainant dans un mouvement giratoire infime, hypnotique, enivrant. Peu à peu les directions s'esquissent, les regards se portent au loin, l'espace s'évase et l'on s'évade avec eux, inventant des images où la danse s'incarne, prend corps et graphie dans un espace au sol volontairement restreint. Le rythme s'emballe, les mouvements se décontractent par fatigue ou relâchement dans une nonchalance qui sourd des pas qui s'égarent. La marche se fait rituel chamanique, expression d'une fragilité révélée, d'une tendre communion entre l'un et l'autre. Amour, proximité, contact, geste infime pour mieux souligner la douceur du propos. Le son des pas sur le sol se fait martellement et sanction, petite percussion de circonstance. L'intime est de la partie et le partage de ces instants précieux est juste et authentique. Les deux danseurs évoluent dans le jardin de Pole Sud, sur fond de verdure éclatante, sur une estrade à la tombée de la nuit, crépuscule du soir. Ils enchantent et ravissent un public conquis par tant de simplicité abordable, accessible pour une lecture au delà de toute illustration ou narration inutile. Un modèle de sagesse et d'écriture, du sur mesure pour deux artistes à l'écoute du monde.
 
La soirée d'ouverture se continue à l'intérieur du Centre chorégraphique par une généreuse présentation des activités de "la maison" par sa directrice Joelle Smadja et de la programmation "colorée" de la saison de diffusion: circulez, il y a tout à voir et découvrir! C'est Sylvain  Riéjou, le "nouveau" chorégraphe associé qui prend le relais pour animer et faire se mouvoir le public sur des propositions burlesques et humoristiques pleines de saveurs sur une jolie chanson de Jeanne Moreau..Cela promet de belles envolées collectives et participatives...
 
Au tour de Konstantinos Papanikolaou de prendre le plateau avec  A User’s Manual – Chapter I & III : une "histoire" qu'il va nous conter en introduction pour nous exposer les raisons et conditions de sa présence ce soir parmi nous. Une commande spéciale pour cette soirée d'ouverture. 40 minutes de spectacle en solo: alors, au travail pour exprimer et faire transparaitre son processus de création. Comme faire apparaitre ou disparaitre la "narration" évidente que pourrait suggérer la danse? Démonstration brillante avec son toréro fantastique bien identifiable, son danseur de sirtaki virtuose  et autres évocations très lisibles de danse codée. Avec humour et détachement, entre prise de parole et danse, le voilà entrainé dans son propre piège: raconter, illustrer, séduire et rassurer le spectateur. Pas de feinte ni de leurre, de distanciation ou falsification. Ni d'abstraction. Le conte est bon et il réussit sa performance en remplissant son cahier de charges légères. 40 minutes de bonheur limpide à déguster sans modération et dans une empathie immédiate et sincère, subtile et pleine de réflexion philosophique sur notre adaptation à saisir et reconnaitre ce qu'on semble maitriser. Belle soirée qui se "termine" autour du verre de l'amitié, des nourritures terrestres et des retrouvailles chaleureuses avec l'équipe du lieu. Et ses fidèles et nouveaux spectateurs et participants à la vie de cette "grande maison de la danse pour tous" et par toutes sortes de signatures chorégraphiques dans l'air de la créativité de notre temps.

 


Konstantinos Papanikolaou 
A User’s Manual – Chapter I & III
 
Konstantinos Papanikolaou, danseur et chorégraphe, est aussi diplômé de troisième cycle en danse de l’Université Paris 8 et a fait des études de psychologie à Athènes. Fort de ce parcours universitaire il interroge avec humour et décalage sa propre pratique et plus largement l’art contemporain. Qu’est-ce que le « grand art » et qu’est-ce que la « pop» ? Une sorte de guide de l’utilisateur destiné à fournir au public un mode d’emploi du fonctionnement de la représentation sur scène, plus particulièrement dans les spectacles de danse. Une entrée en matière idéale pour une saison riche de représentations en tout genre.


dimanche 8 septembre 2024

"Le grand embrasement": sans voix sous la voute romane

 


Festival "Voix et Route Romane"
Concert "Le grand embrasement" - Ensemble Into the winds
dim. 08 sept. 2024 de 16h00 à 17h30 Eglise St Arbogast SURBOURG

Le grand embrasement 


En 1392, le roi de France Charles VI est déclaré fou. En pleine guerre de Cent Ans, alors que le conflit franco-anglais connaît un répit inespéré, les absences répétées du souverain laissent le champ libre à des princes avides de pouvoir et d’argent. Commencent alors trois sombres décennies pour le royaume de France…
 
C’est ce récit épique qu’Into the Winds met en spectacle, à partir des rares sources musicales conservées de ce début de siècle tumultueux où oeuvrèrent des compositeurs qui ont profondément marqué leur temps. Jetant un pont entre le raffinement extrême de l’Ars Subtilior de la fin du 14e siècle et l’esthétique de la chanson bourguignonne du 15e siècle, plus simple et plus épurée, ceux-ci initièrent une nouvelle ère musicale dont Gilles Binchois et Guillaume Dufay deviendront les figures les plus emblématiques.
 
Entremêlant compositions originales jouées sur des copies d’instruments anciens et textes de chroniqueurs de l’époque, Le Grand Embrasement propose un voyage musical inédit dans une époque troublée et méconnue, aux problématiques et aux défis profondément contemporains.

Les artistes

Anabelle Guibeaud (chalemie et flûtes à bec), Rémi Lécorché (trompette à coulisse, busine, flûtes à bec), Marion le Moal bombarde (flûtes à bec), Adrien Reboisson (chalemie, bombarde, flûtes à bec), Laurent Sauron (percussions). 


C'est sur le chemin du choeur à l'intérieur de l'abbatiale St Arbogast qu'ils font leur  apparition. Un ensemble qui "sonne" et résonne déjà des sonorités des instruments à vent. De belle facture à l'ancienne comme ceux couchés sur l'établi, autel des sacrifices et miracles qui vont se dérouler.En toile de fond un immense papier froissé de la patte de Véronique Thiéry Grenier est tendu
avec ses multiples veines comme une cartographie sanglante durant le concert, ponctué d'anecdotes fumantes. Après cette petite fanfare apéritive en prologue-introduction, c'est au coeur du destin du Roi Charles VI que l'on plonge.L'officiant de cette cérémonie païenne, dans une diction parfaite et animé d'un bon tonus nous conte des saynètes croustillantes sur les moeurs cruels et sans pitié de son royaume.C'est une musique distinguée et martiale qui s'offre à l'écoute, noble, pondérée, ponctuée et rythmée selon les tonalités, timbres des instruments à vent: flûtes  et percussions-petit tambourin carré-forment un trio charmant et enjôleur.Comme un chant d'oiseau, sans voix ajoutée pour le pur son du souffle et de la résonance.Belle entrée en matière sonore avec ses matériaux singuliers d'un instrumentarium original.

Succède à cette délicate mise en bouche une thématique sur ce "pouvoir de donner" du roi, illustrée par des morceaux comme un portrait musical, une fresque épique et variée. Gai rossignol puis tonalités plus graves sorties tout droit de ce chaleureux matériel sonore. Du souffle et de la verve percussive pour des airs vifs, scandés, saccadés.Telle une chevauchée princière avec beaucoup de tenue dans la verticalité et le maintien des sons.De la rectitude dans les pas, les marches solennelles. 

Puis c'est la maladie du Roi qui est évoquée, sa folie, son égarement, ses divagations. La fureur, la trahison seront de mise dans les morceaux suivants où la tuerie et le massacre sont choses communes. Cette narration devient sonore par le filtre des instruments à la rondeur de son étonnante et chaleureuse. Un tendre trio de flûtes, une fusion totale des sons saturés pour des évocations rythmiques de déambulation, de cortège. La musique devient images et les histoires contées sont encore torrides et cruelles. Du meurtre encore dans l'atmosphère qui suit en formes de morceaux brefs, saynètes théâtrales et dramatiques de bon aloi. Les sonorités, harmoniques, les timbres portent l'imagination très loin et la suggestion sonore fait le reste. Sons tissés et métissés au diapason de cette odyssée chevaleresque et royale. Sur l'établi, les interprètes se donnent, respirent et aspirent les hauteurs, dimensions et volumes sonores avec virtuosité, contraste et justesse. Alors qu'une légère sonnerie retendit, clochette de funérailles, la mort du roi est esquissée. Flèches et archers, guerre et hostilités au programme flamboyant de cette partie du concert.Telles des joutes guerrières, les dissonances se frottent et opèrent pour une partition plus puissante et dramatique. La grâce et la nonchalance reprennent le pas, relaient la suite. Encore une évocation de passage linéaire, de cortège chaloupé.

Et l'histoire se poursuit sous la dictée de notre officiant quasi chanteur de cet ode à la royauté. Car les voix, les appels à la paix et à la concorde retentissent Éloquence légère de voix absentes mais que les vents incarnent à la perfection. Timbres veloutés, onctueux, sensuels, chaleureux et distingués pour une oeuvre qui semble se terminer bientôt.

Au final une clochette annonce le rituel de fin de vie du roi. Funérailles, obsèques ou requiem de chambre médiéval. Une homélie, un sermon, une messe pour le roi Charles comme une élévation vers les cieux On communie en bonne compagnie-cum-panis,  avec ses chants instrumentaux, presque ceux du désert dans les tonalités. Sombre atmosphère de recueillement où l'on proclame la mort, tambour battant. Un moment très "dansant", relevé comme les futurs pas de danse baroque, bondissements esquissés par le rythme. Un final guilleret, optimiste et pas fataliste du tout. Notre roi, héros d'une tranche d'histoire au son du massacre des corps, se porte bien dans les mémoires. Voix et voute romane pour ce concert sans voix exceptées celles des instruments si personnalisés à travers les corps des interprètes à la présence florissante. Le "grand embrasement" aura bien lieu, flamboyant, sans pitié ni retenue au son des cors, des vents et des percussions tactiles si fragiles et opérationnelles. Bon vent à l'Ensemble "Into the winds" dans la tempête de ce répertoire inédit, singulier et rarissime que le public du festival "Voix et Route Romane" aura largement apprécié. Un bis réjouissant avant de quitter St Arbigast et St Martin et son manteau partagé de bonheur musical. Adrien Reboisson Anabelle Guibeaud Marion Le Moal Laurent Safar Rémi Lécorché, au meilleur de leur talent et qualité.

vendredi 6 septembre 2024

Chamalières : ça mord : arrêtes tu m'appâtes! La pêche en ligne!

 


La sole si dorée!

Un village de pêcheurs à la friture!!! En quête de sandre de volcan, de loup de mer, de brochet en brochettes..Une tradition à la batellerie sur les bords de loire qui ne s'endort pas. Pas à appas et sans filet, le pêcheur de perles rares ou fines attrape des petits pois sont rouges dans l'au delà Loire...Pas un pêcheur dans la prieurale qui pêche miraculeuse...Alors "un petit poisson, un petit oiseau" c'est les amours lentes....Et "la maman des poissons" elle est bien gentille!  Cuissardes et bas en filet pour séduire les crustacés écrevisses qui s'incrustent.. Et les sirènes du port de Chamalières de faire leur chant de Lorelei sur le rocher du héron ou martin pêcheur. Ici c'est cuisson à la pierrade volcanique et potence  de rouget et autres bouillabaisses vellave emblavezes. Pas d’arête dans les sardines -ça redine- du coin. Matelote d'eau douce et pêche à la ligne. Point, virgule! Les anguilles sont en guise de parasol et la pêche à la baleine sont de mise. Muets comme des carpes sont les gars du bord de Loire et la truite de Schubert fait chou blanc et fait  des arc en ciel à l'omble du chevalier! Hameçons pour poisson lune, appâts thé deux fois.Tendre la perche du Nil, se prendre dans les filets et autres leurres.On fait mouche, lancer de pêcheurs et autres effets secondaires.Maille à retordre pour dentellières égarées d'une assemblée d'associations de pêche melba dans l'étang imparti. En vers et contre tous pour mordre à l'hameçon...Poisson pas né, poché, au court bouillon pour cuisine altiligérienne. Poisson d'Avril.....


On se l'écaille, avec ses palmes académiques, son scaphandre, sa laitance et les ouïes sont bouchées.On a une peau de pêche à Cham et on fait des queues de poisson..Que de poissons! Et ça mort à l'âme-son en chanson!!! Et la coquille du chemin de saint jacques de faire de la concurrence au clou de saint gilles! Gardons vigilance sur les silures du fleuve! Brêmes et autres fleurons de la brandade du coin!


On prend la mouche quant on n'a pas fait une touche! Ca mord à mort!

Performance, balade et pérégrinations dansées, chantées de Geneviève Charras, charivarieuse, chahuteuse.

RDV Chamalières, bords de Loire

SAMEDI 18 AOUT 15H

lundi 2 septembre 2024

"Conte d'hiver" : comptes divers pour florilège de saison: une ode lyrique à la vie organique et végétale.

 


« Jurez, jurez, par chacune des étoiles dans le ciel, par toute leur influence : c’est comme si vous interdisiez à la mer d’obéir à la lune. »

Camillo I, 2

Dans l’esprit de Léontes, roi de Sicile un doute s’insinue : son frère de cœur, Polixènes, roi de Bohème et sa femme Hermione ont-ils une aventure ? Qui est le père de l’enfant qu’Hermione attend ? Ce doute se changera vite en folie furieuse et la colère du Roi se déchaîne : Polixènes s’enfuit, la Reine est emprisonnée, le nouveau-né est abandonné, le jeune prince Mamilius meurt. Quand Léontes réalise son erreur, il est trop tard : il n’a plus qu’à contempler sa vie détruite en se sachant seul coupable de sa ruine. Pourtant seize ans plus tard, "ce qui a été perdu sera retrouvé"...

Emporté par une farandole de personnages hauts en couleur l’histoire se déploie : l’hiver et sa tragédie glacée cèdent bientôt la place au printemps où fleuriront situations comiques et paroles drolatiques. Heureusement, il y a des contes où le bonheur l’emporte sur la vraisemblance et où le temps peut être ce magicien qui transcende toutes les espérances.

Mêlant tragédie et comédie avec adresse, Shakespeare nous livre ici une fresque qui nous permet de contempler avec émotion ce qui souvent nous sidère : la coexistence des contraires.

Pour ce premier geste de mise en scène à Bussang, il s’agira de faire troupe avec les amateurices et les professionnel·les mais aussi avec toutes les personnes qui viendront au cours de l’été accompagner l’aventure. Il y a quelques 122 ans, Maurice Pottecher montait ici une pièce de Shakespeare. Dans l’avant-propos de la traduction de Macbeth, il écrivait : "Faire aimer ce qu’on aime, admirer ce qu’on admire, c’est pour tout homme un plaisir qui, chez un artiste, renferme peut-être tout le devoir. [...] Il y a mieux à chercher dans Macbeth qu’une morale pour les am- bitieux : on y trouve la leçon sublime du génie, le miroir où l’humanité se révèle telle qu’elle a besoin de se concevoir, agrandie en ses vices comme en ses vertus."

Travaillant avec joie et exigence dans l’esprit d’expérimentation et d’audace de l’héritage pottecherien, nous souhaitons proposer au public une expérience aussi profonde que divertissante. Sans jamais chercher à éclairer le trouble qui nous habite dès la lecture de la pièce, il s’agit au contraire, d’ouvrir une brèche pour qu’il se déploie et de nous baigner dans son mystère. Après tout, il s’agit d’un conte et son dénouement sera heureux.

Quelle belle "profession de foi" et quelle introduction intentionnelle qui s'avère juste et opérationnelle pour Julie Delille qui signe ici une mise en scène aboutie, fantaisiste, rigoureuse et en harmonie avec les destins côtoyés trois heure durant au sein du Théâtre de "verdure" de Bussang. Celui du "peuple", celui de tous ceux qui se sont engagés pour que cette aventure estivale ne soit pas un coup d'épée dans l'eau. 


Et fleurs et couronnes

Terroir et territoire du Théâtre et des arts du spectacle vivant; nous voici en terrain connu et respecté de bout en bout. C'est Bussang sylvestre avec au deuxième acte, la foret qui s'ouvre grand devant nous, c'est Bussang pastoral avec son troupeau de moutons guidé par le chien de garde du berger intègre et honnête qui traverse le plateau, la colline et le parterre, c'est Bussang bucolique, floral qui "renoue" avec les bonnes et mauvaises herbes d'un bouquet final généreux. La Renouée, celle de Julie autant que de Gilles Clément qui fleurit ici dans le couple insurgé, fuyant de Florizel et Perdita. Giroflée et oeillet, fleurs bâtardes dont la présente affole la jeune "princesse". Tout ici reverdit, s'épanouit face à une situation dramatique: un homme Léontes, tyran va s'ingénier à réduire en cendres ses proches pour affermir un pouvoir fantoche et destructeur. 


Les destins vont se croiser, s'ignorer, se trahir et tous les personnages sont traités à égal. Hermione est "chaste" et obéissante, leur fils Mamilius, espiègle et mutin, Polixènes est trahi et transi de peur et d'horreur sur le comportement de son frère. Tout bascule pour cette famille qui enfante un petit "hêtre" qui va grandir, adopté par un pâtre dévoué alors que Camilio cherche en vain qui soutenir de ses maitres et conspirateurs. Magique traduction du texte de Shakespeare par Bernard-Marie Koltes dans ce respect de la langue, du rythme et de l'intrigue. Pas de "soucis" là où il n'y en a pas et la métaphore florale de revenir au-devant de la scène. Les fleurs c'est le jardin de Bussang Comme une permaculture qui abrite toutes les espèces nichées à l'ombre les unes des autres pour mieux s'épanouir et donner suc et miel. La mise en scène est truculente et sobre, respecte cet espace qui peut s'ouvrir sur le végétal, sur un fût qui figure au centre de cette éboulis de verdure que traversent les personnages, les danses de la fête pastorale. Une symphonie très beethovenienne autant que mozartienne pour une musique riche en rebonds, entre passion et raison, en couches et strates sonores en adéquation avec la dramaturgie féconde et féroce.

Du bel ouvrage de femme "responsable" des comédiens qui se donnent et bougent cette narration avec conviction, justesse et enthousiasme. Les citer tous sans en oublier serait trahison. Alors qu'il soient "étoile" ou petite comète passagère, ils fondent une cosmogonie très chorégraphique, un choeur battant réel et efficace.Tous réunis pour défendre la cause d'un théâtre pastoral qui regorge de richesse de la terre nourricière du cru: un héritage autant qu'une cathédrale à bâtir ensemble pour le plus grand bonheur d'un public nombreux, chaleureux, engagé dans les rhizomes de cette culture populaire de haute couture. "Conte d'hiver" pour compter les moutons le soir pour s'endormir serein et apaisé, nourri des contes et histoires dont l'enseignement n'a pas de frontière. Les clôtures et barrières ne sont pas de cette organisation sociale et artistique là! Dans la nuit étoilée l'oracle d'Apollon se perd et résonne comme un écho dans la futaie voisine....



Le troupeau paît, passe et distille une atmosphère de sagesse autant de de folie scénographique de bon aloi. Julie Delille en "bergère" avisée dans un univers végétalisé de toute beauté. On "renoue" avec racines et haies sauvages tel le visuel de la saison: une belle plante qui trace empreintes et signes des temps comme un tampon graphique, une cire d'abeille butineuse. Apollonien en diable! Dionysiaque à l'envi.

Avec Héloïse Barbat*, Garance Chavanat*, Sophia Daniault-Djilali*, Élise de Gaudemaris, Laurent Desponds, Yvain Vitus*, Véronique Damgé*, Laurence Cordier, Valentin Merilhou*, Jean-Marc Michels*, Baptiste Relat, Michel Lemaître* et Gérard Lévy*
*membres de la troupe 2024 de comédien·nes amateurices du Théâtre du Peuple.
 
A Bussang au Théâtre du peuple" jusqu'au 31 Aout

dimanche 1 septembre 2024

"Silva Musica" ; sylvestre et place aux lutrins des bois jolis!

 


Silva Musica - Le chant de la forêt

"Silva Musica - Le chant de la forêt" de Jean-Claude Pennetier : un récital unique au Théâtre du Peuple, le 1er septembre 2024.

© DR

À la fin de l'été, le célèbre pianiste Jean-Claude Pennetier vous invite à un moment musical exceptionnel avec "Silva Musica - Le chant de la forêt" au Théâtre du Peuple à Bussang. Dans un dialogue intime avec Fagus, l’arbre compagnon veillant sur le théâtre, Pennetier se produira à trois moments distincts du jour et de la nuit, offrant une expérience unique à chaque instant.

Ce rituel musical est ouvert à tous : mélomanes, curieux, et amis des bois. Venez vous ressourcer et laisser votre esprit divaguer au gré des notes de Mozart, Beethoven, Schubert, Chopin, Schumann, Fauré, et Debussy, interprétées avec la poésie et l'humilité qui caractérisent Jean-Claude Pennetier, l’un des plus grands interprètes et pédagogues français des cinquante dernières années.

Ce sera donc passion-musique classique que cette rencontre pour le dernier événement de l'été au Théâtre du Peuple". Julie Delille en introduction-prologue énonçant avec émotion et dans un rythme qui lui est propre frisant le suspense et la fiction, l'objet de cette aventure musicale liée à la présence même et à l'histoire du lieu, enchanté par tant de vécu humain, théâtral, musical.Ce "chant de la fôret" non loin du grand hêtre mythique  en trois temps de la valse du temps.

"Le théâtre des passions" en première partie dans la grande salle réunit Mozart et Schumann: deux "fantaisies", la première d'un homme-musicien de théâtre et d'opéras, la deuxième de Schumann, plus désincarnée et linéaire.. L'émotion de l'artiste, pianiste interprète est grande et sincère. Son jeu délicat, contrasté épouse les deux oeuvres qui se suivent indistinctement et c'est le miracle du rapprochement qui opère. Ces "fantaisies" sont complices et complémentaires, voisines et parfois aux antipodes l'une de l'autre. Un mariage "bien assorti" en quelque sorte.

Suivront dans un deuxième temps, l'alliance de "Deux impromptus de Schubert op 142 n° 3 et n° 4" assortis de la"Sonate op.110 "de Beethoven. Alors que l'orage gronde au loin sur les monts de Bussang se jouent les notes de ces deux géants du piano. Toujours interprétées par notre officiant de circonstance; Jean Claude Pennetier.  C'est "le chemin vers la joie" qui nous y conduit judicieusement dans les interstices de la musique, du son du piano de l'artiste qui invente son jeu, par coeur sans partition, par corps absolu.

Les entractes se passent comme des temps d'échanges, repos, de rencontres et Silva Musica bat son plein d'audaces au troisième temps . 

"Clartés stellaires" pour aborder la nuit sylvestre et le site de Bussang au crépuscule du soir. "Clair de lune" de Debussy, fluide et enchanteur,  "Pièce pour piano op n° 3 de Schonberg, "Et la lune descend sur le temple qui fut" de Debussy, "Fantaisie de Schumann op.17 (3ème mouvement).... Toute la musique semble faite pour ce lieu magique et hypnotique, pour ce territoire fertile en sons, vibrations et autres partitions sensibles du vivant. La grâce de l'interprétation et le programme ajusté comme une parure de haute couture sonore pour ce domaine des dieux.

Au Théâtre du Peuple à  Bussang le 1 Septembre