Vous
voulez entendre les artistes et les histoires palestiniennes loin des
clichés de l’actualité ? Vous aussi vous avez choisi le théâtre pour
tout changer ? Ici vous êtes.
And Here I am est le geste de résistance d’Ahmed Tobasi, acteur palestinien et directeur artistique du Freedom Theatre du camp de Jénine en Cisjordanie. Né dans ce même camp, passé par la lutte armée, la prison, l’exil en Norvège, il a finalement choisi le théâtre plutôt que le front pour « rester en vie » et raconter les histoires de son peuple, aussi longtemps que possible. Revisité par l’auteur Hassan Abdulrazzak, Ahmed Tobasi incarne son propre rôle dans cette comédie politique qui donne à voir les luttes, les contradictions et les espoirs d'une jeunesse palestinienne en quête de liberté. Loin des clichés et des images toutes faites, c’est la recherche de la vraie vie qui est en jeu, le droit à prendre la parole et à se choisir un avenir.
Et c'est fort édifiant !Plus d'une heure durant sur les chapeaux de roue, un homme, seul, s'expose à nos regards friands de ses péripéties nombreuses, tempétueuses, à rebondissement constant. Pas une minute de répit, si ce n'est des instants de danse et de grâce, des intermèdes brefs cisaillant le rythme de ce one man show qui tiendrait presque du cabaret ou du standup. Malice, bonhomie pour cette parade sans fioriture qui parle d'un être en prise avec une réalité politique, territoriale qui l'absorbe jour et nuit, le hante et l'habite sans cesse. Son destin est remarquable et l'on ne peut que saluer l'audace et la prise de risque qu'il assume sans coup férir. Une performance qu'il mène à toute blinde dans un rythme infernal où les sons, les bruits du dehors nous rappellent qu'il est prisonnier, captif de son histoire et de ses origines. Mais qu'il peut être épris d'une belle à qui il fait envoyer des petits papiers par l'intermédiaire d'un proche. Romantisme et engagement ne sont pas contradictoires et cette fameuse interprétation nous rappelle qu'il est possible d'oser pour cerner une question brulante le truchement de l'humour et de la distanciation. Ahmed Tobasi parle une langue musicale chantante et vociférante à souhait, en direct ou au micro, toujours en proie à un ou deux personnages qui se donnent la réplique. L'acteur est volubile, bouge à merveille, se balance sur le sol avec avidité et sursaute avec allégresse, joie et enthousiasme.C'est vif, rebondissant et conduit à une compréhension et une empathie certaine avec lui. Il gambade et ne badine cependant pas avec une actualité qui le submerge sans l'étouffer, qui lui inspire une ode à la Palestine loin d'un discours militant obscurantiste. Alors la sympathie opère et l'on pardonne à ce prisonnier autant qu"au comédien immigré dans le nord de l'Europe, son trop plein d'énergie. La mise en scène des textes de Hassan Abdulrazzak signée Zoe Lafferty couronne cet hommage très humain à la condition palestinienne. Sobriété et sobre ébriété pour cet opus singulier qui tient autant de la comédie-parodie que du drame. Les bruitages extraordinaires pour nous projeter au delà de ce huis clos en solitaire et nous faire franchir les murailles du son.
[Texte] Hassan Abdulrazzak[Inspiré de la vie et avec] Ahmed Tobasi[Traduction en arabe]
Eyas Younis [Traduction en français] Juman Al-Yasiri
[Mise en scène]
Zoe Lafferty
[Scénographie et costumes] Sarah Beaton [Son] Max Pappenheim [Lumière] Jess Bernberg, Andy Purve [Chorégraphie] Lanre Malaolu [Régie] Robyn Cross [Coach vocal] Amiee Leonard [Technicien Moody Kablawi[Production] Oliver King for Developing Artists
Production déléguée Sens Interdits with Artists On The Frontline
Avec le soutien de Qattan Foundation, AFAC, ONDA – Office National de Diffusion Artistique
Au TNS jusqu'au 7 MARS
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