mardi 25 février 2025

"La Chasse des anges" : l'école du TNS ravit, "aux anges": une image peut en cacher une autre.....Contes et légendes photographiques

 


La Chasse des anges explore l'image photographique, comme croisement entre réel et imaginaire. À travers les écrits et pensées de Susan Sontag, Robert Capa, Hervé Guibert, Henri Cartier-Bresson ou Julie Héraclès, le spectacle questionne ce que révèle ou dissimule une image et nous interroge : que voyons-nous réellement ? Il souhaite donner à voir et à entendre des récits, des fragments de vie qui habitent et gravitent autour de cette image, mais aussi des absences, des mystères qui la constituent tout autant. L'imagination devient alors un outil pour combler les manques, une légende pour réinventer le réel. 


La photo, c'est la chasse, c'est l'instinct de chasse sans l'envie de tuer. C'est la chasse des anges ... On traque, on vise, on tire, et Clac ! Chris Marker
 
 Belle initiative que cet opus indéfinissable qui mesure l'impact des images de guerre, celles que nous voyons dans les magazines, expositions, livres ou actualités sur tout support. S'habituer à regarder l'horreur, à côtoyer ce que des grands reporters ont fréquenté durant leurs expéditions non "punitives" au regard de la paix? Là semble être la question fondamentale que se posent et se relancent les personnages incarnant de grands photographes de guerre: que des hommes exceptés Susan Sontag, celle qui pose les choses dès le départ sous forme d'interview questions-réponses. Au public, autant qu'à ses collaborateurs, partenaires ou collègues de travail, de mission. Sur un plateau sobrement meublé de chaises et bureau d'agence de presse, nous voici à Magnum ou ailleurs dans ces lieux de réunion après des expéditions, reportages sur les hommes qui font et subissent les affrontements. Les sept comédiens incarnent les rôles de ces grands artistes sans clichés ni focales sur quoi que se soit de morbide. Les faits, la réalité est-elle montrable et comment? 


C'est un métier, une tâche indispensable mais comment ne pas devenir indifférent, habitué, blasé ou saturé de ces images: imago qui envahissent la scène sociétale dans le blindage, la saturation,  ou l'overdose de snipers assassins...Zoom sur la responsabilité, cadrage sur ce qui fait de l'argentique une réalité du moment, sur le diaphragme de la vie et le déclic de la prise de point de vue. Ici la "légende" est plus qu'une histoire c'est ce qui commente de façon légitime une image qui pourrait avoir plusieurs sens. Alors la "vérité ou rien", l'authenticité loin du flou artistique et des effets plasticiens de l"art photographique contemporain. 


La photo de reportage s'inscrit dans le récit possible de l'Histoire des peuples et des nations. La trafiquer, la modifier fut chose faite et demeure aujourd'hui comme leurre et mensonge...Sarah Cohen s'empare du sujet avec détermination, sobriété et accompagnée d'excellents comédiens. A qui le talent, la présence et l'ingéniosité ne manquent pas. Deux heures durant, le courant passe et l'information devient pour nous source de questionnement autant que de certitudes.  
 
Accompagné d'un petit livret conducteur, fiche de salle comme un négatif très positif: un toit, un mur, une prison, un camp...C'est "le point de vue du gras" de Nicephore Niepce...
 

Seul le photo-graphe en traduira le sens: à nous de nous faire aussi notre histoire et de lui attribuer une "légende"...La promotion 48 de l'école du TNS regorge de jeunes recrues talentueuses, solidaires et fédérées au coeur d'un métier qui fait corps et graphie , en bonne compagnie; cum- panis partageux! La scénographie en ombre portées ou silhouettes noir et blanc est scintillante comme du papier photo et les poses lascives de ces jeunes artistes parfois sont  aux antipodes de ce que l'on pourrait imaginer de ces soldats de l'information imagée.Paradoxe que ces "dandys", "beaux parleurs" ou véritables militants de l'art au service de la réalité.Y- a pas photo, ils sont une révélation...


[Texte]
Librement adapté des écrits de Susan Sontag, Robert Capa, Hervé Guibert, Julie Héraclès et des entretiens d'Henri Cartier-Bresson et George Rodger

[Mise en scène] Sarah Cohen
[Dramaturgie et collaboration artistique] Louison Ryser
[Scénographie] Nina Bonnin
[Costumes] Noa Gimenez
[Lumière] Marie-Lou Poulain
[Son] Macha Menu
[Régie générale, plateau et vidéo] Corentin Nagler


Avec 

Miléna Arvois - Susan Sontag
Aurélie Debuire - Inge Morath
Ömer Alparslan Koçak - George Rodger 
Steve Mégé - Henri Cartier-Bresson 
Nemo Schiffman - Robert Capa 
Ambre Shimizu - Eve Arnold et Une femme 
Bilal Slimani – David Seymour, dit «  Chim  » et Ernest Hemingway
Costumes et décors réalisés dans les ateliers du TnS.

Sarah Cohen et l'équipe tiennent à remercier Clarisse Bourgeois et l'Agence Magnum pour leur confiance, et Clara Bouveresse.

Au TNS GRUBER jusqu'au 1 MARS 

Le Point de vue du Gras est la première photographie1,note 1, permanentenote 2, réussienote 3 et connuenote 4 de l'histoire de la photographie. Elle est l'œuvre et l'invention de l'inventeur français Nicéphore Niépce qui réalise la prise de vue en 1827 de sa maison de Saint-Loup-de-Varennes près de Chalon-sur-Saône en Saône-et-Loire.

 

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