vendredi 29 juillet 2011

"Kaboul disco" et "La parenthèse": le rapt du corps "kidnapé"

Nicolas Wild raconte l'histoire des corps militaires, domptés, l'histoire des corps en révolte, qui résistent à Kaboul.Un journal vécu physiquement par l'auteur lors d'un séjour en Afghanistan.
Page 138  du Tome 1 voir la séquence dans un night club au son de "sex bomb": les femmes y sont "dévoilées"!!! Chronique d'un pays en reconstruction où tout geste peut faire signe!

En 2005, Nicolas Wild, dessinateur de bande dessinée sans domicile fixe, trouve à la fois un plan squat et un boulot. Seulement c’est un peu loin : à Kaboul, dans un Afghanistan encore instable après la guerre.

Voilà donc ce jeune insouciant transporté dans une capitale en crise, chargé de dessiner une adaptation de la constitution afghane, puis de travailler sur la campagne de recrutement de l’armée. Il devient dès lors un observateur privilégié de la reconstitution hésitante du pays tout en menant la drôle d’existence des expatriés occidentaux à Kaboul. Il sent progressivement naître un fort attachement pour ce pays où il décide, malgré les risques de prolonger son contrat.

Un regard ironique et pertinent sur les réalités de ce pays au cœur de l’actualité.

 Avec"La parenthèse" de Elodie Durand, voici un autre genre de rapt à soi-même: le récit graphique dépasse l'autobiographie douloureuse de l'auteure: elle y réinvente la fonction même du récit d'une vie en noir et blanc. Magistrale, cette parenthèse, recompose les fragments d'une mémoire effacée et trace dans le temps les étapes d'une guérison.Que des histoires de corps, de mémoire gravée dans le corps....

"C'est l'histoire d'une jeune fille âgée d'à peine plus de 20 ans, d'un drame dans sa vie qui semblait être sans retour, d'une chute dans la maladie, dans la perte de soi. Ce récit est une bataille contre l'adversité. Il parle de la mémoire parfois si fragile, d'une convalescence inattendue, de comment, un jour, on réapprend son alphabet, à compter, à retrouver ses souvenirs." Élodie Durand 


"Mauvais garçons", "Freaks'squeele" et "Les noceurs": drôles de fréquentations pour la danse!

Florent Maudoux signe "Etrange université" pour son héroïne très "manga" super woman de choc: ses gestes et attitudes sont renversants, époustouflants et au chapitre V "Butterfly Twist" ça explose!
Voir "Tranches de squeele" ou "des bonus à vous couper le squeele" où l'auteur dévoile ses secrets de fabrication, de griffe, de marque et dévoile la signification du "squeele"!!!
Belle illustration de flamenco, source de son inspiration pour les gestes de l'héroïne...

Brecht Evens, auteur néerlandais peint, dessine à l'aquarelle un univers mordoré, incertain, lumineux où la danse .se taille la part belle. très belles images de disco clubs, de bars, de salles de bals où les personnages chavirent à l'envi. Des plongées et contre plongées très cinématographiques en dessinent les contours. Vertigineux!!!

Le flamenco ou rien
Drôle d’idée que celle de Christophe Dabitch de développer un copieux diptyque dédié au flamenco ! Ce flamenco ce qui raconte des histoires tristes, des amours impossibles, des univers empreints de deuils et de pauvreté humaine…  Comment faire « entendre » aux lecteurs cet art andalou qui mêle savamment chant, danse et accords de guitare ?
C’est le parti pris – et le pari réussi – des Mauvais garçons, ces deux copieux albums furieusement crayonnés par Benjamin Flao. De nos jours, quelque part en Andalousie, Manuel et Benito traînent à longueurs de journées. Si Manuel a vécu en France, Benito le Gitan n’a jamais quitté sa terre natale. Les deux hommes ont un idéal néanmoins : celui du flamenco traditionnel. Il faut dire que Benito chante comme un dieu.
Vivants de rien et de l’air du temps, les deux amis pourraient être riches s’ils succombaient aux sirènes du flamenco commercial mâtinés de notes rock… Trop puristes pour sacrifier à une telle infamie, Manuel, Benito et leurs amis musiciens et danseurs passent ainsi leurs journées, entre langueurs sans activités et séances de flamenco.
Seules les femmes arrivent à leur faire oublier leur passion, mais pour quelques heures seulement…

Voir les pages 28/31 dans Solea 1 et pages 102/103 dans Solea 2 pour les séquences danse flamenco: par les femmes, par les hommes!!!



"Petit traité de morphologie": anatomie de la danse...

BD d'après les cours donnés par Jean François Debord à l'école des Beaux Arts de Paris de 1978 à 2003.

Un régal signé Agnès Maupré; "La symétrie, c'est la mort! ou pire, la bêtise!" confie le professeur en prologue à sa série de cours! Page 6 tout commence par une superbe démonstration: "comment ça se tient un être humain?"  "dans les aplombs naturels et vivants". Un dialogue plein d'humour s'établit avec le squelette "Oscar", témoin et cobaye de l'étude sur l'anatomie! Légendaire figure pour les étudiants! Tour continue en compagnie d'un écorché, tout y passe et le "bassin" (de la danseuse classique) aussi! Le trait noir et blanc est franc, plein de vie et de mouvement. On y croit aux démonstration du professeur émérite.Et à son centre de gravité:"on passe son temps à perdre l'équilibre et à le retrouver, c'est ça qui est rigolo!" confie-t-il....Danseur????
On notera qu'Agnès Maupré a suivi ces cours en compagnie de Joann Sfar et travaillé le graphisme du "Chat du Rabbin"! Filiation oblige, c'est tout aussi délicieux !