mardi 18 septembre 2012
"Curva": ré-percussions multiples chez Israel
Galvan
"La Curva" d'Israel Galvan, c'est un concentré de son art, de son
énergie, de la noblesse de son travail. Percussions de tout genre jusqu'à celles
du piano très "contemporain" qui occupe une place de choix sur le plateau, dans
l'espace de la danse qu'il soit sonore ou matériel.
La Biennale de la Danse
de Lyon lui offre l'Auditorium pour faire percuter son génie.
Le démiurge de
la danse flamenca revisitée à son gout, à ses fantasmes, demeure un personnage
charismatique de poids, de plain-pied aussi tant ce qu'il affirme, pose et
marque au sol est de l'ordre de la gravité.Il apparait d'abord par le son et se
dévoile dans un costume de cuir, veste et pantalon moulant: sobre, vertical mais
toujours de biais, de côté comme s'il dissimulait le frontal. Esquive quasi
martiale comme un joueur d'escrime , de profil, fendu en tierce.Il est
accompagné par le piano à queue et son interprète hors pair Sylvie Courvoisier,
bricoleuse de piano préparé pour mieux être en symbiose, en écho avec les
percussions corporelles de Galvan.
La complicité est totale, forte, jamais
illustrative et la chanteuse Inès Bacan, les rythmes du fidèle Bobote
démultiplient à l'envie cette atmosphère iconoclaste en diable. Car il est bien
diabolique ce démiurge de la scène flamenca contemporaine. Hidalgo, toréador de
la danse il séduit, ravit et captive comme personne.Les chaises qui l'entourent
comme autant de tour de Babel qui font défi à la loi de la pesanteur sont autant
de sculptures personnalisées qui jouent et gagnent. Quand il s'assoit c'est pour
être le miroir du public et nous confier"la mort c'est le public", ou le public
c'est la mort" quand il change de place.Tout ici concourt à la possession, à
l'authenticité, la vérité, sans détour ni compromission, sans fard, sans
hasard.C'est percutant, magistral neuf et plein d'audace. Le "danseur des
solitudes" est bien le roi qui frappe haut et fort.
mardi 18 septembre 2012
"Ce que j'appelle oubli": le corps du texte chez Preljocaj
Angelin Preljocaj est pétri de culture littéraire et ses références aux textes, entre autre Pascal Quignard, font désormais légende.On connait aussi ses affinités avec la création musicale ou plastique contemporaine: du groupe Air, à Fabrice Hyber, Bilal ou Stockhausen. Mais de là à s'emparer d'un texte, le faire dire par un comédien sur le plateau auprès des danseurs, il n'y avait qu'un pas à franchir. C'est celui-ci que lui offre la Biennale de la Danse de Lyon au Théâtre des Célestins.Le lieu n'est pas anodin: un théâtre à l'italienne où le spectateur est bien "enveloppé" dans le rouge et le noir.
C'est à partir d'un fait divers rapporté dans le texte de Laurent Mauvignier "Ce que j'appelle oubli" que Preljocaj va distiller paroles dites, texte et chorégraphie pour les "personnages " démultipliés de l'intrigue. Un homme se fait gratuitement tuer dans un super marché par quatre vigiles pour avoir osé boire une cannette de bière.Un comédien sur scène conte, dicte le texte, s'en empare à sa façon alors que sur le plateau des hommes qui dansent suggèrent, évoquent la brutalité des faits, le sordide de la vie policée de nos cités. Spectacle très urbain dans l'évocation de la malchance, du hasard qui a conduit l'anti héros du roman à se faire "descendre", humilié, bafoué sous la garde et avec la complicité des autres.On retrouve ici l'amour de Preljocaj pour le mouvement à l'unisson, la beauté de la ronde, des gestes de danse traditionnelle suggérée lors de la mêlée de vigiles et puis le torse nu des danseurs ou les chemises blanches qui s'envolent pendues par les corps virevoltant des danseurs. Danse "masculine", puissante quasi rituelle, alors que le comédien peu à peu se font dans la dynamique jusqu'à y plonger, rattrapé par les portés des interprètes.Il y a quelque chose de galvanisant dans cette mise en scène, malgré parfois la pâleur du texte redondant. Qui est qui, le trouble s'installe, la métamorphose du personnage principal opère au bon moment.Exercice périlleux pour notre "funambule " de la danse, cette pièce est comme la première marche surement d'un processus de création à fouiller pour Preljocaj. Il devait lui-même incarner le héros, réciter le texte mais le temps lui à manquer pour expérimenter à fond cette rencontre nouvelle, ce "corps-texte" inédit.
C'est à partir d'un fait divers rapporté dans le texte de Laurent Mauvignier "Ce que j'appelle oubli" que Preljocaj va distiller paroles dites, texte et chorégraphie pour les "personnages " démultipliés de l'intrigue. Un homme se fait gratuitement tuer dans un super marché par quatre vigiles pour avoir osé boire une cannette de bière.Un comédien sur scène conte, dicte le texte, s'en empare à sa façon alors que sur le plateau des hommes qui dansent suggèrent, évoquent la brutalité des faits, le sordide de la vie policée de nos cités. Spectacle très urbain dans l'évocation de la malchance, du hasard qui a conduit l'anti héros du roman à se faire "descendre", humilié, bafoué sous la garde et avec la complicité des autres.On retrouve ici l'amour de Preljocaj pour le mouvement à l'unisson, la beauté de la ronde, des gestes de danse traditionnelle suggérée lors de la mêlée de vigiles et puis le torse nu des danseurs ou les chemises blanches qui s'envolent pendues par les corps virevoltant des danseurs. Danse "masculine", puissante quasi rituelle, alors que le comédien peu à peu se font dans la dynamique jusqu'à y plonger, rattrapé par les portés des interprètes.Il y a quelque chose de galvanisant dans cette mise en scène, malgré parfois la pâleur du texte redondant. Qui est qui, le trouble s'installe, la métamorphose du personnage principal opère au bon moment.Exercice périlleux pour notre "funambule " de la danse, cette pièce est comme la première marche surement d'un processus de création à fouiller pour Preljocaj. Il devait lui-même incarner le héros, réciter le texte mais le temps lui à manquer pour expérimenter à fond cette rencontre nouvelle, ce "corps-texte" inédit.
"Preparatio mortis" de Jan Fabre: que la mort est belle!
Jan Fabre excelle dans la facture de solos sur mesure pour ses égéries de son choix, ces femmes, danseuses, sculpturales, "au bord de la crise de nerf" qu'il magnifie autant qu'il détruit par le talent ravageur de plasticien qu'il y révèle.
C'est au tour de Lisa Mey se reprendre la création de 2010 pour Annabelle Chambon dans "Preparatio Mortis".Oraison funèbre, sacre de la mort, rituel de passage, hommage à la mort: c'est tout en un, c'est aussi cette fascination pour la beauté plastique, la sculpture iconoclaste: celle qui est devant nous sur le plateau et qui surgit du noir sur une musique dédiée à l'orgue de Bernard Foccroulle.
C'est comme une installation vivante, un cercueil encombré de fleurs tressées, agencées comme pour une cérémonie de remise des corps, un peu militaire aussi, solennelle.Les fleurs bougent, s'agitent et en surgit la forme d'un corps de femme rendu à la vie: spectre, fantôme, ectoplasme?
Non, elle est bien de chair incarnée, sculpturale, trop belle pourtant pour être vraie. L'icône est puissante et se révèle à travers les gestes et postures de la danseuse, lisse, plastique, irréelle.
Elle se love, se traine, se déchire, se blesse aussi dans des reptations hallucinantes sur un parterre de fleurs fraiches, glaïeuls, œillets, les fleurs de la mort, de l'enterrement.Les visions s'additionnent, la musique enivre par sa sonorité redondante et métallique des notes distillées par l'orgue.La femme rejoint l'intérieur du cercueil, s'y couche, nue, visible au travers d'une vitrine opaque. Le cercueil de Blanche Neige?Pas vraiment innocente alors car elle y dessine des symboles sexuels bien identifiables, comme à la craie sur un tableau noir.Élève très douée, perverse et maline, Lisa Mey reprend le rôle créé pour Annabelle Cambon en 2010, en hommage aux parents morts de Jan Fabre.
Génial metteur en scène de la Camarde, c'est comme une danse macabre de chair où les os ne sont pas de bon aloi.Pour vJan Fabre, plasticie, chorégraphe, visionnaire, c'est une fois de plus un pied de nez au rendez-vous ultime de la vie et du sexe.Eros et Tanatos au menu pour un banquet solitaire et onaniste hors pair.L'orgasme de la danse n'est pas loin qui enfle et se dilate comme la beauté, cette guerrière emblématique de vl'oeuvre de Jan Fabre.
C'est au tour de Lisa Mey se reprendre la création de 2010 pour Annabelle Chambon dans "Preparatio Mortis".Oraison funèbre, sacre de la mort, rituel de passage, hommage à la mort: c'est tout en un, c'est aussi cette fascination pour la beauté plastique, la sculpture iconoclaste: celle qui est devant nous sur le plateau et qui surgit du noir sur une musique dédiée à l'orgue de Bernard Foccroulle.
C'est comme une installation vivante, un cercueil encombré de fleurs tressées, agencées comme pour une cérémonie de remise des corps, un peu militaire aussi, solennelle.Les fleurs bougent, s'agitent et en surgit la forme d'un corps de femme rendu à la vie: spectre, fantôme, ectoplasme?
Non, elle est bien de chair incarnée, sculpturale, trop belle pourtant pour être vraie. L'icône est puissante et se révèle à travers les gestes et postures de la danseuse, lisse, plastique, irréelle.
Elle se love, se traine, se déchire, se blesse aussi dans des reptations hallucinantes sur un parterre de fleurs fraiches, glaïeuls, œillets, les fleurs de la mort, de l'enterrement.Les visions s'additionnent, la musique enivre par sa sonorité redondante et métallique des notes distillées par l'orgue.La femme rejoint l'intérieur du cercueil, s'y couche, nue, visible au travers d'une vitrine opaque. Le cercueil de Blanche Neige?Pas vraiment innocente alors car elle y dessine des symboles sexuels bien identifiables, comme à la craie sur un tableau noir.Élève très douée, perverse et maline, Lisa Mey reprend le rôle créé pour Annabelle Cambon en 2010, en hommage aux parents morts de Jan Fabre.
Génial metteur en scène de la Camarde, c'est comme une danse macabre de chair où les os ne sont pas de bon aloi.Pour vJan Fabre, plasticie, chorégraphe, visionnaire, c'est une fois de plus un pied de nez au rendez-vous ultime de la vie et du sexe.Eros et Tanatos au menu pour un banquet solitaire et onaniste hors pair.L'orgasme de la danse n'est pas loin qui enfle et se dilate comme la beauté, cette guerrière emblématique de vl'oeuvre de Jan Fabre.
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