Angelin Preljocaj est pétri de culture littéraire et ses références aux textes, entre autre Pascal Quignard, font désormais légende.On connait aussi ses affinités avec la création musicale ou plastique contemporaine: du groupe Air, à Fabrice Hyber, Bilal ou Stockhausen. Mais de là à s'emparer d'un texte, le faire dire par un comédien sur le plateau auprès des danseurs, il n'y avait qu'un pas à franchir. C'est celui-ci que lui offre la Biennale de la Danse de Lyon au Théâtre des Célestins.Le lieu n'est pas anodin: un théâtre à l'italienne où le spectateur est bien "enveloppé" dans le rouge et le noir.
C'est à partir d'un fait divers rapporté dans le texte de Laurent Mauvignier "Ce que j'appelle oubli" que Preljocaj va distiller paroles dites, texte et chorégraphie pour les "personnages " démultipliés de l'intrigue. Un homme se fait gratuitement tuer dans un super marché par quatre vigiles pour avoir osé boire une cannette de bière.Un comédien sur scène conte, dicte le texte, s'en empare à sa façon alors que sur le plateau des hommes qui dansent suggèrent, évoquent la brutalité des faits, le sordide de la vie policée de nos cités. Spectacle très urbain dans l'évocation de la malchance, du hasard qui a conduit l'anti héros du roman à se faire "descendre", humilié, bafoué sous la garde et avec la complicité des autres.On retrouve ici l'amour de Preljocaj pour le mouvement à l'unisson, la beauté de la ronde, des gestes de danse traditionnelle suggérée lors de la mêlée de vigiles et puis le torse nu des danseurs ou les chemises blanches qui s'envolent pendues par les corps virevoltant des danseurs. Danse "masculine", puissante quasi rituelle, alors que le comédien peu à peu se font dans la dynamique jusqu'à y plonger, rattrapé par les portés des interprètes.Il y a quelque chose de galvanisant dans cette mise en scène, malgré parfois la pâleur du texte redondant. Qui est qui, le trouble s'installe, la métamorphose du personnage principal opère au bon moment.Exercice périlleux pour notre "funambule " de la danse, cette pièce est comme la première marche surement d'un processus de création à fouiller pour Preljocaj. Il devait lui-même incarner le héros, réciter le texte mais le temps lui à manquer pour expérimenter à fond cette rencontre nouvelle, ce "corps-texte" inédit.
mardi 18 septembre 2012
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire