Jan Fabre excelle dans la facture de solos sur mesure pour ses égéries de son choix, ces femmes, danseuses, sculpturales, "au bord de la crise de nerf" qu'il magnifie autant qu'il détruit par le talent ravageur de plasticien qu'il y révèle.
C'est au tour de Lisa Mey se reprendre la création de 2010 pour Annabelle Chambon dans "Preparatio Mortis".Oraison funèbre, sacre de la mort, rituel de passage, hommage à la mort: c'est tout en un, c'est aussi cette fascination pour la beauté plastique, la sculpture iconoclaste: celle qui est devant nous sur le plateau et qui surgit du noir sur une musique dédiée à l'orgue de Bernard Foccroulle.
C'est comme une installation vivante, un cercueil encombré de fleurs tressées, agencées comme pour une cérémonie de remise des corps, un peu militaire aussi, solennelle.Les fleurs bougent, s'agitent et en surgit la forme d'un corps de femme rendu à la vie: spectre, fantôme, ectoplasme?
Non, elle est bien de chair incarnée, sculpturale, trop belle pourtant pour être vraie. L'icône est puissante et se révèle à travers les gestes et postures de la danseuse, lisse, plastique, irréelle.
Elle se love, se traine, se déchire, se blesse aussi dans des reptations hallucinantes sur un parterre de fleurs fraiches, glaïeuls, œillets, les fleurs de la mort, de l'enterrement.Les visions s'additionnent, la musique enivre par sa sonorité redondante et métallique des notes distillées par l'orgue.La femme rejoint l'intérieur du cercueil, s'y couche, nue, visible au travers d'une vitrine opaque. Le cercueil de Blanche Neige?Pas vraiment innocente alors car elle y dessine des symboles sexuels bien identifiables, comme à la craie sur un tableau noir.Élève très douée, perverse et maline, Lisa Mey reprend le rôle créé pour Annabelle Cambon en 2010, en hommage aux parents morts de Jan Fabre.
Génial metteur en scène de la Camarde, c'est comme une danse macabre de chair où les os ne sont pas de bon aloi.Pour vJan Fabre, plasticie, chorégraphe, visionnaire, c'est une fois de plus un pied de nez au rendez-vous ultime de la vie et du sexe.Eros et Tanatos au menu pour un banquet solitaire et onaniste hors pair.L'orgasme de la danse n'est pas loin qui enfle et se dilate comme la beauté, cette guerrière emblématique de vl'oeuvre de Jan Fabre.
mardi 18 septembre 2012
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