Marcher, au dire du sociologue David Le Breton est une philosophie de vie, comme celle de Nietzsche dans Zarathoustra, comme celle de Mathilde Monnier dans sa pièce chorégraphique "Déroutes": de marche en danse, comme Trisha Brown en faisait "une tâche", un exercice quotidien au nom du "chorégraphique"
C'est aussi "das Wandern ist des Mullers Luts", Lle chant, le souffle, la promenade, la déambulation.
C'est aussi ce très beau film "The Way", la route ensemble, de Emilio Estevez sur la quête personnelle des pèlerins de Saint-Jacques....
C'est la métaphore de "My way", de "chacun sa route, chacun son chemin, passe le message à ton voisin"!!
Ce ne fut pas hélas la félicité de la "démarche" de Antoine Gindt avec sa mise en scène minimale de ce "Wanderer" découvert lors du festival Musica.
Assembler comme de bons cépages les musiques de Ligeti, Eisler, Rihm, the Doors, Wagner, Pesson (quels beaux mondes hétérogènes), ne fait pas toujours du bon "Andante" ou un bon "Edelswicker"!
Un baryton, une pianiste, un dispositif vidéo quelque peu galvaudé où l'acteur mimétisme selon les couleurs ou le flux de lumières projetée, ne suffisent pas à faire un argument.Ce "marcheur-promeneur" évoqué, est triste et sans corps, sans présence, diaphane...
Seule la mélodie des Doors, "Riders on the Storm" y trouve du sens, murmurée à capella par la pianiste, dans un silence recueilli. C'est beau.
Marcher, n'est pas tricher.
vendredi 27 septembre 2013
Pierre Henry à Musica: le papa des dj's se porte bien!
A Musica, à la salle des fêtes de Schiltigheim
Il était bien là hier soir, bien vivant, le maestro de la musique concrète, électroacoustique, pour un concert exceptionnel, quatre heures durant, ponctué par la projection d'un film unique sur sa carrière.
Grand bidouilleur de sons, tripoteur, agitateur, fébrile inventeur sempiternel de nouvelles sonorités, il titille l'électronique comme une maïeutique, accouchant des bruits les plus incongrus mais curieusement toujours "à leur place"!
Il triture la matière organique de ce qui sourd des machines et invente en alchimiste un son philosophal empli de sens, de matière et volume.
Le concert: devant un amoncellement de hauts-parleurs, empilés tels les robots de Nam June Paik, le spectateur est rivé du regard par cette architecture sonore, émue par des éclairages sophistiqués.
On est comme devant le "Coucou Bazar" de Dubuffet: devant une animation d'êtres inanimés, objets ayant une "âme"
Frontale, la musique parvient pour la première œuvre "Une tour de Babel" de 1998, "revisitée" pour l'occasion, une partition débridée, inattendue, parfois très "zen" où l'on s'imagine à la déguster "couché" tous sens en éveil.Vrombissements, voix, chants, bruitages, tout s’emmêle pour mieux nous hypnotiser, nous plonger dans une ambiance d'ailleurs, profonde, grave.
Un spectacle sonore piloté en direct par le compositeur, accompagné de ses fidèles "compagnons" de route: sa femme, son assistant, ses proches....Un travail collectif, en direct, sur la corde raide!
Après un entracte enjoué où chacun évoque ses souvenirs personnels de l'époque, où découverte de "l'ancêtre" du DJ, un film de Frank Mallet et Eric Darmon est projeté, histoire de mieux saisir, d'approcher le personnage: un bel hommage sensible et intelligent, truffé de moments dérobés à la vie quotidienne de l'artiste, à son univers domestique envahi de bandes magnétiques, consciencieusement rangées sur des centaines d'étagères....On le voit capter des sons, des bruits du monde extérieur, toujours caccompagné de sa femme, de son "producteur" complice de tous ses "désirs" et non caprices de créateur.
Il est malin, le maitre, va jusqu'au bout de ses idées, fouille la littérature, bidouille des tableaux sonores faits de matériaux divers empruntés à la musique, qu'il expose dans sa "maison des sons" à Paris!
Images d'archives aussi pour sa période "Béjart" où l'on retrouve avec bonheur les danseurs de l'originel Ballet du XXème Siècle" dans "Messe pour le temps présent" agitant des gambettes hystériques gainées de jeans!
C'est au tour de faire revivre en images Carolyn Carlson avec son ballet " Kyldex" sur les sculptures cinétiques de Nicolas Schoeffer! Un régal d'entendre, de voir cette symbiose de mouvements musicaux, chorégraphiques, sculptés dans l'espace lumineux!
Un documentaire de création où "l'art des sons" est évoqué plastiquement dans un voyage dans le temps.
Deuxième concert "live": "Fantaisie Messe pour le temps présent": Pierre Henry revisite son oeuvre emblématique, avec malice, détachement: des couches de sons s'empilent, masquant les leitmotivs, les résonnances s'amplifient, la masse sonore est dense et puissante.
Toujours très "présente" et de "notre temps", cette messe est rituelle et païenne, athée,évoque tant de chemin parcouru par le compositeur que l'on ne peut que saluer cet homme, ovationné pour l'occasion et remercier le Festival de nous avoir offert ces instants d'exception qui feront "date" dans nos corps sonores, résonnants des élucubrations très synthétiques de ce démiurge du son.
Il était bien là hier soir, bien vivant, le maestro de la musique concrète, électroacoustique, pour un concert exceptionnel, quatre heures durant, ponctué par la projection d'un film unique sur sa carrière.
Grand bidouilleur de sons, tripoteur, agitateur, fébrile inventeur sempiternel de nouvelles sonorités, il titille l'électronique comme une maïeutique, accouchant des bruits les plus incongrus mais curieusement toujours "à leur place"!
Il triture la matière organique de ce qui sourd des machines et invente en alchimiste un son philosophal empli de sens, de matière et volume.
Le concert: devant un amoncellement de hauts-parleurs, empilés tels les robots de Nam June Paik, le spectateur est rivé du regard par cette architecture sonore, émue par des éclairages sophistiqués.
On est comme devant le "Coucou Bazar" de Dubuffet: devant une animation d'êtres inanimés, objets ayant une "âme"
Frontale, la musique parvient pour la première œuvre "Une tour de Babel" de 1998, "revisitée" pour l'occasion, une partition débridée, inattendue, parfois très "zen" où l'on s'imagine à la déguster "couché" tous sens en éveil.Vrombissements, voix, chants, bruitages, tout s’emmêle pour mieux nous hypnotiser, nous plonger dans une ambiance d'ailleurs, profonde, grave.
Un spectacle sonore piloté en direct par le compositeur, accompagné de ses fidèles "compagnons" de route: sa femme, son assistant, ses proches....Un travail collectif, en direct, sur la corde raide!
Après un entracte enjoué où chacun évoque ses souvenirs personnels de l'époque, où découverte de "l'ancêtre" du DJ, un film de Frank Mallet et Eric Darmon est projeté, histoire de mieux saisir, d'approcher le personnage: un bel hommage sensible et intelligent, truffé de moments dérobés à la vie quotidienne de l'artiste, à son univers domestique envahi de bandes magnétiques, consciencieusement rangées sur des centaines d'étagères....On le voit capter des sons, des bruits du monde extérieur, toujours caccompagné de sa femme, de son "producteur" complice de tous ses "désirs" et non caprices de créateur.
Il est malin, le maitre, va jusqu'au bout de ses idées, fouille la littérature, bidouille des tableaux sonores faits de matériaux divers empruntés à la musique, qu'il expose dans sa "maison des sons" à Paris!
Images d'archives aussi pour sa période "Béjart" où l'on retrouve avec bonheur les danseurs de l'originel Ballet du XXème Siècle" dans "Messe pour le temps présent" agitant des gambettes hystériques gainées de jeans!
C'est au tour de faire revivre en images Carolyn Carlson avec son ballet " Kyldex" sur les sculptures cinétiques de Nicolas Schoeffer! Un régal d'entendre, de voir cette symbiose de mouvements musicaux, chorégraphiques, sculptés dans l'espace lumineux!
Un documentaire de création où "l'art des sons" est évoqué plastiquement dans un voyage dans le temps.
Deuxième concert "live": "Fantaisie Messe pour le temps présent": Pierre Henry revisite son oeuvre emblématique, avec malice, détachement: des couches de sons s'empilent, masquant les leitmotivs, les résonnances s'amplifient, la masse sonore est dense et puissante.
Toujours très "présente" et de "notre temps", cette messe est rituelle et païenne, athée,évoque tant de chemin parcouru par le compositeur que l'on ne peut que saluer cet homme, ovationné pour l'occasion et remercier le Festival de nous avoir offert ces instants d'exception qui feront "date" dans nos corps sonores, résonnants des élucubrations très synthétiques de ce démiurge du son.
mercredi 25 septembre 2013
Opéra au cinéma: un mariage d'amour et de raison: "Written on Skin" pour en témoigner à Musica
Musica tisse depuis longtemps les affinités entre musique et cinéma, nous rappelant qu'il existe autant d'excellentes musiques de films, que de films sur l'opéra, de surcroit, genre lyrique contemporain fort riche en surprises!
Cette année, en complicité avec ARTE et l'UGC Cité Ciné de Strasbourg, deux oeuvres sont proposées:
la première "Written on skin", un opéra de George Benjamin de 2012, a été filmé par Corentin Leconte à l'occasion du festival d'Aix en Provence.
Katie Mitchell pour la mise en scène (voir The House Taken Over), et Martin Crimp pour le livret nous délivrent ici une narration cruelle, forte et inspirée pour des interprètes hors pair, filmés au plus près des corps, des sons, des respirations des chanteurs
Le rôle du "garçon" dans cette histoire qui oscille entre médiéval et contemporain est tenu par deux fantastiques contre-ténor et soprano, Bejun Mehta et Allan Clayton, Agnès, la "femme" est campée par Barbara Hannigan, sublime actrice, chanteuse aux talents virtuoses, face à une partition à hauts risques.
Deux heures durant, on vit en apnée devant ce drame, sa violence physique, son décor à deux niveaux où évoluent les protagonistes.
Les jeux de lumière, de profondeur y sont judicieusement révélés.
Les gestes très chorégraphiques, physiques, engageants de tous font mouche pour créer une présence charnelle étonnante pour le médium cinématographique!
George Benjamin à la direction, sensible, attentif y tient sa part de succès.
Un film qui fera date dans la "capture" de la voix, des corps et de l'espace de l'opéra transposé au cinéma.
La proximité, les gros plans rapprochés, le montage épousent le rythme de la composition musicale avec bonheur!
Cette année, en complicité avec ARTE et l'UGC Cité Ciné de Strasbourg, deux oeuvres sont proposées:
la première "Written on skin", un opéra de George Benjamin de 2012, a été filmé par Corentin Leconte à l'occasion du festival d'Aix en Provence.
Katie Mitchell pour la mise en scène (voir The House Taken Over), et Martin Crimp pour le livret nous délivrent ici une narration cruelle, forte et inspirée pour des interprètes hors pair, filmés au plus près des corps, des sons, des respirations des chanteurs
Le rôle du "garçon" dans cette histoire qui oscille entre médiéval et contemporain est tenu par deux fantastiques contre-ténor et soprano, Bejun Mehta et Allan Clayton, Agnès, la "femme" est campée par Barbara Hannigan, sublime actrice, chanteuse aux talents virtuoses, face à une partition à hauts risques.
Deux heures durant, on vit en apnée devant ce drame, sa violence physique, son décor à deux niveaux où évoluent les protagonistes.
Les jeux de lumière, de profondeur y sont judicieusement révélés.
Les gestes très chorégraphiques, physiques, engageants de tous font mouche pour créer une présence charnelle étonnante pour le médium cinématographique!
George Benjamin à la direction, sensible, attentif y tient sa part de succès.
Un film qui fera date dans la "capture" de la voix, des corps et de l'espace de l'opéra transposé au cinéma.
La proximité, les gros plans rapprochés, le montage épousent le rythme de la composition musicale avec bonheur!
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