vendredi 17 octobre 2014

"Casse":messieurs "bricolage"!

Drôle d'endroit pour une rencontre !!! Nadège Trebal a posé sa caméra dans une casse autos comme on en voit en grande banlieue, ici c'est à Athis-Mons prés d'Orly...un immense espace où des dizaines de voitures accidentées sont livrées à l'examen d'hommes en recherche d'une pièce , d'une opportunité...que des hommes quand même connaisseurs en mécanique, car pour désosser il faut savoir comment cela a été monté...ils sont africains, maghrébins, d'Europe de l'est , plutôt dans la précarité...ils désossent, dévissent, déboulonnent...et parfois la parole se libère, échos d'une épopée migratoire, problèmes familiaux, quête d'amour...des amateurs comme Sibri et Omar, ouvriers dans des garages, qui s'expriment comme des comédiens professionnels...beaucoup de plans rapprochés, de visages, de mains plongées dans l'huile...beaucoup d'humour aussi et parfois même du rire...un documentaire certes, mais pas que !! 
Et la scène finale: un vieil homme, bricoleur qui répète ses pas de tango et salsa, suit son ombre, ses pieds et valse ainsi au fin fond de ce casse-noisette, qui ne casse rien que des bonbons...
Casse-toi de là: surtout pas, le temps de ce très beau film où les mains, les gestes parlent d'artisanat, de bricolage.Ces carcasses de voiture, coffres ou capots béants,ouverts, comme autant de bouches à nourrir!
De politique et de sociologie aussi il est question et d'amour à travers les aveux de tous ceux qui cherchent ici économie et bonheur, échanges et amitiés...!

jeudi 16 octobre 2014

Olivier Babinet et Tomorrow's World: ciné-musique! Life on Earth

Rencontre inédite: musique et cinéma...Au MAMCS, à l'Auditorium.
Extasyque!
Lou Hayter et Jean Benoit Dunkel du duo musical AIR interprètent sur scène une expérimentation cinématographique d'Olivier Babinet: entre la fiction polymorphe et le dédoublement des images, de l'écran à la scène!
Moitié de Air, Jean-Benoît Dunckel présente le nouveau clip de son projet futuriste. Fruit d’une rencontre forte avec le réalisateur Olivier Babinet, cette vidéo est une plongée dans un quartier où 50% des familles vit en dessous du seuil de pauvreté : Aulnay-sous-Bois se fait ainsi le décor d’un clip dont le propos se fait tout aussi social qu’esthétique.
Quand Jean-Benoît Dunckel (de AIR) rencontre Lou Hayter, ça donne des ambiances fantastiques, de l'épaisseur à l'atmosphère mélancolique et très cinématographique de leurs compositions... Ajoutez à cela les images inédites d'Olivier Babinet qui nous a ravi avec son excellent premier long métrage Robert Mitchum est mort et vous aurez une possible idée de ce que cette soirée très entre rêve et réalité / au-delà du réel / en dehors de la réalité vous réserve ?
Du quasi film expérimental, aux tonalités fantastique et expressionnistes sur fond de musique un peu évasive et égale à un flux de sons pas très subtils. Bref quand l'image animée, devenue muette (coupures et découpages multiples des films de Babinet) se renforce par ce côté absurde et surréaliste, ce sont ses séquences là qui prennent le dessus et deviennent extasyques, hallucinatoires et parfois comiques!
Du bel ouvrage sans aucun doute!

 

 Les origines de Tomorrow's World remontent à la rencontre après un concert du groupe britannique New Young Pony Club de sa chanteuse et claviériste Lou Hayter avec la moitié du duo Air, Jean-Benoît Dunckel, présent ce soir là en compagnie de Jarvis Cocker, leader du groupe Pulp. Après les salutations de circonstances, des points communs rapprochent les deux musiciens qui collaborent par la suite sur des maquettes de chansons.

La chanteuse Lou Hayter qui est également membre du groupe The New Sins délaisse les claviers à « JB » Dunckel pour se concentrer sur les parties vocales et la programmation de la batterie électronique. Le musicien versaillais qui avait déjà lancé le projet solo Darkel en 2006 consacre l'année 2012 à élaborer une vingtaine de pistes pour l'album de Tomorrow's World, nom donné à cette nouvelle entité. Après un premier extrait « So Long My Love » dévoilé en décembre, l'album Tomorrow's World constitué de onze pièces est livré dans son intégralité le 8 avril 2013 parallèlement à une tournée et la divulgation de deux autres titres, « Drive » et « Pleurer ou chanter ».

"Lilting" ou la délicatesse.Mais quelle langue dansez-vous?

"Tu danses"? "Si je danse....." réponds la mère à son fils...C'est un bon début à cette troublante histoire de langage....
Londres. Dans une maison de retraite, Junn, une mère sino-cambodgienne pleure la disparition de son fils, Kai. Son deuil est dérangé par l’arrivée soudaine de Richard. Elle ne sait pas ou ne veut pas savoir qu’il a été le compagnon de Kai. Ils ne parlent pas la même langue mais, aidés d’une interprète, vont essayer de communiquer dans le souvenir de celui qu’ils ont aimé.Alors les gestes , les expressions, les attentes, le silence prennent le relais et apparait la délicatesse ou la noirceur des rapports humains.Une mère possessive, un fils homosexuel qui n'ose le dire et tout s'enchevêtre entre les protagonistes de ce jeu de dupes très bien mis en scène

A la fin, les couples dansent et s'échangent dans un doux traveling, qui borde leurs émotions et conclue le film sur une touche très tendre et quasi romantique!
Un film de Hong Khaou 

Les mots et le visage
Kai est mort. Pour Junn, sa mère, c’est d’autant plus une tragédie que cela signifie qu’elle devra rester à l’hospice. Pour Richard, ça l’est aussi, puisqu’il l’aimait et que son amant n’a jamais avoué son homosexualité à sa mère. Le voilà réduit au rôle de meilleur ami face à une mère qui le déteste. Lui va tenter de tisser des ponts, elle, s’évertuer à les brûler – tout cela étant compliqué par le fait qu’ils n’ont aucune langue en commun.
Hong Khaou installe donc, par le truchement de l’interprète Vann, une dynamique humaine niant le dialogue direct. La nécessité perpétuelle d’un auditoire rend la scène la plus anodine mille fois plus complexe – ce que le réalisateur souligne plus encore lorsqu’il commence par réunir Junn avec un homme de son âge, soupirant tendre et doux avec lequel tout passe par les gestes, les attitudes. Hong Khaou se plaît à filmer ces rencontres à trois (ou plus) comme des huis-clos auxquels on ne peut échapper, où les tensions s’exacerbent vite – et, lorsque la parole directe reprend ses droits, le doute demeure : tout ceci n’est-il pas un spectacle donné au profit d’un auditoire, les rapports humains ayant pris l’habitude d’être vu comme une mise en scène ? Et le spectateur de se retrouver dans une position étrange : son regard ne corrompt-il pas intrinsèquement la spontanéité des interactions à l’écran ?
Pour autant, les aveux finaux, arrachés par-delà les gênes et les rancœurs, sonnent juste, comme sonne juste le chemin parcouru par les protagonistes pour y parvenir.
Hong Khaou coupe ses personnages du monde, les place dans une bulle, créant une sorte de dynamique théâtrale, à laquelle les gros plans et les champs/contrechamps insufflent un regard scrutateur. En apparence froid et retiré, ce regard parvient à saisir une humanité touchante aux beaux accents de sincérité.