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D'après le "Livre noir" de Orhan Pamuk, mise en espace de Waddah Saab et Blandine Savetier
Avec Julie Pilod et Philippe Smith
Pendant une semaine, jour et nuit dans Istanbul, un jeune avocat, Galip, part à la recherche de sa femme Ruya, qu'il aime depuis l'enfance, et qui lui a laissé une lettre mystérieuse : est-ce un jeu ? un adieu ? Dans le fol espoir de la retrouver, il fouille ses souvenirs et le passé militant de Ruya. Il lit et relit les écrits de Djélâl, le demi-frère de sa femme - un homme secret qu'il admire. Mais lui aussi semble avoir disparu. À la recherche des deux êtres qu'il aime, Galip est en même temps en quête de sa propre identité et, bientôt, de celle d'Istanbul, présentée ici sous un aspect singulier : toujours enneigée, boueuse et ambiguë, insaisissable.
Hommage à la ville natale de l'auteur, Le Livre noir est habité par une Istanbul foisonnante et labyrinthique. Elle s'habille ici d'une dimension ésotérique, vibrante des signes que le héros tente à tout prix de percevoir.
À la recherche de ses proches, mais aussi de lui-même, le héros de Orhan Pamuk devient un autre lui-même au fil de ce voyage initiatique. Il acquiert une clarté d'esprit qui lui fait toucher du doigt les secrets de l'existence où les identités se confondent dans l'incertain.
L'écrivain turc signe ici un roman envoûtant, au questionnement perpétuel, semblable par moments à un rêve halluciné.
Voilà pour le livre
Blandine Savetier s'attelle à ce texte très fort, mettant en scène le prince et son double, son secrétaire. Sa préoccupation essentielle sera de rester "soi même" dans son environnement peuplé de souvenirs, d'hommes du passé influents, d'objets encombrant la mémoire, parasites insurmontables d'une sérénité possible. Etre soi, sur la route de soi dans ce destin voué à l'obéissance. Plutôt renoncer que de se plier à ce qui ne serait pas l'essence de son être Se battre, , se "bagarrer" plutôt que de vaincre ses peurs ou de reculer devant authenticité des difficultés incontournables.
Dans un décor sobre, fait d'une table et d'un banc, éclairé par des lustres évoquant un intérieur princier, par un chemin de lumières, deux personnages dialoguent et sortent de leur soliloque peu à peu.
La folie des grands de ce monde semble héréditaire et incontournable: souverain ou autre quidam, il demeure que l'altérité doit être pièce maîtresse du jeu de la vie ou du pouvoir. Dans de beaux halos de lumière le secrétaire passe d'un champ à l'autre pour mieux tenter de se délivrer lui aussi, des livres, des récits qui lui demeurent étrangers mais dont il a du subir les influences, par éducation, par force!
Cette notion sera tissée durant la lecture-récit, double: jeu de l'acteur avec son personnage, avec son rôle, avec l’œil qui le regarde... "La scène comme trouble fête de l'énigme d'être soi": le théâtre, en quelque sorte et ses doubles !
Les deux comédiens incarnant avec bonheur et aisance ces être préoccupés, titillés par l'obsession de l'identité, du soi, de l'altérité.
Au TNS dans le cadre de l'autre saison, les 29 et 30 Novembre
Ghost' spell and you !
Spectacle pour quatre percussionnistes, une manipulatrice d’objets et dispositif audiovisuel
"Immersive et envoûtante, la dernière création de Pierre Jodlowski nous plonge dans un espace aux frontières indéfinies. Composée pour électronique et quatre percussionnistes issus des célèbres Percussions de Strasbourg, la partition intègre également le jeu des lumières et l’écriture de l’espace scénique. Prolongée par un grand écran panoramique, la scène se mue en un espace infini, un territoire où les ombres semblent jouer avec les corps.
Spectacle onirique, Ghostland nous ouvre les yeux sur le monde d’aujourd’hui : les « fantômes » dont il est ici question renvoient certes aux êtres chers disparus et aux traces conservées par la mémoire, mais aussi, de manière plus métaphorique, à l’individu pris dans les rouages d’un système qui l’arrache au réel, à soi et aux autres. Sur l’écran, des salles de réunion, de grands bureaux, des espaces froids habités peu à peu par des êtres étranges, fantomatiques… les percussionnistes abandonnent progressivement les instruments qui composent leurs batteries pour jouer avec brio de l’attaché-case et des percussions virtuelles."
Sur la scène quatre grosses caisses, animées par quatre silhouettes en capuchonnées, de noir vêtues; au bord du plateau, derrière un rideau, un corps dissimulé , évanescent, se devine, flouté. Ectoplasme vibrant, futile, passager...Illusion, fantasme, hallucination?
Les quatre lutins noirs percutent sur les peaux des tambours, les caressent alors qu'un son sourd inonde l'espace, trépidant, inquiétant. Sur un écran en fond de scène, des images apparaissent, celles de quatre musiciens devant chacun une table semblant battre une mesure sourde et lente. Images en suspension, comme des leurres des visions énigmatiques, qui lévitent, échappent au sol.Des néons sur les pourtours diffusent un rythme lumineux perceptible et fugace. Comme des taupes travailleuses dans un terrier ou tunnel sonore, les musiciens, étranges créatures polymorphes s'affairent. Des voix susurrées, chuchotantes, murmurant hantent de leurs accents allemand, cet univers de science fiction.
Puis tout divague et nous voilà propulsés dans un univers de travail, de labeur: image d'un loft, , d'un open space en couleurs où des hommes masqués de blanc, évoluent à l'envi; le monde se renverse, se délite, bascule dans une grande fébrilité
Des clowns, des être factices, artificiels dénaturés? Une effervescence, agitation sonore puissante et omniprésente les soutient; des perspectives visuelles s'ouvrent. L'univers étrange de la musique se répand dans un espace multiforme et pluriel.
Des silhouettes se dessinent derrière l'écran, derrière le miroir et passent à tour de rôle, esquissant une danse, une chorégraphie en découpage noir, théâtre d'ombres animées.
Passages d'ombres, de spectres, de danseurs à l'envergure d'oiseaux, de roseaux ailés.
La plasticité du travail scénographique de Jodlowski est pertinent et sied à merveille aux sonorités, aux ambiances, au volume sonre de son opus.De belles reptations dansantes, une chorégraphie des corps des musiciens très engagées dans le répertoire physique, convint et séduit.
"Gosthland" au Théâtre de Hautepierre jusqu'au 29 Novembre
La danse est une activité qui permet de booster son corps, mais aussi son cerveau.Partant des progrès réalisés par la neurobiologie au cours de ces vingt dernières années, Lucy Vincent nous explique ici en quoi la coordination de mouvements complexes au rythme de la musique stimule nos connexions cérébrales, en même temps qu’elle préserve notre santé et renforce notre estime de soi.Vie stressante, épuisement psychique, troubles de l’humeur, difficultés relationnelles, kilos en trop… : il n’y a guère de problème qui reste insensible à la pratique régulière de la danse !Neurobiologiste, Lucy Vincent est l'auteur de plusieurs ouvrages qui ont été de très grands succès, parmi lesquels Comment devient-on amoureux ? et L’Amour de A à XY.