jeudi 29 novembre 2018

"L'homme qui voulait être une île" : carte blanche à Blandine Savetier : être soi, sur la route du soi-même.


D'après le "Livre noir" de Orhan Pamuk, mise en espace de Waddah Saab et Blandine Savetier
 Avec Julie Pilod et Philippe Smith

 Pendant une semaine, jour et nuit dans Istanbul, un jeune avocat, Galip, part à la recherche de sa femme Ruya, qu'il aime depuis l'enfance, et qui lui a laissé une lettre mystérieuse : est-ce un jeu ? un adieu ? Dans le fol espoir de la retrouver, il fouille ses souvenirs et le passé militant de Ruya. Il lit et relit les écrits de Djélâl, le demi-frère de sa femme - un homme secret qu'il admire. Mais lui aussi semble avoir disparu. À la recherche des deux êtres qu'il aime, Galip est en même temps en quête de sa propre identité et, bientôt, de celle d'Istanbul, présentée ici sous un aspect singulier : toujours enneigée, boueuse et ambiguë, insaisissable.
Hommage à la ville natale de l'auteur, Le Livre noir est habité par une Istanbul foisonnante et labyrinthique. Elle s'habille ici d'une dimension ésotérique, vibrante des signes que le héros tente à tout prix de percevoir. 

À la recherche de ses proches, mais aussi de lui-même, le héros de Orhan Pamuk devient un autre lui-même au fil de ce voyage initiatique. Il acquiert une clarté d'esprit qui lui fait toucher du doigt les secrets de l'existence où les identités se confondent dans l'incertain. 
L'écrivain turc signe ici un roman envoûtant, au questionnement perpétuel, semblable par moments à un rêve halluciné.  


Voilà pour le livre

Blandine Savetier s'attelle à ce texte très fort, mettant en scène le prince et son double, son secrétaire. Sa préoccupation essentielle sera de rester "soi même" dans son environnement peuplé de souvenirs, d'hommes du passé influents, d'objets encombrant la mémoire, parasites insurmontables d'une sérénité possible. Etre soi, sur la route de soi dans ce destin voué à l'obéissance. Plutôt renoncer que de se plier à ce qui ne serait pas l'essence de son être Se battre, , se "bagarrer" plutôt que de vaincre ses peurs ou de reculer devant authenticité des difficultés incontournables.
Dans un décor sobre, fait d'une table et d'un banc, éclairé par des lustres évoquant un intérieur princier, par un chemin de lumières, deux personnages dialoguent et sortent de leur soliloque peu à peu.
La folie des grands de ce monde semble héréditaire et incontournable: souverain ou autre quidam, il demeure que l'altérité doit être pièce maîtresse du jeu de la vie ou du pouvoir. Dans de beaux halos de lumière le secrétaire passe d'un champ à l'autre pour mieux tenter de se délivrer lui aussi, des livres, des récits qui lui demeurent étrangers mais dont il a du subir les influences, par éducation, par force!
Cette notion sera tissée durant la lecture-récit, double: jeu de l'acteur avec son personnage,  avec son rôle, avec l’œil qui le regarde... "La scène comme trouble fête de l'énigme d'être soi": le théâtre, en quelque sorte et ses doubles !
Les deux comédiens incarnant avec bonheur et aisance ces être préoccupés, titillés par l'obsession de l'identité, du soi, de l'altérité.

Au TNS dans le cadre de l'autre saison, les 29 et 30 Novembre


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