Si on l'a surnommé le peintre du mouvement, c'est parce qu'Edgar Degas (1834-1917) a capté la grâce, l'expressivité et la vivacité des jeunes danseuses de l'Opéra, jusqu'à saisir, d'un trait ou de quelques taches de couleur, l'essence même de la danse.
vendredi 6 décembre 2019
"Danse" pop-up de Gérard Lo Monaco et Sophie Van der Linden
Si on l'a surnommé le peintre du mouvement, c'est parce qu'Edgar Degas (1834-1917) a capté la grâce, l'expressivité et la vivacité des jeunes danseuses de l'Opéra, jusqu'à saisir, d'un trait ou de quelques taches de couleur, l'essence même de la danse.
mardi 3 décembre 2019
Sucre-"An ice cream for a nice crime": le cream politique parfait : sucrer les fraises !
Abdoulaye Trésor Konaté / Cie ATeKa
Sucre - an ice cream for a nice crime
France, Côte d'Ivoire / 1 danseur + 1 musicien + 1 comédien / 55'
Création / Coproduction POLE-SUD, CDCN
"Une même scène et trois partitions différentes pour la danse, le théâtre et la musique. Sucre, la nouvelle création d’Abdoulaye Trésor Konaté officie entre gestes et mots, silence et sonorités, au plus près des corps et d’une matière, le sucre. Un propos doux-amer finement décliné en multiples nuances. Après son solo Humming-Bird / Colibri et le duo Rien à aborder créé avec Myriam Soulanges, Abdoulaye Trésor Konaté engage un autre type de travail où se mêlent texte et musique, théâtre et danse. Le propos fédérateur de cette nouvelle création est une matière, a priori faite de blancheur et de douceur : le sucre. Le chorégraphe et ses complices artistiques ont pris le sujet à bras le corps pour en embrasser toutes les misères et les grandeurs. Le sucre et ses qualités, couleurs, attributs, son histoire sur fond de colonisation et d’esclavage et jusque dans ses représentations contemporaines, s’emparent de la scène, hantent les corps. Un même esprit, aussi décalé que le sous-titre de cette création An Ice Cream for a nice Crime – (littéralement : « une crème glacée pour un joli crime ») – se diffuse sur scène où les interprètes évoluent sous la blancheur des lumières. Il fait écho aux préoccupations du chorégraphe qui puise dans ce qui divise ou rapproche pour interroger notre relation aux autres cultures, à la mémoire et à l’avenir."
Le plateau est occupé par un petit tas, à priori de "sable", les cintres supportent quelques objets hétéroclites greffés à des branches...Paysage plastique qui va s'animer des présences de trois conteurs, diseurs de bonne aventure ou de mauvaises nouvelles du monde.L'un des protagoniste aspire le son d'un micro, l'autre verse cette matière quasi granitique encore non identifiée. Leurs costumes à caractère médiéval, fraise, collerette et chemises bouffantes en feraient des personnages historiques princiers...."Raffinés" au langage gestuel très châtié. C'est ce qui se révélera être du sucre blond comme dans un sablier, une gravière où sablière qui sera la matière plastique du spectacle. Très picturale, la pièce s'achemine lentement vers la danse, valse à trois piliers, chaussettes et chemises voltigeant, ou lutte, combat, mêlée solidaire.
Les projecteurs de côté, comme des colonnes cinétiques de Schoffer, accueillent une danse chamanique autour du tas de sucre, terril, monticule,qui devient édredon et coussin pour une tête enfouie.
Caramel blond
Des empreintes de sucre cristallisé, cristal de roche, ou sucre-glace se dessinent sur le visage de l'opprimé, esclave des cultures de canne à sucre...On se sucre au passage dans la semoule ! Les yeux hagards comme possédé par un esprit aliénateur, l'un des trois hommes vacille, hypnotisé. Le cercle magique de sucre devient piste pour ces "bonnets rouges" que menace un arbre, une longue branche de bambou suspendue au dessus de leurs têtes. Arbre à canne-came- à sucre bordé de néons, arte povera à la Zorio, en déséquilibre précaire. L'un des travailleurs chevronné du sucre revêt un manteau de parade, costume, uniforme de l'oppresseur, riche propriétaire terrien, exploiteur, marchand mondialiste, colon ou autre saboteur, sabordeur de liberté. La mus opère en lambeau de chemise blanche à terre, l'animal se réveille et danse...En onomatopées diverses et improbables, il éructe sons et digressions variés.
Le "méchant nègre" sommeille, sur fond de batterie électronique. Un beau duo complice de clown Chocolat, Auguste noir et blanc, ou bonhomme Banania en suggestion.Le grotesque s'installe, férocement opératoire et un discours à propos du commerce de cette denrée, or en barre, s'emballe.Richesse, profit, pour "casser du sucre" sur l'autre, comme ces "pâtissiers" de la honte, faiseurs d’esbroufe, de travestissement. L'aliénation par le travail est à l'ordre du jour verbal, alors que la danse délivre dans un magnifique solo, les affres du pouvoir: auprès du délire de l'un, de la chute de l'autre, le vainqueur se déploie largement, tournoyant, expressif, extatique, bras ouverts, séduisante parodie de dans classique frétillante, cygne dans son costume qui voltige; déséquilibré, toujours, déroutant, puis vaincu se jette dans le sucre, la tête la première, faisant l'autruche....
Festival des cannes à sucre!
Puis la scénographie signée Ikyheon Park (voir l'édicule du quai faubourg de pierre) prend le relais: la tige de canne à sucre, bordée de néons descend des cintres ; un violoncelle, enregistré, ponctue les gestes dans une ambiance de suspens. Encore un discours politique à deux, en écho, qui se chevauche dans l'espace et devient inaudible.La tige devient chemin de lumière, puis se divise se déconstruit en quatre plantations, la lumière comme une salamandre sur la crème brûlée , sucrée.Comme des lampes de sourciers, les perches, mi arbre- mi baguette de magicien, sont les torches "frontales" de ces chercheurs d'or, orpailleurs de sucre d'orge!Planète sucre au programme de ce show très imagé, manifeste politique et poétique . Penone, sculpteur des arbres momifiés, veille sur cette fable écologique où se joue dans une ronde torsadée, le sort de la planète : les alertes, en cabanes à trois mas, clignotent au final comme une alerte, un message à décrypter, une lueur de phare à suivre.
Raffinerie: sucre blanc, sucre de couleurs !
"Raffiné" cet opus sur la can-canne à sucre , séduit et fait mouche, les couleurs au cœur du discours plastique opératoire: "united colors of brown sugar" pour credo ou alibi.
La danse y est précieuse et ambassadrice de bien des dénonciations comme à son habitude !
A Pole Sud les 3 et 4 Décembre
dimanche 1 décembre 2019
Terry Riley : tel père, tel fils !
Soft Machine lui a consacré un album, Kraftwerk et le mouvement space rock allemand lui ont emprunté sa radicalité. Enfin, les Who lui dédient l'un de leur titre Baba O'Riley qui débute avec l'une des plus célèbres compositions de ce chaman de la transe. Cette fois accompagné de son fils Gyan Riley, le compositeur proposera tout un programme : un mélange de structures complexes, souvent improvisées, contenant des éléments de minimalisme, de jazz, de ragtime, et de raga du nord de l'Inde. Une association d'inspirations et de textures musicales dans la lignée de sa carrière prolifique et protéiforme
A la Chapelle des Trinitaires, espace musical du réseau "cité musicale" à Metz, le public semble impatient de retrouver ce "pape" du jazz, 83 ans, cheveux et longe barbe blanche, coiffé d'un bonnet singulier. En lever de rideau un adepte de la musique en boucle, jeune compositeur et manipulateur de console, David Chalmin, pour une ambiance répétitive et envoûtante, truffée de vibrations hypnotisantes....
Il est au piano, Terry Riley, la main alerte, le rythme au bout des doigts, vif et insurgé de la texture musicale protéiforme, inspiré de culture et de contrées éloignées. Beau tableau que le père et le fils, guitare acoustique rivée au corps. Duo, duel de complices de longue date qui se forge ici des accents conjugués, en harmonie, même dans les moments d'improvisations engagés par une inventivité à tout rompre!
Belle ambiance partagée pour ces retrouvailles avec cet orpailleur de sonorités recherchées, filtrées, tamisées par son interprétation toute singulière et attachante; son grand âge dépassant toutes les conformités, toutes les audaces et se jouant des embûches ou obstacles à la bienséance musicale.
Un petit instrument surgit au final, sorte de guitare miniature esthétiquement remarquable: un quasi jouet pour virtuose !
Une soirée mémorable, pleine de charme, de densité, d'émotion musicale! Pas de nostalgie mais bien de la réalité musicale contemporaine pour ce virtuose du minimalisme forgé par la performance et l'inventivité débordante!
A la Chapelle des Trinitaires en coproduction avec l'Arsenal et la cité musicale le 29 Novembre
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