mardi 12 avril 2022

"Courant d'Airs": je ventile à tort ou la matinée d'un foehn...


 "Courant d'Airs"

Récital: Lieder, mélodies, airs "dans le vent" !

Chant: Geneviève Charras Piano: Christian Vidal

Sentir le vent sur le "Pont des Arts" de Brassens, les cavalcades de "la Brise" de Saint-Saëns, la nostalgie des "Mistral gagnant" de Renaud et apprendre bien d'autres noms de Vents avec Juliette et sa "balade des vents"....

Un courant d'air romantique avec Schubert -"die Wetterfahne"-ou Clara Schumann, souffle sur ce récital concocté par Christian Vidal pianiste- accompagnateur et interprété  par Geneviève Charras, soprano.

Quand Poulenc fait vibrer la campagne d'un vent d'orage d'un "Air Romantique"et arpente d'un "Air vif"verger et jardin en fête, c'est la tourmente qui prend le relais: celle de "Fleur jetée" de Fauré...

Pour calmer le souffle d’Éole, "La chanson des Sirènes" de Honegger, "Si mes vers avaient des ailes" de Reynaldo Hahn se font rêverie comme "Harmonie du soir" de Debussy.

Et pour enjouer l'atmosphère, "La chanson de Magalie" de Gounod, "La chanson du Papillon" de Campra prennent le relais de ce récital qui décoiffera plus d'un!

Recherche musicale: Christian Vidal

Scénographie Corine Kleck Véronique Moser

Dimanche 15 MAI  11H

CIARUS 7 rue Finkmatt STRASBOURG

Entrée libre-plateau



lundi 11 avril 2022

"28 i mig": pas de huit et demie mesure ! Mais un grand écran large, en 16/9 ème sur le monde fellinien!

 


Nourrie de sa fascination pour l’Italie et notamment du mouvement cinématographique néoréaliste, la compagnie catalane La Perla 29 rend hommage avec le spectacle 28 i mig au monde de la fiction, du théâtre et du cinéma. Créée à partir d’improvisations collectives s’appuyant sur Huit et demi, film mythique de Federico Fellini, la troupe revisite cette pièce de son répertoire.

Mosaïque de scènes, poèmes, danses, musiques, projections et textes d’artistes comme Dante, Pirandello, Ettore Scola, Eduardo di Filippo, Shakespeare, Espriu, Vicent Andrés Estellés, Bergman, Sisa, Tchekhov, Wajdi Mouawad, 28 i mig mène une réflexion joyeuse sur les vicissitudes de la création, la recherche du bonheur, l’enfance et la nécessaire acceptation de la mort.

À la question « Comment être heureux ? », le collectif répond par une  fête des sens et de la pensée, en faisant sienne la maxime fellinienne : « Non c’è fine. Non c’è inizio. C’è solo l’infinita passione per la vita. »*Il n’y a pas de fin. Il n’y a pas de début. Il n’y a que la passion infinie de la vie. »

Lorsque je me demande ce qui compte le plus dans l’acte créateur, la réponse qui me vient à l’esprit est simple : “Est-ce vivant ou non ?”

C'est un spectacle bouillonnant de vie, de jeu, de musique et certes de références judicieuses et bien amenées de l'univers de Frederico Fellini! Jeu subtil de ceux qui parlent catalan magnifiquement sans qu'on se dise que l'Italie est le sujet, lieu et endroit de la réflexion du metteur en scène.Très belle interprétation donc de tous les protagonistes, personnages revisités à l'occasion de ce panorama grand angle du cinéma fellinien. Ça jacasse, ça ensorcelle, ça palabre à l'envie, le rythme de la mise en scène opérant pour créer une atmosphère festive, endiablée, musicale, chatoyante et enjouée Pas de répit pour les comédiens aux talents multiples qui se dédoublent, se multiplient, se métamorphosent sans cesse.Un montage de saynètes très efficace, des collages pour mieux brouiller les pistes et ne pas "reconnaitre" les références qui se glissent d'un texte à l'autre, d'une image à l'autre. Comme un grand traveling ou un plan fixe, un plan séquence où un gros plan-plein cadre, tout est cinématographique et défile sur la bobine à 25 images secondes! Artisanat de la mise en espace, des décors, des costumes qui soulignent une écriture dramaturgique mûrie, installée dans le déséquilibre constant!Et "la nave va", affronte la tempête des sentiments ou la placidité d'un Mastroianni émouvant à l'écran noir et blanc! Sans oublier le cadre à la Méliès qui occupe le plateau sans cesse pour mieux   se faire  champ-hors champ et délivrer des images hors norme dans une joie non dissimulée!

conception et mise en scène Oriol Broggi

Grand théâtre de la Colline jusqu'au 10 Avril


"1001 danses" (pour 2021): 100°/° danses tracées..... !

 


Mille et une danses en un spectacle qui nous parle de l’importance de danser, de nous toucher, nous étreindre, de transmettre par nos corps tout ce qui nous anime. Revivre.

Au moment où Thomas Lebrun met en chantier Mille et une danses (pour 2021), c’est pour fêter les vingt ans de sa compagnie. Il s’agit alors pour lui d’inventer une ode à ses interprètes qui ont jalonné son épopée chorégraphique et émotionnelle. Il imagine regrouper de nombreux danseurs, de toutes les générations, de ceux qui l’accompagnent depuis toujours à de nouvelles surprises, dans une diversité, une mixité sans pareille pour faire jaillir toutes les danses : savantes, populaires, passées, récentes, à venir. Entretemps, une pandémie bouleverse ses projets et nos vies, ferme les théâtres, les studios, et interdit toute rencontre. Ces Mille et une danses pour 2021 se transforment alors en nécessité absolue car cette fête de la danse devient celle des premières retrouvailles créatives, des premières rencontres charnelles et, cette encyclopédie du mouvement dansé, une sorte d’hommage à tous les danseurs et à notre monde qui reprend vie.

Et c'est peu dire : dès le démarrage, un solo d'une femme, mémoire échevelée grisonnante tient le plateau: mémoire des corps, entourée bientôt d'une troupe de danseurs, soudés, les hommes en arabesques pour dégenrer et plus d'une transition de gestes vient signifier que le temps passe, les styles se reconnaissent, se rejoignent, se mêlent et s’emmêlent. Doucement, les signatures se révèlent à travers les corps de chacun des danseurs: l'une est plus "Trisha Brown", l'autre Elue de Pina Bausch...Peu importe la source, le palimpseste de la mémoire de la matière opère à fond et l'on déguste ce beau clin d'oeil à "Insurrection" d'Odile Duboc, à l'époque éclairé par Françoise Michel, dansé par Rachid Ouramdane, celui qui se démarquait de la foule....De beaux engrenages de gestes, unisson du groupe qui se déplace en danse chorale, leader en tête pour guide éclairé directionnel.Un solo hispanisant d'une femme devant un homme-animal qui se joue de sa félinité, une sculpture mouvante à la Rodin, des ralentis très ouverts, un faune à la Nijinsky..Tout est jubilatoire, suggéré ou assumé ouvertement.Des costumes arc en ciel ou noir qui se font et se défont à l'envi: toute la panoplie, le panorama serait incomplet si l'on y ajoutait pas la signature de Thomas Lebrun! Car c'est bien une oeuvre à lui, de lui qui fait surface peu à peu et envahit cette écriture chorégraphique, dramaturgique efficace, drôle, légère, en paillettes , cabaret de l'impossible, revue de corps en demi-cercle, membres désaxés: cet être ensemble solide, ferme, engagé où chacun y va aussi de son altérité: une fuite magnifique d'une interprète en folie, irrésistible jeu à la Mats Ek pour éclairer la danse d'une luminosité et d'une intelligence sacrale.Cinéma en écran total, musique glamour au final, battements de coeur musical pour ne pas freiner notre imaginaire.Un "Bagouet" débridé à la Necesito, urgence de danser et de séduire..

Thomas Lebrun signe ici une pièce étrange, multiple, gorgée d'une mémoire que chacun s'est appropriée à sa façon: autant danseurs, que spectateurs qui identifient ces deux robes crinolines d'un spectacle de Bagouet, "Valse des fleurs" qui deviennent les atours des amours de Roser Montlo Guberna et Brigitte Seth Esmérate...invitées pour ce beau duo de tendresse!

 

Au théâtre national de la danse Chaillot jusqu'au 9 Avril