mardi 5 août 2025

Lola Maria Muller reprend la route: "Fahren Fahren Fahren"...

 


A nouveau exposée dans la salle de la Chapelle du Verbe Incarné ( la dernière monstration date de l' été 2022) l' œuvre photographique de cette plasticienne atypique évolue de façon émouvante. Émouvante au sens de e-motion, l'émotion- mouvement à l 'état pur du bougé de l' image qu'elle propose dans deux différents formats.Plus intimes quant à certaines visions au delà des paysages désormais familiers qu'elle délivre toujours dans un lyrisme fascinant.Des personnages désormais font irruption dans les espaces choisis par le hasard construit de prises de vue toujours en partance: dans le mouvement continu d'un périple a bord d'un véhicule roulant,une voiture lâchée sur l' autoroute au rythme d'un conducteur complice.Etrange binôme synchrone pour saisir au vol des images floutées,fondues dans des espaces mouvants vertigineux. Le duo hasardeux imprévisible et improbable saisit par l'inventivité des clichés enclenchés au cours de la navigation sidérante. Quel enchantement que la découverte qui se révèle de bâtiments fantomatiques, d'usines ponctuant cette visite inopinée de nos autoroutes de transit ou de vacances.Voyage au long court qui n'en finit pas de surprendre, de saisir l'instant unique et furtif d'une future éternité.Futile et prolixe vision d'un monde qui s'égare au fur et à mesure de la contemplation,le temps du parcours de l'exposition. Aux cimaises,voisinent vision d'un cheval figé sur une affiche ou un poteau au fil du périple.Ou bien vision d'une carcasse de voiture juchée sur un podium d'enseigne d'un garage: en couleurs chaudes,moirées de jaune,en suspension dans les airs comme un champignon atomique...Tout est ici mobilité, lenteur ou vitesse et précipitation,vigueur ou lancinantes visions oniriques d'un monde qui bouge comme un corps qui se déplace et saisit à bras le corps les instants palpables de sensibilité précoce. Sensibilité qui se propage dans le regard du spectateur-acteur qui navigue dans les flots de ces rémanences fugitives qui fixent les instants de grâce de paysages-passages de toute beauté. Beauté de l'industrie du voyage,des architectures banalisées de batiments-fantomes extraordinaires.Un motard perdu dans la brume vient perturber la désincarnation des images,devenues icônes votives d'un missel païen,d'un recueil de photographies interdites au regard de visions classiques du monde. De l'inédit dans la lecture et la composition du cosmos vibrant.Lola Maria comme matrice  perturbante de créations étranges et d'images subliminale incongrues et fautives d'onirisme jamais vus.

A la Chapelle du Verbe Incarné en  Avignon les Papes dansent quand le chat n'est pas à la confesse...jusqu'au 31 juillet 2025

pare brise, par vent et par brise, pare-bises ! du vent des globes, je ventile à tord !Du vent !!!! Brise_bise !



 

sylvia vigano dabbah


Le vent tourne et se lève, le temps d'un récital, d'un souffle de folie ou de douceur, d'une brise ou d'une tempête...



plastiques Mou-Vent "l'emballée" de dominique haettel 


par brise-bise !


Serge Gainsbourg
DES VENTS DES PETS DES POUMS

Paroles et musique: Serge Gainsbourg


Déjà deux heures que je fais le pet devant sa porte comme un groom
Elle manque pas d'air celle-là!
Je devais l'emmener souper dans un grill-room
En l'attendant je fais des vents des pets des poums

Non mais pour qui elle se prend celle-là pour la Bégum
Après on devait aller danser au Voom-Voom
En l'attendant je fais des vents des pets des poums

Saint-Tropez c'est râpé pour toi pauvre clown
Elle t'a pété dans la main cette fille-là, badaboum
En l'attendant je fais des vents des pets des poums

Tiens, celui-là était pas mal du tout il a fait boum
Et celui-ci il est parti comme une balle doom-doom
En l'attendant tu fais des vents des pets des poums

Et celui-là dis donc phschtt, un vrai simoun
Celui-ci pardon, il a fait aussi chaud qu'au Cameroun
En l'attendant tu fais des vents des pets des poums.

En l'attendant tu fais des vents des pets des poums.

Tiens celui-ci était bien envoyé, il a fait voom
Et celui-là vlan, il a fait vroom
En l'attendant je fais des vents des pets des poums


lundi 4 août 2025

Midnight Souls: deux perles rares aux marches du Palais des Papes...

 


L’exposition « OTHONIEL COSMOS ou les Fantômes de l’Amour » dessine un gigantesque parcours monumental qui peuple les institutions gratuites et les sites historiques de la ville.
L’artiste a élaboré des œuvres qui se dévoileront d’un lieu à l’autre croisant la sculpture et la peinture, les briques et les perles, des Astrolabes et des fontaines, de l’or et du verre, des totems et des nœuds infinis. Articulée  autour  de  la  passion  amoureuse  cette  exposition  sans pareille est orchestrée comme une grande machinerie opératique avec, pour point d’orgue les 1er et 02 août, une installation et une performance dans la Cour d’Honneur  du  Palais  des  Papes,  spécialement  chorégraphiée  par  Carolyn Carlson pour le danseur étoile Hugo Marchand et la danseuse Caroline Osmont de l’Opéra de Paris, accompagnés de Juha Marsalo de la Carolyn Carlson Company.

 Cette chorégraphie a été construite autour des œuvres de Jean-Michel Othoniel spécialement installées sur la scène de la Cour d’Honneur du Palais des Papes d’Avignon. Une installation monumentale imaginée par le sculpteur pour ce lieu hors norme. Plus de 10 000 briques de verre métamorphosant l’architecture de la Cour d’Honneur dessinent un paysage qui accueille trois immenses sculptures de briques d’inox miroir aux formes fantomatiques.

Qu'est ce qui pourrait bien relier la sensualité de la danse de Carolyn Carlson aux figures abstraites de Jean Michel Othoniel? Sous la voûte céleste du Palais des Papes en Avignon le secret va être dévoilé. Rien ne les oppose au regard de tout le périple extraordinaire des œuvres exposées du sculpteur que l'on aura pu faire auparavant et après au cœur de la cité papale.

Un homme apparaît en fond de scène, démarche lente comme celle d'une ascension d'un pont de pierres qui s'esquisse en perspective, ogive du palais, voute romane ou pont vénitien.. Lenteur mobile chère à Othoniel.On se souvient du séjour de Carolyn à la Fenice.. Il gravit lentement, rêveur cet espace souligné par les arabesques dessinées de courbes murales faites de pierres lumineuses. Tout de brun vêtu, large tunique souple soulignant ses gestes amples, plexus solaire offert à la brise du crépuscule du soir naissant. C'est Hugo Marchand qui ouvre ce bal, noble et puissant, la danse dévoreuse d'espace, avide de lumière et d'aisance. Il voltige au cœur de cette immense scène où trônent trois sculptures de pierres de métal réfléchissant la lumière. Trois immenses roses des sables, roses des vents, strictes stalagmites venues d'une autre planète. Le cosmos s'impose comme aire de jeu, les étoiles naissantes dans la voute céleste du soir. L'errance d'un jeune homme en quête d'espoir, d'amour, de rencontres. Apparait à l'orée d'une voûte, une jeune femme, longue chevelure blonde, robe ample emplie de la brise légère qui court au sein du palais. Elle semble perdue dans cet espace immense ponctué de ces trois statues étranges, frontières ou murs lui dissimulant l'homme de ses rêves. Caroline Osmont véritable incarnation de grâce, de fluidité, de légitimité à figurer amour et passion dévorante. Pour agrémenter le suspens et l'intrigue, une sorte de mage, devin incongru, vient perturber la rencontre inévitable. Leur opposant sur leur chemin, des briques empruntées aux figures structurales du décor, mesurant ainsi ce qui les sépare où les rapproche. Ce qui fait obstacle à leur rencontre...Ce dernier danse son obstination à les séparer alors que tous deux esquissent pas de deux et portés aériens, enlacés. Les gestes tétaniques et segmentés si chers à Carolyn Carlson s'évaporant ainsi dans un grand lyrisme ondulant très classique épousant les corps de nos deux étoiles de l'Opéra de Paris. Car la gestuelle de Carlson est signature en apparence aisée à interpréter mais si imprégnée de directionnels fascinants et imprévus, de hachures morcelées vertigineuses que l'on songe à la difficulté à s'y glisser aisément...Ce que font à merveille les deux interprètes comme des somnambules lâchés dans cet espace grandiose. Seules les trois sculptures leur rappellent que métal et rigidité ne sont pas synonyme d'enfermement, d'emprisonnement. Leur amour devient alors possible malgré les poses réflexives du devin sur les wonder block de Jean Michel Othoniel, ni sur son banc de confidences au milieu de la scène. La scénographie relie ainsi écriture chorégraphique et sculpture monumentale avec bonheur et complicité. La danse se glisse parmi ses méandres minérales, ces matières strictes, anguleuses et tranchantes. Danse voluptueuse, délicieuse interprétation cosmique, lenteur divine de gestes en opposition apparente. Là se délivrent les secrets de mise en scène que Carlson sait révéler et incarner. Comme pour "Signes" où elle épousait les formes colorées de Olivier Debre   soutenue par la musique du même René Aubry...Musique résonnante au coeur du Palais des Papes comme un écho, une correspondance avec la danse de Carolyn... Alors l'alchimie opère et les deux artistes réussissent à créer une atmosphère autant féérique qu'onirique au rythme des changements de luminosité sur les pans de murs, sur les trois totems vibrants et scintillants d'Othoniel. Le pari est gagné, le Palais s'enflamme et se pare de majesté rêvée qui lui sied à merveille. La danse au Palais reprend ses marques, les étoiles y brillent par la splendeur de leur interprétation, leur lyrisme à fleur de peau, leur intelligence du graphisme évident de la chorégraphe si prompte à s'emparer d'un lieu préparé par un bâtisseur de rêves, perle rare actuelle du monde des arts plastiques résonnant de réflexion et d'adaptation à un topos légendaire.Quand les murs murmurent et magnifient l empilement savant de briques non réfractaires à leur plasticité, le miracle de la méditation peut s accomplir et la contemplation joyeuse de l édifice d 'Othoniel ravit et emporte l 'esprit au cœur d un fabuleux voyage.Les danses d'Avignon d'Othoniel résonnent comme les sculptures désertiques dans le vent silencieux des figures charnelles de Carlson

Au Palais des Papes à Avignon les 1 et 2 Aout  dans le cadre de Avignon capitale de culture et du parcours signé Jean Michel Othoniel