samedi 4 octobre 2025

KKAARREENNIINNAA Charlemagne Palestine Oren Ambarchi Daniel O’Sullivan : indian meditation!

 


Last but not least, pour clore sa 43e édition, Musica invite une page d’histoire des musiques minimales et expérimentales en la personne de Charlemagne Palestine

Accompagné en trio d’Oren Ambarchi et Daniel O’Sullivan, il présente une nouvelle version de Karenina, une de ses œuvres-rituels légendaires. Composée à l’origine pour voix de fausset et harmonium, elle fait référence aux ragas hindoustanis comme à certains chants hébraïques. Un moment de méditation et d’introspection auditive dans un flux musical continu.

Et l'église de se délecter de sons tenus comme des drones voltigeants au dessus de nos têtes...Les musiciens font front, une petite valise ouverte débordant des peluches fétiches du plasticien, venu en bonne compagnie. Un trio soudé parfaitement "accordé" entre des sons électroniques, des voix enregistrées prolongées par celle du violoniste qui à l'aide de son "vrai" instrument rivalise avec les consoles branchées. Étrange formation presque bon-enfant qui déroule ses litanies, sorte de rituel, de petite cérémonie collective planante et sereine , jamais nostalgique dans ses sonorités répétitives et minimalistes. Une belle ambiance parmi le public allongé, méditatif et relax, abreuvé de musique cosmique, fluide et continuel. Hypnotique, saupoudré de teintes sonores colorées comme ces petits animaux en peluche, marottes du concert dans cette valise ouverte qui invite au voyage. Voyageurs non sans bagages comme ces spectateurs qui quittent la salle, coussins à la main, voguant vers d'autres rives... 

 
Charlemagne Palestine

Karenina (1997)

voix, électronique Charlemagne Palestine
guitare, électronique Oren Ambarchi
voix, alto, électronique Daniel O’Sullivan

A ST Paul le 4 Octobre dans le cadre du festival MUSICA 

jeudi 2 octobre 2025

"Último helecho": Nina Laisné François Chaignaud Nadia Larcher : un trio où chacun serait félin pour l'autre. Un humus sonore, terre de danse vocale.

 


Último helecho est un spectacle né de recherches de terrain sur des répertoires populaires et baroques en Amérique du Sud, notamment en Argentine. En compagnie de Nadia Larcher, figure des musiques folkloriques contemporaines argentines, et de six musicien·nes traditionnel·les, Nina Laisné et François Chaignaud poursuivent leur quête d’une performance dans laquelle les expressions vocales et chorégraphiques se tressent sans que jamais l’une ne domine l’autre. À travers des danses traditionnelles telles la zamba, la chacarera ou le huaynos, à travers les corps, les rythmes et des chants aux timbres androgynes transparaissent la culture et la mémoire des peuples opprimés par la colonisation. Un geste de reconnaissance et une célébration souterraine à la croisée des mythologies sud-américaines.

François Chaignaud surprend, dérange, se plait à décadrer, décaler les genres et les disciplines pour mieux cibler son propos:avec la complicité de Nina Laisné il navigue en eaux claires et donne à voir et à entendre une œuvre inouïe. Seul sur le plateau une créature de rêve se love, se meut délicieusement dans des atours fantastiques: faune ou héros d'un Shéhérazade revisité, le danseur fabuleux visite toutes les possibilités de jeu avec un bâton qu'il s"amuse à expérimenté le point de gravité ou d'ancrage au sol. Lente progression ludique d'une danse envoutante, hypnotique, alors que juchés sur un dispositif fascinant, grotte ou caverne étrange et diabolique,trois musiciens ne retiennent pas leur souffle dans des sacqueboutes longilignes. Torsions, grâce et vélocité remarquable émeuvent la danse de François Chaignaud, alors que près de lui, Nadia Larcher chante et nous berce dans des mélodies puisant aux racines lointaines, leur chant nostalgique ou enjoué. Du haut de cette vasque, sorte de fontaine de jouvence agrémentée d'une montée d'escalier en colimaçon, les musiciens, officiants tout de noir vêtus respirent des sonorités vibrantes , oscillantes accompagnant bandonéon et percussions à l'envi.

Les courbes du corps de Chaignaud virevoltent, se cabrent se délectent sensuellement de plaisir et d'audace. On songe à Nijinsky, androgyne créateur de mouvements rétractés, en dedans ou étirés gracieusement à l'extrême. Tous les deux chantent, martèlent le sol et font communion avec les interprètes de ces chants venus d'ailleurs. Les costumes sont ceux d'une galerie de l'Evolution, exosquelettes chatoyants, colonnes vertébrales tissées sur le flan, très seyants: quasi fantastiques, voisins de peau animale colorée, brillante.Les voix se fondent de concert, le décor magnifie une atmosphère sereine, martiale, magistrale icône enluminée chère à l'univers baroque de François Chaignaud. Et c'est flamenco détourné et claquettes fantaisistes qui animent le corps faunesque et félin du danseur: on songe à "Mirlitons" son duo rageur et ravageur où il expérimente bonds, sauts frappes des pieds et pointes flamenco dans une savante chorégraphie. Un peu de tauromachie dans un jeu d'esquive esquissé avec une bribe de foulard flambant et le tour est joué.

 

Des tuniques orangées, votives et sacrées leur sont offertes, chasubles de cérémonie, de messe pour ces chansons de gestes savantes et l'office se continue précieux, savant, aux gestes millimétrés.


Avec brio il arpente la scène, gainé de cuissardes ou guêtres dorées en porte jarretelles, coiffé de pouf ou de couronnes évoquant crêtes d'oiseau ou parures d’iroquois. Et chante de sa voix de contre ténor, épousant la voix chaleureuse et bariolée de Nadia Larcher. Le spectacle est onirique, flamboyant, remarquable bréviaire et codex dansé de toute beauté. La mise en scène et scénographie portent la signature d'une complice de presque toujours, Nina Laisné. "Ultimo helecho", "dernière fougère" serait-ce une ode à l'énergie fossile, à un herbier poussant en terre fertile dans le creuset d'alluvions, de tourbe salvatrice? Et cet humus se fait terre d'élection d"une danse fertile:« Si homme vient d'humus, détruire l'humus revient à perdre notre humanité. » Cette conviction, déjà défendue dans son roman Humus, Gaspard Kœnig pourrait s'y reconnaitre...

Último helecho (2025)

conception, scénographie, mise en scène Nina Laisné
chorégraphie, collaboration artistique François Chaignaud
conseil musical, collaboration artistique Nadia Larcher
chorégraphe associé Néstor « Pola » Pastorive

performance François Chaignaud, Nadia Larcher 

 sacqueboute ténor, serpent, flûte Rémi Lécorché

sacqueboute ténor Nicolas Vazquez
sacqueboute basse, wracapuco Cyril Bernhard, Joan Marín
bandonéon Jean-Baptiste Henry
théorbe, sachaguitarra Daniel Zapico
percussions traditionnelles Vanesa Garcia


Au Maillon jusqu'au 3 Octobre dans le cadre du festival MUSICA en partenariat avec ¨POLE SUD



mercredi 1 octobre 2025

Sonic Temple vol.7 : folken Sie mir Brìghde Chaimbeul Shovel Dance Collective France

 


Un envoûtant et résonant septième volume de Sonic Temple placé sous le signe des racines, des peuples et de l’amitié.

Une même philosophie réunit Brìghde Chaimbeul, Shovel Dance Collective et France : retrouver les musiques traditionnelles, les faire exister en abolissant les catégories, les situer non pas dans un passé nostalgique et perdu, mais ici et maintenant, entre le béton et la ferraille, puis amplifier cette mystérieuse vertu qu’elles possèdent de tisser le lien entre tout être et toute chose.

Brìghde Chaimbeul

Brìghde Chaimbeul ancre sa pratique dans les sillons profonds de la culture celtique. Née sur L’île de Skye en Écosse, elle s’est tout d’abord faite connaître dans le champ des musiques traditionnelles, avant de franchir les frontières de nouveaux territoires d’expérimentation. Elle conjugue aujourd’hui sa maîtrise de la cornemuse des Highlands, et surtout de la petite cornemuse écossaise (Scottish smallpipes) dont elle est spécialiste, avec ses intérêts pour la création musicale d’avant-garde et les musiques électroniques. Elle insuffle à ces instruments ancestraux une énergie vibrante, et loin des clichés, fait ressurgir leur puissance contemporaine.

 

Shovel Dance Collective

Shovel Dance Collective réunit neuf musicien·nes animé·es par une passion commune pour les musiques traditionnelles de Grande-Bretagne, d’Irlande et d’ailleurs. Leur “mud music” est une matière vivante : un mélange audacieux de chants anciens, d’improvisation libre, de textures sonores et de récits collectés sur le terrain. À travers une approche à la fois sensible et engagée, le collectif redonne voix aux luttes populaires, aux histoires effacées, aux gestes du quotidien. Leur musique, toujours en mouvement, célèbre la force du collectif et la puissance des traditions orales. Une expérience immersive, organique, où le passé et le présent s’entrelacent pour mieux faire vibrer l’instant.

 

France

“Le trio basse (Jérémie Sauvage), batterie (Mathieu Tilly) et vielle à roue électrifiée (Yann Gourdon, affilié au collectif de musiques traditionnelles radicalisées La Nòvia) donne à entendre très exactement ce qu'on peut attendre d'un morceau de France, un long bourdon rock saturé de vie et d’harmonies et rythmé de la plus martiale des façons, quelque part entre Faust ou AC/DC et une fête de village qui aurait tourné en transe chamanique au coin du feu.” (Olivier Lamm, Libération)

Distribution

Shovel Dance Collective

harmonica, cor, trombone Tom Hardiwick-Allan
voix, guitare, clarinette Mataio Austin Dean
voix, harmonium Nick Granata
guitare, banjo, violoncelle, percussions Daniel S. Evans
voix, hammered dulcimer, clarinette, percussions Joshua Barfoot
clarinette, low whistle, flûte Alex Mckenzie
violon Oliver Hamilton
harpe, low whistle Fidelma Hanrahan
banjo, shruti-box Jacken Elswyth

France

batterie Mathieu Tilly
basse Jeremie Sauvage
vielle à roue Yann Gourdon

cornemuse Brìghde Chaimbeul

 Temple neuf le 2 Octobre dans le cadre du festival MUSICA