samedi 16 janvier 2016

"Les liaisons dangereuses" : chaud devant!



De Pierre Choderlos de Laclos, adaptation et mise en scène Christine Letailleur, avec Dominique Blanc, Fanny Blondeau, Stéphanie Cosserat, Julie Duchaussoy, Manuel Garcie-Kilian, Vincent Pérez, Karen Rencurel, Richard Sammut et Véronique Willemaers.  




Unique roman de Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses a été rédigé entre 1778 et 1779. Il se compose de 175 lettres qui retracent les échanges entre la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, deux complices, anciens amants et libertins.

Alors est-on encore concerné par ces machiavéliques intrigues, ces facéties complexes et calculées, ces esprits retords et ces personnages pétris d'orgueil, d'égo et d'irrespect?
Dévots et dévotes, prenez garde car cette adaptation scénique d'un roman fumeux aux fragrances de vengeances tardives fort immédiates est sublime, envoûtante et trois heures durant, on demeure pétrifié par tant de grâce et de volupté, de luxe, de calme et de félicité engendrée par des acteurs galvanisés par le rythme tonitruant de cette armada égoïste et putride!

Les costumes sont eux aussi la preuve des artefacts, du jeu artificiel et calculateur de ces hommes et femmes voués à la lassitude, l'envie, le gain et la faim de loup de séduire, conquérir puis anéantir Hypocrites à souhait ou soumis, dévergondés ou puritain, chacun s'y révèle enfin et mis à nu tremble, jouit ou plonge dans les ténèbres du plaisir Et la musique de soutenir le rythme et l'ambiance , de ponctuer les péripéties qui s'enchevêtre et se succèdent à l'envi!
Eros et Tanatos au rendez-vous de ces intrigues plurielles et croisées, menées tambour battant par une femme démoniaque, Dominique Blanc, à la voix ferme et suave, grave et résonante aux oreilles puériles autant qu’a guéries à l'amour!
La langue est belle, les textes comme sortis d'une vraie pièce de théâtre: la correspondance épistolaire demeure ressort de l'intrigue puisque enjeu ultime de la séduction: on doit écrire, laisser des traces pour prouver et attester à la fois de son amour et de ses manigances!

De Merteuil règne en mère maquerelle et les autres gravitent autour,se soumettent à son bon vouloir, ses fantaisies, ses calculs: les hommes proposent, les femmes disposent.......Mais un jour tout se retourne et le destin en décide autrement: madame sera condamnée à sa perte et laisse derrière elle un chantier d'âmes perdues!
Avidité, jalousie, tension au palmarès de la dramaturgie et le tour est joué: De Valmont esquisse des pas de danse baroque virtuoses et pourtant ne parvient pas à transcender son sort de bouffon au service de Madame. Il est suave, les gestes langoureux et posés, maniérés à souhait: un jeu extravagant pour un comédien juste et affable au zénith de ses intentions pas toujours très honnêtes!
Madame reste de glace et calcule.Les allées et venues, va et vient savamment orchestrés donnent à ce spectacle des airs d'hystérie joyeuse et endiablée;Mais le malin veille sur cette humanité, microcosme passé au crible dans une sorte de huit clos ébouriffant. On en ressort tout décoiffé et secoué.
L'érotisme à fleur de peau, de gestes et de corps épris de sensations, fait mouche et alors que sur les murs, derrière les portes, au balcon, tout s'agite et avance dans l'intrigue, on songe à ses "liaisons dangereuses" comme un rêve assumé d'une époque où le mensonge et la perfidie étaient de mise.
Mais tout ceci a-t-il bien changé depuis pour nous toucher à ce point et être en empathie avec chacun selon sa situation à rebondissement?

Au TNS jusqu'au 16 Janvier

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