lundi 18 juillet 2016

Danse Avignon le off: au pays de Loire

Le Grenier à Sel, fief des Pays de Loire affiche une dense programmation "danse"

"Traces Antigone 2 " Solo pour un corps et un mythe. Terrien !


La compagnie Sans Titre interpelle le mythe d'Antigone et en fait un temps le fondement de sa recherche; dans ce solo interprété et chorégraphié par Julie Coutant, Anne Morel conçoit et met en corps son propos à partir de l'idée de corps en confrontation avec la matière terre, celle qu'Antigone malaxe, remue, triture pour déterrer corps et âme à son défendant, dans l'interdit, le secret de famille, le mystère. Belle scénographie où le dos est maître, la colonne vertébrale, le fondement de la danse, de la torsion, de la révolte contenue; Axe de recherche plastique et kinesthésique, ce solo intrigue, convoque les fantasmes liés à la mort, au blasphème, à la contrariété, à l'interdit transgressé .La danse est sinueuse, lumineuse, sobre, brève et fascinante comme une trace de rémanence de lumière. Le dos de l'interprète nous parle de chair, de sang, de muscles et de beauté.

"Suite": corps à corps, dos à dos.


Julie Coutant et Eric Fessenmeyer, binôme, gémellité ou embryon de jumeaux sont un couple sur scène qui défie les lois de l'intériorité. Deux corps confondus, partagés, siamois ou déchirés? Deux corps plastiques séparables ou inséparables, miroir ou reflet l'un de l'autre: va savoir, c'est la question esthétique qui surgit des visions de matière corporelle triturée par la lumière, révélée par la musique. Courte pièce qui vaut le jeu et envahit la mémoire visuelle bien après l'instant de l'apparition de ces deux astres de la compagnie La Cavale.Du modelé de dos et d'échine, de vertèbres, de tensions-détente; des dos torse nus qui révèlent un langage des traces et signes d'énergie parcourus par les corps en mouvement. Sculptures vivantes, visions éphémères de bestiaire hybride et fantastique. Le dos raconte ce que le visage ne peut évoquer: la charpente et les fondamentaux de la verticalité, de l'érection, mais aussi de ce qui peut plier, céder, s'incliner.

"(F)aune solo": faire l'ours et sa métamorphose.


Un ours géant se balade sur scène, des bribes de musique de Debussy....Où sommes-nous sinon dans la référence, la citation incongrue!Chorégraphique, mythologique, plastique,  David Drouard s'attelle à la tache et revisite un mythe: celui d'un pan de l'histoire de la danse. Mais en toute liberté, avec détachement, aisance et malice. Postures faunesques de références ou pas, peu importe, la danse l'emporte et le travail sur l'hybridation, la métamorphose opère simplement, naturellement. Faire l'ange ou la bête, se parer de l'un ou de l'autre, en prendre un organe, un membre et en jouer de sa contrainte. Voilà un travail à saluer pour la recherche sur le pastiche, la mythologie, l'histoire qui nous traverse et interpelle la danse d'aujourd'hui.

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